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195. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Nous avons remarqué combien il étoit ridicule & contre nature, que l’amant heureux ne volât pas vîte aux pieds de sa maîtresse pour partager avec elle sa félicité, & qu’il s’amusât à faire deux scenes avec des personnes qui devoient bien moins l’intéresser. […] « Ce n’est point assez que les mœurs du théâtre ne soient point mauvaises, il faut encore qu’elles soient instructives : il peut y avoir un ridicule si fade & si indifférent, qu’il n’est ni permis aux Poëtes d’y faire attention, ni possible aux spectateurs de s’en divertir ». […] lui écrivit que s’il ne dissuadoit pas bien vîte toutes ses connoissances, il le couvriroit de ridicule en publiant sa scene telle qu’il l’avoit faite.

196. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Et en effet celui qui sut rendre sensible à une foule grossière, les traits les plus fins de l’esprit, les sentiments les plus délicats du cœur, qui lui fit comprendre, craindre et éviter le ridicule, connaître, aimer et rechercher les convenances ; celui qui épura son goût jusqu’au point de lui rendre familières les sublimes beautés du Tartufe et du Misanthrope, que fit-il autre chose que de former une nation : les délicatesses du goût sont les premiers éléments de la vertu. […] Je le vois à la cour observant les ridicules des grands, et Louis XIV lui-même lui désignant ses modèles. […] Longtemps ce grand dessein a mûri dans sa tête ; Rien n’échappe au penseur, tout émeut le poète ; Pour les combattre un jour son âme a médité Les fatales erreurs de la société : Il voit le faux Dévot, enseignant l’imposture, Au nom de Dieu prêcher une morale impure ; Le Philosophe, an lieu d’éclairer le savoir, En faire un puits obscur où l’on ne peut rien voir ; Courtisan ridicule et chargé de bassesse, Il voit le Gentilhomme avilir la noblesse.

197. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

s’écrie-t-il en se rappelant une phrase de son interlocuteur absent, — un syllogisme in Balordo, — la majeure en est inepte, la mineure impertinente, et la conclusion ridicule (4). » Et, là-dessus, lui ou ses amis se plaisent à nous faire admirer les charmes de cette logique « qui enseigne les trois opérations de l’esprit. […] Que blâme en réalité Molière, ou du moins que tourne-t-il en ridicule ? […] Que notre grand comique n’ait pas su découvrir la marche future des sciences, sans doute c’est une erreur bien pardonnable, et toutefois le dirai-je, ce serait presque avec un douloureux regret que je verrais le génie de notre grand homme engagé seul dans une voie qui nous paraît aujourd’hui plus ou moins ridicule, condamné seul à voir les progrès des sciences accuser tous les jours la faiblesse de son regard, et creuser sans cesse l’abîme qui le séparerait tous les jours davantage de nous et de la vérité.

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