Son jugement exquis l’a toujours porté à ne jamais parler lui-même dans ses pièces, mais à y faire parler toujours ses personnages selon l’idée qu’il donne de leur condition et de leur tour d’esprit. […] Blandimare 59 et Gandolin sont deux personnages comiques de l’ancien théâtre. […] Cet habile acteur mourut par le trop d’ardeur qu’il avoit dans la représentation des personnages qu’il jouoit. […] On reprocha à Moliere que le valet paroît plus étourdi que ce principal personnage, puisqu’il n’a presque jamais l’attention de l’avertir de ce qu’il veut faire. […] On croit que c’était le personnage de Mondory dans la farce.
De sorte que Mlle Beauval joua le personnage que Molière fait pour elle, et le joua si bien, qu’après la Pièce, le Roi dit à Molière : Je reçois votre Actrice. […] Molière faisait le Docteur, et la manière dont il s’acquitta de ce personnage, le mit dans une si grande estime, que le Roi donna ses ordres pour établir sa Troupe à Paris. […] Piphagne, Farce à cinq personnages, en Prose. […] Molière l’embrassa, en lui disant : Je cherchais un nom pour un personnage tel que vous. […] En effet, elle soutint si bien le personnage, que le Président y fut trompé.
Ce dernier n’a pas grand mérite d’avoir réduit en trois actes une comédie qui étoit en cinq, & d’avoir encore alongé la courroie avec les scenes épisodiques de deux personnages subalternes, telles que celle de Sosie & de Cléanthis, & avec les scenes qui font de Jupiter un vrai petit-maître François ». […] Dans Moliere, Jupiter prend congé d’Alcmene à-peu-près comme dans Plaute, avec la différence que dans la piece latine il recommande à Alcmene d’avoir bien soin des affaires de la maison, & de sa santé pendant sa grossesse, ce qui cadre assez bien avec le personnage de mari qu’il joue. […] Les amateurs de l’antiquité ont beau dire que cette scene, ne se passant qu’entre deux personnages subalternes, est mauvaise, puisqu’elle interrompt l’intrigue des principaux acteurs. […] Je ne sais pas pourquoi Moliere n’a pas tiré parti de ces deux traits, qui sont d’un excellent comique, puisque le plaisant sort du fond de la scene & de la situation des personnages. […] On y voit à-peu-près les mêmes beautés & les mêmes défauts, avec cette différence que les acteurs n’y ont pas la mal-adresse de ne laisser rien à desirer au spectateur, & de l’instruire toujours de tout ce qui doit arriver ; mais, en revanche, Rotrou, supérieur à Plaute en cela, lui est inférieur quand il fait débiter son prologue par Junon, personnage tout-à-fait étranger à l’action, qui s’amuse à déclamer contre ses rivales l’une après l’autre, & à détailler les travaux qu’elle prépare au fils d’Alcmene.