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110. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Ne voit-on pas, au contraire, que le scepticisme pour l’un méthode, c’est-à-dire moyen d’arriver à la vérité, devient ici pour l’autre la vérité même, et n’est-il pas évident que celui-là ne doute que pour ne plus douter, tandis que celui-ci ne doute que pour avoir le droit de douter encore (31). […] Nous voici arrivé au terme de cette double étude. […] Mais je remarque d’abord que les contradictions ne coûtaient pas grand’chose à notre auteur : témoin celle sur le syllogisme (Damiron, p. 884); témoin celle sur la notion du temps et de l’espace (Damiron, p. 445) ; témoin… ou plutôt j’arrive tout de suite à la grande source de contradictions, Gassendi faisait profession de christianisme, môme de catholicisme, et admettait tous les dogmes de son Eglise. […] C’est le discours du procureur général Omer Talon, dans un procès de Renaudot : « Dès le début, il croit devoir, puisqu’il s’agit de médecine, profiter de l’occasion qui lui est offerte pour discuter le degré de certitude de la médecine… et naturellement il arrive à traiter cette question, savoir si l’intervention du médecin est ou n’est pas contraire à la prescience divine ; de là il passe à la biographie d’Hippocrate, discute en passant le sens d’un passage de Pindare, cite l’Odyssée, saint Jérôme, saint Paul… et voilà pourquoi le procureur général conclut au rejet de l’appel. » (Raynaud, p. 271) 13.

111. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Mais ce qui est plus et pis que tout le reste, c’est d’en arriver, comme les moliéristes, sous prétexte de moliérisme, à ne plus sentir ou même à ne plus comprendre Molière. […] La veuve de Molière y est, mais sur la seconde, et peu s’en faut qu’elle n’arrive au premier rang. […] Où sont arrivées les aventures qui remplissent les comédies de Scarron et de Thomas Corneille ? […] Arrivons donc promptement à Arnolphe, et parlons de l’Ecole des Femmes. […] Ou encore, quand une langue est déjà prosaïque de nature, le vers en accuse la lourdeur, et c’est ce qui arrive fréquemment à Molière.

112. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Il plaît autant à la lecture qu’à la représentation, ce qui n’est arrivé qu’à Racine et à lui; et même, de toutes les comédies, celles de Molière sont à peu près les seules que l’on aime à relire. […] Il arrive à notre Grenadin de Scarron ce qui doit arriver ; car il est clair que, pour suivre son devoir, il faut au moins le connaître, mais que, pour s’en écarter, il n’est pas nécessaire de rien savoir. […] Mais ce qu’il y a de plus singulier, c’est que le même auteur, qui voulait armer tout à l’heure contre Molière tous les grands seigneurs du royaume, leur reprocha de l’encourager, de lui fournir même des mémoires ; ce qui était arrivé en effet pour la comédie des Fâcheux. […] Aussi arriva-t-il d’abord à Molière ce que nous avons vu arriver à Racine. […] Ce n’est pas que l’exemple du Misanthrope et d’Athalie puisse se renouveler aisément; ce sont des chefs-d’œuvre d’un ordre trop supérieur; mais on peut assurer que, dans tous les temps, des ouvrages d’un très-grand mérite, confondus d’abord dans l’opinion et dans l’égalité du succès avec les productions les plus médiocres, n’arrivent à leur place qu’avec bien des années, et que la jalousie, qui est dans le secret, a le plaisir de les voir longtemps dans la foule avant que la voix publique les ait vengés d’une concurrence indigne, et proclamés dans le rang qui leur est dû.

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