On va voir que Madeleine qui avait mené grand train avec le comte de Modène, finissait sa vie en bien petite bourgeoise. […] Elle avait raison, mais on eut peur du comédien qui jouait les bretteurs d’après le naturel (La Rapière dans Le Dépit amoureux, le maître d’armes dans Le Bourgeois gentilhomme) et on n’osa pas réduire sa part de moitié. […] Molière, qui était témoin de sa sœur, ne vit-il pas là dans ces deux personnages, qui n’étaient que de simples bourgeois gentilshommes, un des tableaux de sa fameuse comédie ? […] Comme nous serions heureux aujourd’hui si par la vertu d’une magicienne nous pouvions, nos quinze sols à la main, entrer au parterre avec les gardes du corps, les chevau-légers, les pages, les bourgeois, les étudiants ! […] Jeanne Bourguignon plut si fort aux nobles, bourgeois et manants de la cité lyonnaise, que Paphetin résolut de l’enlever à son rival.
Si l’honnête bourgeois des Halles, tapissier valet de chambre du roi, s’était procuré une lettre de cachet pour arrêter son garnement au seuil de cette vie vagabonde, il aurait pu étouffer en germe trois ou quatre chefs-d’œuvre, mais il aurait fait ce que font tous les jours beaucoup de pères de famille qu’on loue de veiller sur l’honneur de leur nom et sur l’avenir de leurs enfants. […] Assurément la sévère dignité de la marquise, la fierté de Julie d’Angennes, la longue constance de Montausier, prises d’une certaine façon bourgeoise, pouvaient prêter à rire. […] Il faut l’entière et rare imbécillité de ce bourgeois pour que le fourbe ne perde pas aussitôt tout crédit. […] Ce n’est point dans une obscure maison bourgeoise, sous le masque d’un fourbe tombé aux dernières corruptions de la misère et du crime qu’il allait chercher le redoutable ennemi. […] Mais le rire de l’âme n’est point bourgeois, n’est point comique, ne fait point d’argent.
LE BOURGEOIS GENTILHOMME.