Le tableau que Sganarelle vient de nous retracer est extrêmement joli ; il sentira toujours la main du grand Maître. […] Ils n’osent pas dire tout-à-fait qu’on apprend à prêter à usure & à être un scélérat, en voyant jouer l’Avare & le Tartufe : « mais il n’y a pas de jeune homme, disent-ils, qui, en fréquentant le théâtre, n’y apprenne des moyens pour mener une vie déréglée, à l’insu de ses parents ; point de valet qui n’y trouve des leçons pour tromper son maître ; point de jeune personne qui n’y puisse apprendre toutes les ruses imaginables pour conduire une intrigue amoureuse ». […] Dans la comédie ancienne & moderne, les valets trompent leurs maîtres ; cela est vrai : mais on a grand soin de leur prouver que quelques années de galere ou de bons coups d’étriviere sont ordinairement le salaire de leurs petites espiégleries. […] Instruisez les maîtres de leurs fripponneries, apprenez-leur à les éviter : moins il y aura de dupes qui paient, logent, habillent & nourrissent un frippon pour les duper du matin jusqu’au soir ; moins il y aura d’adresse dangereuse chez nos Martons & nos Frontins. […] Valentin, valet du Chevalier, prend la valise de ce frere pour celle de son maître.
Cette Laforest était sa servante ; elle était dans la coulisse opposée, d’où elle ne pouvait passer à travers le théâtre pour arrêter l’âne ; et elle riait de tout son cœur de voir son maître renversé sur le derrière de cet animal, tant il mettait de force à tirer son licou pour le retenir.
Sotte condition que celle d’un esclave, de ne vivre jamais pour soi, & d’être toujours tout entier aux passions d’un maître, de n’être réglé que par ses humeurs, & de se voir réduit à faire ses propres affaires de tous les soucis qu’il peut prendre ! […] Sotte condition que celle d’un esclave, De ne vivre jamais pour soi, Et d’être toujours tout entier Aux passions d’un maître, D’être réglé par ses humeurs, Et de se voir réduit à faire Ses propres affaires De tous les soucis qu’il peut prendre.