et se peut-on croire obligé d’éloigner, comme jugement téméraire, la pensée que le prodige de cet édit qui les appelle à la couronne après le dernier prince du sang, et qui leur en donne le nom, le titre, et tout ce dont les princes du sang jouissent et pourront jouir, n’ait pas été, dans leurs projets, un dernier échelon, comme tous les précédents n’avaient été que la préparation à celui-ci ; un dernier échelon, dis-je, pour les porter à la couronne, à l’exclusion de tous autres que le dauphin et sa postérité ?
Il parloit peu, comme on l’a déja dit, mais toûjours avec une grande justesse : il écoutoit attentivement les pensées ingenieuses & les saillies d’esprit des personnes qui étoient à sa table, & il les écrivoit avec un craïon sur des cartes à jouer, qu’il avoit dans sa poche pour cet usage.
Répondant à la pensée de Boileau, nous publions aujourd’hui, non le Docteur amoureux, qu’on n’a pu retrouver2, mais le Médecin volant, et la Jalousie du Barbouillé, dont une copie était conservée dans la bibliothèque de Jean-Baptiste Rousseau3. […] C’est là seulement que nous pouvons saisir à leur source les premières inspirations du génie, retrouver la page, la ligne, le mot, qui les ont éveillées, et sentir tout à coup comment une pensée qui nous eût semblé indigne de notre attention, a pu faire naître une pensée sublime. […] Molière aussi ne s’est pas fait un scrupule de placer dans ses ouvrages plusieurs pensées que Cyrano avait employées auparavant dans les siens. […] Ainsi, ce n’est pas toujours le mérite d’une pièce qui la fait réussir ; un acteur que l’on aime à voir, une situation, une scène heureusement traitée, un travestissement, des pensées piquantes, peuvent entraîner au spectacle, sans que la pièce soit bonne. […] Cette considération, je l’avoue, m’a fait naître plusieurs fois la pensée de donner au public mes sentiments sur cet auteur, et de redresser les jugements que quelques critiques, très estimables d’ailleurs, ont souvent faits un peu témérairement du détail de ses pièces.