Quelle différence avec ces ouvrages dans lesquels une seule idée bien répétée, bien tournée et retournée, sert non seulement à filer cinq actes, mais nous en fournit encore quinze ou vingt autres sous divers titres ! […] Notre poète a si bien embelli cette idée, qu’il en a tiré vingt-huit vers, dont pas un seul n’est à retrancher. […] Loin de nous une idée aussi fausse, et d’autant plus dangereuse, qu’elle semble promettre l’impunité à tous les frelons de la littérature ! […] C’est Arlequin, faux brave qui a fourni la première idée de cette comédie. […] Je ne cacherai aucune de celles où Molière a puisé, mais il en est une surtout qui, ayant fourni à notre auteur l’idée primitive de sa pièce, doit être examinée de plus près et plus scrupuleusement.
Le don Juan de Tirso de Molina n’est point un athée ; c’est un homme qui écarte l’idée de Dieu comme importune, sans la rejeter comme chimérique. […] Ce que Dorimond n’avait mis que dans son titre, Molière l’a mis dans sa pièce, c’est-à-dire que son dom Juan est un athée véritable, un athée systématique, dont les idées sont arrêtées et, à ce qu’il croit, inébranlables. […] Celui de Thomas Corneille, qui est resté seul en possession du théâtre, n’est pas seulement une copie élégamment versifiée de la pièce de Molière : les idées de l’original y sont quelquefois corrigées ou étendues avec bonheur.
Si Regnard n’a pas eu cette idée, est-il vraisemblable qu’un homme se laisse impunément accuser d’avoir signé une promesse de mariage, qu’on lui montre sa prétendue signature, & que, la voyant tout-à-fait différente de la sienne, il ne le prouve pas. […] Comment Sganarelle lui-même a-t-il pu croire que Léonore ait eu cette idée ?