Dans sa jeunesse, le brillant chevalier de Grammont trouvait plaisant de voler au jeu, et même d’appeler au secours d’une adresse coupable une violence plus coupable encore en appuyant une partie de quinze d’un détachement d’infanterie ; et, vers la fin de sa longue carrière, il s’indigna des scrupules bourgeois de Fontenelle, qui, censeur du livre d’Hamilton, voulait en effacer le récit de ces charmants larcins et de ces aimables guet-apens, comme pouvant porter quelque atteinte à l’honneur d’un gentilhomme. […] Cléonte fait partie de cette autre bourgeoisie plus élevée, ou (soit dit sans jeu de mots) mieux élevée, qui exerçait les professions libérales, et entrait, soit dans les charges, soit dans le service militaire. […] Le Roi, qui voulait marquer cette saison des plaisirs et de la folie par un des plus magnifiques amusements qu’il eût encore donnés à sa cour, demanda à Molière une pièce dont le genre permît de mettre en jeu toutes les merveilles de la mécanique du temps, nouvellement rassemblées dans la salle de spectacle du palais des Tuileries.
Il est vrai qu’il étoit plus excusable que les autres poëtes, en ce que sa troupe brillant particuliérement par les décorations & les superbes ornements, il lui auroit nui s’il eût écarté de son ouvrage le surnaturel, toujours favorable au jeu des machines. […] Les deux petites paysannes séduites par notre scélérat ne lui paroissent-elles pas plus intéressantes qu’Elisa, cette fourbe se faisant un jeu de tromper les hommes, & que Dona Anna devenant sensible à la feinte passion d’un homme qu’elle voit pour la seconde fois, qui à la premiere a voulu la violer le poignard sur la gorge, & qui vient de tuer son pere ? […] Il revient au jeu, gagne des sommes considérables, prend un équipage magnifique, va voir sa belle-sœur, qui veut pour lors lui donner un appartement chez elle : il refuse ses offres avec fierté.
On cause du théâtre ; on loue quelques comédies de l’hôtel de Bourgogne ; on critique l’Ecole des Femmes, et surtout le jeu de Molière. […] Nous y trouvons seulement quatre vers de bonne comédie, sur l’imitation exacte que Molière faisait du jeu des acteurs de l’Hôtel de Bourgogne. […] Plusieurs jeux de scène consacrés par la tradition, ne manquent jamais d’égayer les représentations de l’Avare. […] Le jeu faisait l’occupation favorite de cette société dissipée ! […] Un arrêt défendit le lansquement, le jeu en vogue.