Le théâtre danois en offre une de ce genre, dans laquelle le Poëte n’a pas abandonné toute la gloire au Comédien. […] La scene est mauvaise dans Cyrano : elle ne peut être excellente dans Moliere, parcequ’elle nous offre un simple récit de ce que nous avons déja vu en action47 ; mais du moins elle fait beaucoup rire. […] Il est bien plaisant de voir un maître fourbe inventer la meilleure moralité qui se soit jamais débitée, donner des leçons de philosophie, & s’offrir pour exemple. […] Dans la scene latine, Chrémès se récrie sur la demande exorbitante de Phormion, & Démiphon s’engage à le satisfaire : un instant après c’est Démiphon qui se fâche, & Chrémès offre la somme qu’on leur demande.
Depuis que je n’ai eu l’honneur de vous voir, on m’a offert une hallebarde : je ne suis plus Rigaudon ; je suis à présent M. de la Motte, à vous servir.
Si un homme offre plusieurs aspects aux différentes époques de sa vie et, pour ainsi dire, ne se ressemble pas à lui-même, selon qu’il est jeune ou vieux, heureux ou malheureux, tranquille dans son intérieur, ou façonné pour un rôle public, cela est surtout vrai de Molière, qui fut tant de choses, successivement ou à la fois, et dont la carrière diffère tant vers la fin de ce qu’elle fut au commencement. […] C’est encore l’acteur comique, mais dans un rôle plus relevé, Arnolphe de l’École des femmes, que nous offre le tableau « des farceurs, » et dans le repos, la détente qui suit la représentation, sans les « roulemens d’yeux extravagans » et les « larmes niaises » qui viennent de « faire rire tout le monde. » A l’époque où ce tableau fut peint, Molière était déjà reconnu grand homme et la gloire de l’écrivain accompagnait l’acteur dans les emplois les plus bouffons ; le peintre n’a donc pas osé, semble-t-il, faire grimacer son modèle à l’unisson des fantoches parmi lesquels il ne pouvait se dispenser de le ranger, vu le sujet du tableau et une partie des rôles créés par Molière. […] Peut-être voulait-il, en réalité, l’offrir à ses convives ; Molière, lui, au lieu de se donner en spectacle, entend profiter de celui qu’on lui a promis ; il ne dit mot et raille, à l’occasion, ceux dont il a trompé le petit calcul ; ainsi, dans la Critique de l’École des femmes, par la bouche de la rieuse Élise. […] Cependant, offraient-ils matière à des attaques si répétées ? […] Louis Racine prétend que les amis du poète lui conseillaient avec instances de prendre ce parti, que même l’Académie française lui faisait offrir une place, à la condition de renoncer au théâtre.