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119. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Le visage consterné du Turc, ses soupirs, quelques larmes qu’il voyoit couler de ses yeux par intervalles, lui firent croire que son sort étoit plus triste que celui de ses pareils, ou qu’il étoit dans une condition qui le lui rendoit plus sensible. […] La réponse du malheureux Turc commença d’un ton assez tranquille : mais lorsqu’après avoir confessé en général qu’il étoit quelque chose, & que c’étoit un malheur de fortune qui l’avoit fait tomber entre les mains des Chrétiens, il fut pressé d’une maniere tendre de s’expliquer davantage, son cœur s’ouvrit avec violence, & fit passage à une infinité de sanglots.

120. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

[La Grange] Charles Varlet, sieur de La Grange, à Amiens, entra dans la troupe de Molière le 25 avril 1659, après avoir exercé son état en province avec distinction, fut conservé à la réunion de 1680, et mourut, sans avoir quitté le théâtre, le 1er mars 1692. […] [Hauteroche] Noël le Breton, sieur de Hauteroche, à Paris en 1617, y mourut en 1707, âgé de 90 ans. […] Je l’ai déjà fait entendre, la répétition pour laquelle les comédiens sont rassemblés, ne peut être qu’un prétexte, ou, si l’on veut, qu’un principe d’action propre à faire naître des incidents, des épisodes satiriques, tels que cette plaisante imitation du jeu des comédiens de l’hôtel de Bourgogne ; cette arrivée d’un marquis ridicule qui assomme Molière de ses questions, et les actrices de ses fadeurs ; enfin, cette dispute si heureusement imaginée, où Molière, blâmé d’un excès de modération envers ses ennemis, les accable, les écrase par la manière même dont il démontre qu’il a dû les ménager. […] Dans cette suite de scènes qui semblent naître fortuitement les unes des autres, il existe cependant un nœud, et par conséquent il en résulte un dénouement.

121. (1900) Molière pp. -283

Armande Béjart, qu’il a épousée, est née sous ses yeux, il l’a vue grandir, elle a été formée par lui ; c’est précisément ainsi qu’Arnolphe forme, pétrit, élève Agnès pour en faire sa femme. […] Il ne s’agit pas non plus d’une de ces querelles nées de l’esprit processif comme Dufresny a essayé de le peindre dans une pièce d’ailleurs assez froide, La Réconciliation normande. […] La comédie répond si bien à notre humeur ; elle naît si naturellement de nos habitudes d’esprit et du jeu spontané de nos facultés, qu’elle est chez nous de toutes les époques. […] Est-ce trop s’avancer de supposer que l’auteur de Gil Blas aurait pu être lui-même Molière, si la première disgrâce de sa vie n’eût été de naître trop tard. […] L’industrieux Figaro, dans son ressentiment contre ceux qui ne s’étaient donné que la peine de naître, a tout détruit ; je regrette, messieurs, qu’il n’ait pas au moins sauvé du naufrage la grâce et les grandes manières d’Almaviva.

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