Pour Le Glorieux, ce fut, dit-on, contre la volonté de l’auteur, qui dut céder aux exigences du comédien Dufresne, et changer son dénouement, ce comédien ayant déclaré ne vouloir point se charger du rôle principal si son personnage était humilié. […] les étranges animaux à conduire que les comédiens ! […] Sa pièce peint avec vérité, mais non pas sans quelque exagération, des travers qui ne sont que trop réels chez les comédiens. […] Il offre un écueil dans lequel sont tombés jusqu’ici la plupart des comédiens qui l’ont représenté. […] Cette lettre et celles qui la suivent font partie d’un ouvrage sur l’art du comédien.
La plupart des Auteurs, en négligeant cette partie, ont quelquefois fini leur ouvrage, souvent même lu la piece aux Comédiens, & fait quelques répétitions, avant de savoir comment ils l’intituleront. […] Un Comédien nommé Dorimon, qui a traité le même sujet15, a intitulé sa tragi-comédie l’Athée foudroyé. […] On sera peut-être bien aise de voir les vers que la femme de l’Auteur, comédienne aussi, lui adressa après la premiere représentation de la piece : Encore que je sois ta femme, Et que tu me doives ta foi, Je ne te donne point de blâme D’avoir fait cet enfant sans moi.
En ce temps-là, c’est-à-dire pendant une quinzaine d’années, Molière fut un comédien et un chef de troupe, heureux, avec toute la France, de servir le roi. […] Aussi, vers la fin de la vie de Molière, le Florentin l’emportera-t-il en faveur sur le Parisien ; et, ayant inventé en France, avec Quinault, la tragédie chantée tout entière, c’est-à-dire l’opéra, il obtiendra que défense soit faite aux comédiens de se servir de plus de six « musiciens » et de plus de douze joueurs d’instrumens, et « d’aucuns des danseurs qui reçoivent pension de Sa Majesté. » Jusque-là, dans ces occasions, Molière, auteur des récits, se tient à peu près sur le même rang que Benserade, auteur des vers, — c’est-à-dire des complimens glissés dans le livre de ballet, ou programme distribué aux spectateurs, en l’honneur des principaux personnages qui assistent au spectacle où se mêlent de danser un pas. […] Faire tinter à nos oreilles le curieux récit des aventures de Clindor, menant la vie de bohème aux alentours du Pont-Neuf ; faire éclater les beaux vers burlesques et presque tragiques du rôle de Matamore ; lancer sur la scène la brave et pimpante Lyse, — patronne de Lisette, — qui, trois quarts de siècle à l’avance, mène un complot digne des Folies amoureuses ; montrer ce cavalier et sa belle, qui, deux siècles avant Marion Delorme, savent si bien s’évader de prison ; et ces comédiens enfin, qui, tant d’années avant MM. […] Leloir3, je les prierais de s’exercer d’après les conseils de ce jeune comédien ; et, pour le jour de ma fête, je leur distribuerais les rôles de la Sortie de Saint-Cyr, l’honnête et gentille petite pièce de M.