Et quand on songe que lui seul, Molière, parmi tous les artistes du monde français, se trouve entouré de ces souvenirs perpétuels, on s« prend à se demander si la postérité a été juste, quand elle n’a accordé qu’à celui-là, cette louange éternelle ? […] Alors il arriva que « l’auteur se refusa à une condition telle qu’aucun auteur d’une certaine réputation ne l’accorderait à un éditeur ».
Il exigea d’abord le nom des conférenciers ; puis il mit, comme condition, que le sujet choisi pour chaque conférence serait approuvé par le Ministre compétent ; enfin, il répondit qu’il accordait à MM. […] Enfin, ce qui pourra nous être accordé sans peine, elles réveillent, elles piquent, elles amusent, par la verve qui les anime et l’humour qui les colore. […] Bussy-Rabutin avait eu des succès très brillants comme général ; il tombe tout à coup en disgrâce ; on le met à la réforme, et on l’envoie passer sa vie dans son château de Bussy-Rabutin, dans son manoir de Bourgogne, où il se rêvait général de génie, comme Molière à Pézenas se rêvait grand poète ; Bussy-Rabutin était tout irrité, tout désespéré, à tel point qu’il ne pouvait se donner un coup d’épée en Flandre, sur le Rhin, ou en Italie, que ce coup d’épée n’eût l’air d’être donné à travers son cœur ; la fortune ne pouvait pas laisser tomber sur qui que ce fût une de ses faveurs, on ne pouvait pas accorder un cordon, un bâton de Maréchal, sans que cette faveur ne retombât sur l’orgueil de Bussy-Rabutin, pour le faire rebondir.
J’accorde qu’il y a cette différence entre Sancho et lui qu’en sa qualité d’homme de génie il n’emprunte pas ses proverbes à la foule anonyme ; mais qu’il crée des proverbes ; qu’il ne prend pas à son compte les maximes de la sagesse des nations ; mais qu’il lui en fournit. […] Ce caractère — comme tous les caractères voulus et concertés — ne peut pas se soutenir perpétuellement ; il faut qu’il se donne, de temps en temps, un certain relâche, et ce relâche c’est une ironie un peu voilée ou une taquinerie un peu discrète, et c’est précisément ce tempérament que Philinte s’accorde. […] Oui, à la condition qu’on accorde que l’amour peut être une simple forme de l’estime.