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5. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Je fus surpris, sans être déconcerté, lorsque, le même jour que j’arrivai, il survint chez la brune une compagnie de laquelle étoit la blonde : je soutins parfaitement bien son abord ; quand je la pus trouver seule, je lui dis : Je vous défends tous soupçons : écoutez mes raisons. […] Toute la compagnie se retira, à la réserve de la blonde que la brune retint. […] La brune me dit : Voici ce que nous avons imaginé : le gentilhomme est arrivé en bonne compagnie, il est engagé au jeu, il n’en sortira que dans une heure ; il faut que vous vous laissiez emmaillotter comme une momie ; nous vous coefferons de nuit en femme, & nous vous mettrons dans le lit destiné au gentilhomme, nous tirerons les rideaux ; dès qu’il voudra se coucher, vous lui direz que vous êtes la belle Cléopatre qui sort de son tombeau pour passer une nuit avec lui.

6. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

En 1670, son histoire et celle de la bonne compagnie se confondent avec l’histoire des mœurs de la cour et celle du roi lui-même. […] En se prêtant aux exhortations des personnes qui la pressaient de se convertir, elle disait : « J’admettrai tout, pourvu qu’on ne m’oblige pas de croire que ma tante de Villette sera damnée. » Madame de Neuillan la faisait venir chez elle de temps en temps, et la conduisait dans quelques maisons de sa société, entre autres chez Scarron, où elle fit connaissance avec mademoiselle de Lenclos, qui n’était pas alors galante, et qui, née riche et noble, voyait encore la bonne compagnie. […] Scarron était d’une famille parlementaire ; il recevait chez une bonne compagnie. […] Le duc de Saint-Simon a lui-même remarqué madame Scarron dans la maison de cet ami, la meilleure et la plus grande maison de Paris, dit-il, et où abondait la compagnie de la cour et de la ville, la plus distinguée et la plus choisie .

7. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Quoi qu’il fût très agréable en conversation lorsque les gens lui plaisaient, il ne parlait guère en compagnie, à moins qu’il ne se trouvât avec des personnes pour qui il eût une estime particulière : cela faisait dire à ceux qui ne le connaissaient pas qu’il était rêveur et mélancolique ; mais s’il parlait peu, il parlait juste, et d’ailleurs il observait les manières et les mœurs de tout le monde ; il trouvait moyen ensuite d’en faire des applications admirables dans ses Comédies, où l’on peut dire qu’il a joué tout le monde, puisqu’il s’y est joué le premier en plusieurs endroits sur des affaires de sa famille, et qui regardaient ce qui se passait dans son domestique. […] Les commencements de cet établissement ont été heureux, et les suites très avantageuses ; les Comédiens compagnons de Monsieur de Molière ayant suivi les maximes de leur fameux Fondateur, et soutenu sa réputation d’une manière si satisfaisante pour le Public, qu’enfin il a plu au Roi d’y joindre tous les Acteurs et Actrices des autres Troupes de Comédiens qui étaient dans Paris, pour n’en faire qu’une seule Compagnie. […] Il n’y a plus présentement dans Paris que cette seule Compagnie de Comédiens du Roi entretenu par sa Majesté : Elle est établie en son Hôtel rue Mazarini, et représente tous les jours sans interruption, ce qui a été une nouveauté utile aux plaisirs de cette superbe Ville, dans laquelle avant la jonction il n’y avait comédie que trois fois chaque semaine, savoir le Mardi, le Vendredi et le Dimanche, ainsi qu’il s’était toujours pratiqué.

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