Beltrame fait les personnages de père ou de mari : c’est un père un peu brusque et tenant serrés les cordons de sa bourse, mais indulgent et raisonnable ; c’est un mari débonnaire, feignant de croire aux bourdes qu’on lui conte, qui voit clair toutefois, et qui prend sa revanche quand l’heure est venue. […] L’étudiant Cintio commence à se décourager ; il a reçu une lettre de son père qui l’invite à demander à Beltrame la main de sa fille ; il s’y résoudrait peut-être s’il n’était pas piqué au jeu par la rivalité de Fulvio.
Il implore son appui avec transport, pour obtenir la main de celle qu’il adore, et part précipitamment pour aller, dit-il, faire la demande à son père. […] « Dans la dernière scène, le père, accompagné des deux princes amants de sa fille, et instruit que la princesse vient enfin de se déclarer, laisse éclater des transports de joie. […] À l’instant la princesse se présente et demande à son père la liberté de choisir pour époux celui des trois princes qu’il lui plaira davantage. […] Sur cela, le père la presse de terminer le mariage, mais la princesse, pour s’épargner la confusion où la jette l’aveu qu’elle vient de faire, lui demande du temps d’y penser, et la pièce finit. […] Quel abus de quitter le vrai nom de ses pères, Pour en vouloir prendre un bâti sur des chimères ?
Le père s’exécuta, mais à une dure condition. […] Il lui fallut rester, chez son père, simple apprenti tapissier. […] A un moment de la comédie, le père revient et se fait connaître ; à un moment de l’histoire, le père revient de même et se fait reconnaître aussi. […] J’avais, autrefois, un père qui était grondeur comme M. […] C’était, tout ensemble, pour lui, Dieu le fils et Dieu le père.