Le Seigneur Jupiter, dont vous êtes l’agent, Honnête ou non, c’est dont fort peu je m’embarrasse, Pour goûter des plaisirs nouveaux, A quelque Nymphe du Parnasse Voudroit-il en dire deux mots ?
Avec quelle aimable et charmante ironie ne parle-t-il pas de sa bonne mine, de sa vertu, de sa grâce, de son courage, enfin de « l’aimable Jack Falstaff, le bon Jack, l’honnête Jack, le vaillant Jack Falstaff, le plus vieux et le plus gros des trois seuls honnêtes gens, qui en Angleterre aient échappé à la potence ! […] La société ressemble à un parterre soigneusement ratissé, émondé, élagué ; la nature humaine est mutilée ; « les âmes, comme les corps, manquent d’air, emprisonnées dans l’étroit corset de la routine et de la mode231 », et le spectacle de tant d’honnêtes bourgeois tous pareils est si fade, que « le peuple aime les mélodrames, les procès criminels et les révolutions, pour se délasser au moins par la vue de quelque chose de positif232 ».
On ne peut nier que, dans la pensée de Molière, vingt fois exprimée par lui-même avec une énergie progressive, ces deux pièces, L’École des maris et L’École des femmes, qui sont la suite l’une de l’autre ou, plus exactement, deux moitiés d’un même tout, ne se proposent expressément pour but de répondre à l’éternelle et redoutable question : Comment faut-il élever les filles pour en faire d’honnêtes femmes ?