Pour sentir la valeur des questions littéraires, il faut être doué d’une faculté particulière, que les arguments les plus décisifs ne réussiront jamais à développer. […] Si l’on veut que le Théâtre-Français garde son rang et son autorité littéraire, il faut absolument que les comédiens s’habituent à croire que les œuvres de Molière, de Corneille et de Racine sont achevées depuis longtemps et depuis longtemps comprises, qu’elles n’offrent pas un passage d’une signification douteuse, et qu’il y a témérité à vouloir leur donner un aspect nouveau, une portée nouvelle, par une trop libre interprétation. […] Le Théâtre-Français, il ne faut pas l’oublier, n’est pas seulement un lieu de divertissement : c’est en même temps une institution littéraire.
Yung, Hément, La Pommeraye, Léon Say, Taine, Weiss, Assolant, Sarcey, Deschanel, l’autorisation de faire des conférences littéraires ; mais qu’il la refusait à MM. […] Cette conférence en quatre parties, tout animée des ardeurs de la brillante polémique littéraire qui en fut l’occasion, fit-elle parmi les auditeurs de l’Athénée de 1866 beaucoup de prosélytes ? […] Weiss conférencier littéraire et mondain, et l’un des plus originaux, des plus inoubliables, que l’Athénée d’il y a trente ans ait entendus. […] Molière prend son bien où il veut, et nous sommes bien heureux que la propriété littéraire n’ait pas été inventée dans ce temps-là. Je ne veux pas discuter ici la loi sur la propriété littéraire, je sortirais du domaine qui m’est attribué ; je reste convaincu que s’il y avait eu dans l’ancienne France, sur la propriété littéraire, une jurisprudence analogue à celle qui existe aujourd’hui, il y a dix chefs-d’œuvre dans notre langue que nous n’aurions pas.
Quelques-unes, jusqu’alors inédites, ayant été insérées dans l’édition de 1866, les critiques littéraires, mis en goût ; en recherchèrent d’autres dont ils passent orner leurs comptes rendus ; et Prévost-Paradol mit la main par fortune sur un recueil du XVIII siècle, qui en contenait une, adressée à Santeuil, le chanoine poète, ami de La Bruyère et, comme lui, commensal du prince de Condé. […] C’est sa manière à lui de faire de la critique littéraire. […] Voilà pour Alceste considéré comme critique littéraire. […] Après quoi, M. de La Pommeraye prend la défense d’Alceste comme critique littéraire. […] C’est vous qui bouleversez l’art en prêtant au grand comique du XVIIe siècle des procédés littéraires et des visées humanitaires qui ne devaient éclore que deux siècles après lui ; et c’est vous enfin qui diminuez la patrie en prêtant à son plus grand écrivain, à celui qui la représente le mieux, des pensées si contraires à son génie, puisque vous voulez faire un misanthrope, un haïsseur d’hommes, un ami du désert, de ce sociable et bon Molière qui fut le plus Français des hommes, c’est-à-dire le plus humain !