Mais si d’une douce ardeur Quelque renaissante trace, Chassait Cloris de mon cœur Pour te remettre en sa place !
Enfin ma flamme eut beau s’émanciper, Sa chaste ardeur en toi ne trouva rien que glace ; Et, dans un tel retour, je te vis la tromper Jusqu’à faire refus de prendre au lit la place Que les loix de l’hymen t’obligent d’occuper. […] J’estime infiniment le Seigneur Goldoni ; mais, à sa place, j’aimerois mieux avoir fait vingt pieces de moins, & n’être pas l’Auteur d’un pareil vomitif. […] Moliere qui, à très bon droit, occupe la premiere place dans le foyer de la Comédie Françoise, y est peint en Empereur Romain, avec une grande perruque : les Comédiens devroient bien lui donner un autre ajustement.
Et comme Aristophane jadis chassait les Athéniennes babillardes de la place publique, Molière dit aux Françaises : « Vous devriez vraiment Ne point aller chercher ce qu’on fait dans la lune Et vous mêler un peu de ce qu’on fait chez vous. » Le naturel et l’art d’écrire En littérature aussi, Molière semblerait au premier abord un réaliste intransigeant. […] Et ce respect de Molière (bien supérieur en cela à La Fontaine) pour la femme, qu’il croit naturellement bonne et généreuse, ne répond-il pas aux préoccupations du grand philosophe moderne qui jugeait de la valeur morale d’une société selon la place que la femme y tenait, l’estime et le respect dont elle y était entourée, croyant avec raison que seule la femme sera capable d’élever, de rendre meilleur et plus pur le cœur de l’homme ; que seule la compagne de celui qui lutte et qui pense, saura lui rappeler sans cesse qu’il doit être non seulement courageux et énergique, mais très bon, très généreux et très aimant. […] Tartuffe a su démontrer au naïf Orgon qu’il lui serait fort avantageux de s’assurer une place en paradis, qu’il serait infiniment mieux là qu’en enfer ou qu’en purgatoire, et qu’il devait en conséquence bannir toute autre pensée que celle de son salut. […] Le père doit être maître chez lui, bannir du logis tout directeur qui voudrait prendre sa place, consulter sa femme en toutes choses sans la laisser empiéter sur ses droits.