Quel nœud forme d’eux tous le faisceau de la famille, seul capable de résister aux attaques du monde, d’offrir un soutien aux jeunes et une consolation aux vieillards ? […] Au temps où l’orgueil des privilèges et des titres s’incarnait dans un duc de Saint-Simon, c’est Molière qui, du haut de son théâtre, disait en face aux marquis à la mode assis devant la scène : « Qu’avez-vous fait dans le monde pour être gentilhomme ? […] Je trouve que toute imposture est indigne d’un honnête homme, et qu’il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître, à se parer aux yeux du monde d’un titre dérobé, à se vouloir donner pour ce qu’on n’est pas. Je suis né de parents, sans doute, qui ont tenu des charges honorables ; je me sais acquis, dans les armes, l’honneur de six ans de service, et je me trouve assez de bien pour tenir dans le monde un rang assez passable ; mais, avec tout cela, je ne veux point me donner un nom où d’autres en ma place croiroient pouvoir prétendre, et je vous dirai franchement que je ne suis point gentilhomme714.
Lorsque l’on considère qu’à dix-huit ans Madeleine — qui faisait probablement partie de la troupe du Marais — avait économisé cinq ou six milles livres ; qu’elle était fille d’une mère qui n’avait pas mis ou ne devait pas mettre au monde moins d’une douzaine d’enfants, et d’un pauvre huissier à la table de marbre, on est assez renseigné sur les origines de son pécule, et sur le sort de sa vertu ! […] Enfin les classiques savent quelle est la nature de l’art, et qu’il est fait pour tout le monde. […] qu’en proposant aux efforts des hommes un but inaccessible, ils les dissuadent de leurs vrais devoirs ; et qu’en prêchant enfin, comme ils font, le mépris ou l’effroi du monde, ils nous détournent de l’objet de la vie, qui est d’abord de vivre. […] « Avoir raison aux choses que l’on fait » est une locution barbare ; « mon cœur pour sa défense », est amphibologique, si ce n’est nullement du « mérite » de Valère ou de son propre penchant, à elle, qu’Elise ici songe à « se défendre », mais du jugement que le monde fera du choix de son « cœur ». […] Il n’est pas conforme à la réalité, même en prose, que tous les mots aient le même intérêt, ou, pour ainsi parler, la même prétention : Quoi qu’on die a du bon, le quoi qu’on dise de Trissotin, et Molière s’en moque, mais il y a plaisir à le voir en user : Et enfin tout le mal, quoique le monde en glose.
Il accepte donc leurs invitations, car, à cette époque déjà, l’on est très friand dans le beau monde de voir de près les hommes de lettres et les corné liens. […] Plus tard, à Paris, Molière a des amis de toute sorte et dans tous les mondes. […] Boileau, surtout, trouva le moyen de rester également uni aux deux poètes, séparés par les deux plus fortes causes de ressentiment qu’il y ait au monde : une rivalité amoureuse et une antipathie de métier. […] Enfin, si nous sortons du monde des lettres, des arts et de la science, où il est naturel que Molière ait eu ses principales relations, pour revenir à la haute société, nous y trouvons des amis de Molière, et de tout degré. […] Cherchant le bonheur en ce monde, l’épicurien demande à la vie tout ce qu’elle peut donner.