Prenant pour point de départ ses inspirations passionnées, il arrive, par des déductions logiques, à des conséquences erronées, chimériques immorales, suivant les passions qui ont fourni les prémisses. […] Pendant la discussion, chaque adversaire trouve excellentes et sans réplique, soit de simples affirmations énoncées sans preuve aucune, soit des considérations fournies en faveur de son opinion par ceux qui la partagent, alors même que ces considérations sont sans fondement, absurdes et ridicules ; et par contre, chaque adversaire aussi trouve mauvaises et sans valeur les meilleures raisons que son contradicteur apporte comme preuves à l’appui de sa manière de voir, ce que Molière a si bien rendu dans le vers suivant emprunté à la comédie des Femmes savantes, et qui a passé en proverbe : « Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis. » Après ces discussions passionnées, chaque adversaire reste de son avis : « On disputera fort et ferme de part et d’autre (comme dit Dorante à la fin de la pièce), sans que personne se rende.»
Il disait de son propre sophisme, « que les sophismes d’un homme d’esprit ne sont jamais inutiles, et que le paradoxe a bien son prix, quand il fournit une bonne thèse à l’éloquence ! […] Il l’appelle du plus grand nom que sa mémoire lui fournisse. — Lady Capulet, c’est le nom de la dame. […] Et le mari fait bien d’être du même avis que madame La Ressource, sinon madame La Ressource fournirait, au besoin, et tout ensemble à la dame, la marchandise, et l’acheteur, qui ne serait pas le mari. […] « L’une a soin de son équipage, l’autre lui fournit de quoi jouer, celle-ci arrête les comptes de son tailleur, celle-là paie ses meubles et son appartement, et toutes ses maîtresses sont comme autant de fermes qui lui paient un gros revenu. » Il est impossible d’être plus clair, et d’expliquer d’une façon plus complète, le métier que fait le chevalier à la mode.
« Je vois, dit Ulysse dans une tragédie de Sophocle, que nous ne sommes que des images vaines ou des ombres légères. » C’est dans ce sens que disait La Bruyère : « Il n’y a point d’année où les folies des hommes ne puissent fournir un volume de caractères. » Ajoutez : et de Comédies.