Dans la préface de la comédie anglaise, dédiée à lord Weymouth, le révérend traducteur dit : « Quand il n’y a plus de distinction de rang ni de fortune, quand un pair d’Angleterre et un ouvrier s’habillent de la même manière et ont les mêmes amusements et les mêmes goûts ; quand on ruine les gens mariés, quand on pille le bien des enfants et quand on n’achète plus rien, afin de donner des terres à un Arlequin français ou à un eunuque italien pour une grimace ou pour une chanson, est-ce que ce n’est pas alors que la satire franche et sans entraves doit s’opposer à cette insulte faite à la saine raison et au bon sens ? […] De là vient l’allusion à un Arlequin français et à un eunuque italien.
« [*]Ceux-là se trompent, qui croient que Molière a tiré l’idée de sa comédie des Fâcheux d’une satire d’Horace : Molière avait vu jouer à l’impromptu par les comédiens italiens, qui de son temps étaient à Paris, une ancienne comédie italienne intitulée : Le case svaliggiate, ou Gli interompimenti di Pantalone, et à laquelle les comédiens italiens d’aujourd’hui ont donné simplement le titre d’Arlequin dévaliseur de maisons, pour éviter celui des Fâcheux, dont Molière s’était emparé.
il faut dépeindre un homme qui ait dans son habillement quelque chose d’Arlequin, de Scaramouche, du docteur, et de Trivelin ; que Scaramouche lui vienne redemander sa démarche, sa barbe, et ses grimaces ; et que les autres viennent en même temps demander ce qu’il prend d’eux dans son jeu et dans ses habits. […] Quoique Molière eût en lui un redoutable rival, il était trop au-dessus de la basse jalousie pour n’entendre pas volontiers les louanges qu’on lui donnait ; et il me semble fort, sans oser pourtant l’assurer après quarante ans, d’avoir ouï dire à Molière en parlant avec Dominico (c’est le célèbre arlequin, père de mademoiselle de La Thorillière, célèbre elle-même sous le nom de Colombine) de Poisson, qu’il aurait donné toute chose un monde pour avoir le naturel de ce grand comédien.