Pour comble, son compère du premier acte, l’excellent Chrysale, survient pour le souper où Arnolphe l’avait invité, et maintenant le désinvite ; et le bonhomme, qui est de lignée gauloise, entame derechef la question du matin, celle inépuisable du cocquaige ; et il fait le panégyrique de cette condition, pleine, à ce qu’il assure, de compensations merveilleuses et enviables à bien des maris. […] Mais nous sommes devenus meilleurs, Dieu merci, Villiers écrivit la Vengeance des Marquis, encore un méchant petit acte insupportable ; et Montfleury le fils, à l’instar de Rodrigue, épousant la querelle de son père, un peu écorné par Molière, lança l’Impromptu de l’Hôtel de Condé, où il y a quelque talent : c’est de là qu’on tire le portrait, si souvent cité, de Molière dans les rôles tragiques, le nez au vent, la tête sur le dos, la perruque pleine de lauriers comme un jambon de Mayence. […] … Un grand peintre, avec pleine largesse D’une féconde idée étale la richesse Et fait briller partout delà diversité… Mais un peintre commun trouve une peine extrême A sortir dans ses airs de l’amour de soi-même : De redites sans nombre il fatigue les yeux Et, plein de son image, il se peint en tous lieux. […] Lekain, — le farouche Orosmane, — « Le voilà donc connu, ce secret plein d’horreur. » Lekain, le tragique incarné, rêva de jouer le rôle d’Arnolphe, prétendant que ce n’était pas faire une excursion dans un domaine étranger, mais rentrer dans un bien qui lui appartenait.
La tête est droite, la figure énergique, les yeux pleins de flamme : aussi peut-on conjecturer que cette toile a été peinte lorsqu’il était encore dans sa pleine vigueur, entre 1660 et 1665. […] La première surtout de ces deux anecdotes a fait fortune ; outre qu’elle peut, comme l’a prouvé Alfred de Musset, être un thème à beaux vers, que, surtout, elle se prête à des considérations de haute littérature6, elle donne lieu d’admirer l’attachement de Molière pour ses vieux domestiques et la familiarité, pleine de bonhomie, dans laquelle il vivait avec eux. […] « Ils ne font rien, dit-il des uns, que recevoir la gloire des heureux succès ; ils profitent du bonheur du malade et voient attribuer à leurs remèdes tout ce qui vient des faveurs du hasard et des forces de la nature. » Il dit de l’autre : « C’est une des grandes erreurs qui soient parmi les hommes. » Dans la seconde, il est plein d’une telle rancune contre la médecine que, pour la satisfaire, il sacrifie la vraisemblance. […] Tous les traits essentiels qui y sont tournés en ridicule, le nez en l’air, les yeux égarés, l’épaule en avant, « la tête sur le dos, la perruque plus pleine de lauriers qu’un jambon de Mayence, » tout cela se reconnaît dans le portrait de la Comédie-Française, d’autant plus aisément que le peintre et le satirique ont tous deux représenté leur modèle dans César, de la Mort de Pompée.
Notre auteur, charmé d’abord de l’aisance pleine de grâce du jeune aspirant, fut plus étonné encore du talent avec lequel il débitait. […] Il était plein de ce sombre projet quand Fouquet sollicita la faveur de lui donner à Vaux la fête dont nous avons énuméré les merveilles. […] Ce poète si pédantesque, ce Lysidas si plein de lui-même, selon la clef, c’était le jeune Boursault. […] Plein de ses justes griefs, plus plein encore de sa passion, il avait donné à Célimène toute la coquetterie d’Armande, en même temps qu’il l’avait ornée de tous ses charmes, de tout son art séducteur. […] Quelques commentateurs, entre autres Bret, ont prétendu que Molière, plein de l’ouvrage qu’il méditait, se trouvait un jour chez le nonce du pape avec plusieurs saintes personnes.