Dans toutes ses meilleures comédies, Molière a toujours opposé avec la plus grande habileté au caractère qu’il veut faire connaître, un autre caractère absolument différent. […] Dans presque toutes ses meilleures comédies, on voit de jeunes amants sacrifiés par leurs parents, et sur le point d’être arrachés pour toujours à ce qu’ils aiment ; par la peinture de leur amour, des maux, des tourments qu’ils éprouvent, de ceux qu’ils se causent d’eux-mêmes, de leurs légères brouilleries et de leurs raccommodements, le cœur du spectateur est satisfait, en même temps que son esprit s’instruit et se forme.
On assure pourtant que l’Odéon est une école d’application de l’art dramatique : avec celle de Racine, quelle meilleure discipline pour de jeunes acteurs que celle de Marivaux ? […] Trop de faveur accordé aux Wafflard et Fulgence, alors que tel et tel autre, parmi les meilleurs, sont délaissés, aurait bientôt fait d’accréditer cette opinion.
En vain de saints moralistes, emportés par le zèle de la maison de Dieu, prétendront qu’il est mauvais de montrer un homme pieux en apparence, qui est un scélérat au fond80 : il est meilleur sans doute de montrer qu’il y a des scélérats qui affublent la robe d’innocence, des loups qui se cachent sous la peau des brebis pour entrer dans la bergerie. […] Un des meilleurs services qu’ait rendus le prince de Conti aux états de Montpellier, moins de deux ans avant l’époque de la représentation du Dépit amoureux à Béziers, était d’avoir obligé non sans peine la noblesse de Languedoc à souscrire la promesse d’observer les édits du roi contre les duels. » A.