Dès que la toile fut levée, Mademoiselle Silvia, qui jouoit un rôle dans la comédie, & qui vouloit disposer favorablement le parterre en faveur de l’Auteur, se présenta sur la scene, & adressa à l’assemblée les vers suivants : Par de longs compliments on vient pour vous séduire, Et pour mendier des succès : Je n’ai que deux mots à vous dire : L’Auteur est femme, & vous êtes François. […] Lorsque Térence fut présenter son Andrienne à l’Edile, ce Magistrat étoit à table : il fit signe à l’Auteur de lire ; mais à peine eut-il entendu quelques vers, qu’il fit placer l’affranchi sur son lit, l’accabla de politesses, & ne voulut achever d’entendre la lecture qu’après le repas.
Si, dans les comédies dont nous avons déja parlé dans ce volume, Moliere a un peu trop copié ses originaux ; s’il nous a présenté des objets tout-à-fait étrangers à nos mœurs, c’est-à-dire des captifs, des vieillards dupes de la magie blanche, des revenants, &c. qu’il s’est bien corrigé dans l’Ecole des Maris ! […] La lettre de Dorimon est mieux imaginée ; mais la fente de la porte dans laquelle la femme prétend l’avoir trouvée, présente une idée basse.
Au reste, Belti vantant la façon dont on aime dans les bois, méprisant l’or & l’usage qu’on en fait chez les peuples policés, demandant si elle est riche, voulant qu’on la remene dans les bois où elle ne connoissoit pas la pauvreté, blâmant nos loix, se moquant de nos femmes indolentes, a beaucoup de ressemblance avec Arlequin Sauvage, voulant manger l’argent qu’on lui présente, & ne comprenant pas à quel autre usage il peut être bon ; décidant que nous sommes des frippons en naissant, puisque nous avons besoin de loix pour être bons ; félicitant un plaideur d’avoir perdu son procès qui l’importunoit ; demandant si la Justice est un animal, & s’il mord ; se moquant des personnes qui se font servir comme si elles n’avoient ni bras ni jambes, & sur-tout des hommes qui font avec eux le métier de bêtes ; priant enfin son Capitaine de le remener dans ses bois, où, ne connoissant pas la pauvreté, il étoit son maître & son roi. […] Hassan présente son libérateur à Zaïde.