C’est puéril et faux : Molière n’a pas plus nié la médecine que la religion ou la vertu : il a distingué la vraie de la fausse.
Le père, qui donne la vie et l’instruction, qui fait des hommes et des citoyens à son image, est, de par l’universelle morale, la puissance toujours et partout respectée par toutes les religions et tous les codes.
Chez les Grecs et chez les Romains, la communauté de religion et la ressemblance des institutions politiques établissaient des rapports assez nombreux ; et, chez les deux peuples, l’état de la société était à peu près le même. […] Il est tel qu’il convient à un peuple exalté, chez qui la religion, l’amour et la valeur sont trois passions qu’il pousse presque à l’extrême ; mais qui, grave et moral dans les habitudes ordinaires de la vie, porte, dans ses amusements, un besoin d’émotions fortes et variées, qu’il permet qu’on satisfasse aux dépens de la raison, du goût, de la décence même. […] Parlant d’Hesnault, l’auteur du sonnet de l’Avorton, « Il voit souvent, dit-il, deux hommes qui ne sont pas plus chargés d’articles de foi que lui, savoir Chapelle et Molière. » Cependant nous le verrons, à l’article de la mort, demander avec instance les secours de la religion, et nous apprenons, par la requête de sa femme, au sujet de sa Sépulture, qu’aux Pâques qui précédèrent sa mort, il avait reçu la communion d’un prêtre qui est nommé et comme appelé en témoignage du fait. […] Morin, l’astrologue, qui écrivit contre lui, l’accusait de partager les sentiments d’Épicure en ce qui concerne la religion ; et, comme on lui objectait la piété exemplaire de Gassendi, il répondait : « C’est qu’il dissimule,metu atomorum ignis(dans la crainte des « atomes du feu »). […] Il sacrifia, dit-on, son travail par un scrupule de religion ; et, si l’Invocation à Vénus a été conservée, c’est que des amis de l’auteur en avaient des copies entre les mains.