Son affiche, qui promettait un Prodige de mécanique, et d’obéissance dans une épinette, lui attira du monde les premières fois suffisamment pour que tout le Public fût averti que jamais on n’avait vu une chose aussi étonnante que l’épinette du Troyen. […] Les Mousquetaires, les Gardes-du-corps, les Gendarmes, et les Chevaux-Légers entraient à la Comédie sans payer : et le Parterre en était toujours rempli : de sorte que les Comédiens pressèrent Molière d’obtenir de Sa Majesté un Ordre pour qu’aucune personne de sa Maison n’entrât à la Comédie sans payer. […] Mais l’Âne, qui ne savait point le rôle par cœur, n’observa point ce moment ; et dès qu’il fut dans la coulisse il voulut entrer, quelques efforts que Molière employât pour qu’il n’en fit rien. […] Je prends cette négligence pour du mépris ; je voudrais des marques d’amitié pour croire que l’on en a pour moi, et que l’on eût plus de justesse dans sa conduite pour que j’eusse l’esprit tranquille. […] Mais le Grand Seigneur avait les sentiments trop élevés, pour que Molière dût craindre les suites de son premier mouvement.
De sorte qu’à côté de mon aïeul paternel qui n’avait qu’à étendre sa main pour effleurer ou serrer celle de Molière, il y avait, là aussi, un autre aïeul à moi qui ouvrait positivement la main pour que Molière fut mieux fêté !
Eh bien cette fois, les journaux n’ont rien dit : probablement le fait était trop près d’eux pour qu’il les intéressât.