Cela prouve encore que la partie la plus facile dans l’art dramatique a de grandes difficultés.
De Villiers, Rosimon, Dorimon avoient traité le même sujet, quand Moliere, sollicité par ses camarades de mettre ce monstre dramatique sur son théâtre, y consentit avec peine.
Une troupe de jeunes gens s’était formée en compagnie dramatique, sous ce beau titre : l’Illustre Théâtre, où je retrouve toute la modestie que la jeunesse n’eut jamais. […] Les hardiesses de l’École des Femmes l’avaient un peu éloigné des bonnes grâces de cette dévote et prude Majesté ; la dédicace qu’il lui avait faite de la Critique, et qu’elle avait daigné accepter, l’avait depuis, il est vrai, remis un peu en faveur ; mais ce n’était point assez : il lui sembla que rendre hommage à la littérature dramatique espagnole, en faisant, lui aussi, son Festin de Pierre, serait un adroit moyen de rasseoir tout à fait son crédit et de se mettre à même d’obtenir ce qui lui tenait tant au cœur et ce qu’Anne d’Autriche n’était peut-être pas la dernière à empêcher : la représentation du Tartufe. […] « Il connaissait, d’ailleurs, comme l’a fort bien remarqué Léris dans son Dictionnaire dramatique, le génie de notre nation, qui veut de l’esprit partout. » Que fit-il donc ? […] De notre temps, si quelque Chatterton incompris, après s’être dérangé de la vie bourgeoise pour se jeter dans la littérature dramatique, avait à subir ces arrogances boutiquières, dont l’ennui viendrait ajouter pour lui aux autres épreuves du métier, soyez sûr qu’il ne verrait là matière qu’à quelque gros drame vengeur, où sa colère déborderait en pathos.