Plaute a de la verve (les écrivains dont je parle ont l’adresse de nuancer leur musique mieux que je ne le fais ici), Plaute a de la verve, mais il est rude et grossier. […] J’exciterais dans le cœur de mon petit écrivain en herbe de beaux sentiments d’émulation, et je proposerais sans cesse à nos artistes l’étude des grands modèles. […] Je sais qu’il y a des écrivains qui détruisent à plaisir la vérité, par défaut de finesse et manie d’exagérer. […] Là se réunissaient de vraies et de fausses précieuses, de grands et de petits écrivains, des causeurs qui savaient rendre la raison agréable et des bavards qui faisaient déraisonner l’esprit. […] Il faut avouer que Phèdre écrit avec une pureté qui n’a rien de cette bassesse. » Voltaire, Écrivains du siècle de Louis XIV.
Je rangerois le Tartufe dans cette derniere classe, si nos Ecrivains les plus illustres n’avoient pas dit que « cette piece étoit seulement propre à notre nation, & qu’elle ne sortiroit jamais du royaume ».
Si quelque biographe imprimait aujourd’hui cette phrase dans une vie de Louis XIV : « Le 1er novembre 1661, le roi nomme pour gouvernante de M. le Dauphin, une des personnes de la société représentée par Molière, dans ses Précieuses ridicules, et bafouée par le public depuis deux ans », ne croirait-on pas que cet écrivain est tombé en imbécillité ou en démence ?