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89. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

J’ai, lui dit-il, une sœur qui donne à jouer : plusieurs personnes me rendent visite ; vous étudierez leurs caracteres : vous ferez une comédie toute de portraits, dont la scene fera mon antichambre ; & pour prologue vous mettrez la conversation que nous venons d’avoir.

90. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Mais si les alexandrins nous ont paru peu favorables à l’expression du pathétique, c’est déjà une chose comique en soi, que de voir un vers tellement symétrique par sa nature, obligé de s’adapter de force aux tours familiers de la conversation. […] Il n’est pas rare qu’ils se réunissent plusieurs ensemble pour mettre au jour, avec une rapide fécondité, les idées que leur inspire le feu de la conversation.

91. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Au moins, cette page errante à travers les caprices de la ville et les oisivetés de la province a vécu, ne fût-ce qu’une heure ; elle a rencontré au moins un lecteur ; elle a servi, peut-être, tout un jour à la conversation, aux commentaires, à l’oisiveté des salons parisiens ; parfois même, au fond des villes les plus lointaines, elle s’est fait jour dans quelque esprit novice ; ou bien quelque cité curieuse a voulu savoir ce que disait cette page enfouie aujourd’hui dans l’abîme, et alors cette mauvaise petite feuille, jetée aux ronces du chemin, a vécu en allemand, en anglais, en quelque langue étrangère qui lui donnait une grâce inattendue, une force inespérée. […] Tout à l’heure, elle n’a pas daigné répondre un seul mot aux compliments de son grotesque fiancé, comme si les compliments de ce manant ne pouvaient pas s’adresser à une femme de sa sorte ; maintenant qu’elle doit être en peine de savoir si Sganarelle a entendu cette conversation criminelle avec Lycaste, Dorimène ne se donne même pas le souci de s’en informer. […] Adraste, lui, est bien plus heureux ; il a toujours coutume de parler quand il peint, car il est besoin dans ces choses d’un peu de conversation « pour réveiller l’esprit et tenir les visages dans la gaîté nécessaire aux personnes que l’on veut peindre !  […] Philinte sait très bien que, dans une conversation de jeunes gens et de jeunes femmes, dans ces médisances de vingt ans, les absents auront grand tort, et qu’ils feront tous les frais de cette causerie de salon qui s’attache où elle peut ; mais, au fait, où est le grand mal ? […] On dit même que le journal n’est pas tout à fait innocent de cet oubli du grand art de la conversation parisienne. — Alors il faudrait reconnaître, en s’inclinant, que ce reproche est un des plus sévères qui se puisse adresser à l’établissement du journal lettré et causeur.

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