Elle est ridicule quand il y a, de celui qui la ressent à celle qui l’inspire, une trop grande différence de caractère, comme entré le misanthrope Alceste et la coquette Célimène, ou bien une trop grande disproportion d’âge, comme entre Sganarelle et Isabelle, Arnolphe et Agnès, don Pèdre et Isidore. […] Toujours un personnage atteint d’une manie ridicule, que prêche inutilement un personnage raisonnable, et que trompe un personnage vicieux ou dépendant pour confirmer la leçon : tel est, en effet, Sganarelle entre Ariste et Isabelle, Arnolphe entre Chrysalde et Agnès, Alceste entre Philinte et Célimène. […] Arnolphe tient que l’ignorance est l’unique garantie de l’innocence des femmes, et Agnès, précisément parce qu’elle ne sait rien, le trompe mieux que ne pourrait faire celle qui saurait tout.
Le rôle d’Agnès fut confié à Mlle de Brie; quant au rôle d’Arnolphe, Molière le joua lui-même. […] Arnolphe et la naïve Agnès, au deuxième acte, font ensemble un dialogue qui devait peu leur plaire.
C’est ainsi que dans l’Ecole des femmes l’imbécillité d’Alain & de Georgette si bien nuancée avec l’ingénuité d’Agnès, concourt à faire réussir les entreprises de l’amant, & à faire échoüer les précautions du jaloux.