L’invention des billets d’enterrement, qui sont la ressource d’un malheureux libraire qu’un livre in-folio a mis à l’hôpital ; l’idée singulière de mettre dans la bouche d’un soldat ivre la critique des irrégularités de notre langue, et de faire de cette critique de grammaire un dialogue très-comique; l’importance que l’abbé Beaugénie met à son énigme; la satisfaction qu’il en a et l’analyse savante qu’il en fait ; la querelle de maître Sangsue et de maître Brigandeau; la supériorité que l’un affecte sur l’autre, tout cela est très-divertissant, et surtout la scène des procureurs est si exactement conforme au style du palais, et d’une tournure de vers si aisée, si naturelle et si adaptée au vrai ton de la comédie, que j’oserai dire (sous ce rapport seul) quelle rappelle la versification de Molière.
Quand par hasard les chandelles allaient trop bien, quelque bon plaisant du parterre, enflant sa bouche d’une façon démesurée, soufflait sur la chandelle… et c’était une nouvelle occasion de rappeler Joubert. […] Jamais on n’a tant ri quand on parlait, quand on chantait sur ces tréteaux ; et cependant nos marionnettes ont la bouche close, par arrêt même du Parlement. […] quelle est cette voix qui sort de ce nez de mauvais augure, un pied de nez, autant que de cette bouche pincée en cœur ? […] La vieille Ninon, à quatre-vingts ans, ne fut pas plus fière de l’abbé de Châteauneuf, que l’an de grâce et d’esprit 1696 ne dut être fier de Regnard. — On sut enfin qu’il s’appelait Regnard, qu’il avait à peine quarante ans, qu’il était beau comme Molière ; l’œil vif et animé, la bouche souriante, non pas sérieuse et grave, toute sa personne joyeuse et vive, non pas mélancolique et simple. […] — Puis il ajoute : Quand je vais en femme (comme on dit : Malbroug s’en va-t-en-guerre), j’ai soin de me rincer la bouche avec trois ou quatre pintes d’eau-de-vie !
Un vif éclair brillait aux yeux du moribond ; Sa bouche s’agitait, et sur son large front, Des images, tantôt riantes, tantôt sombres, S’échappant de son cœur, glissaient comme des ombres.