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37. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Chaque scène est un chef-d’œuvre : c’est une suite d’originaux supérieurement peints. […] La leçon est importante : elle pourrait fournir un beau chapitre de monde; mais aurait-il l’effet de la scène de Molière ? […] La scène de M. […] Cette question nous ramène à la fameuse scène du sonnet : jugeons la conduite du Misanthrope sur les préceptes du bon sens. […] Mais si la scène où Orgon est caché sous la table était difficile à amener, était-il plus aisé de l’exécuter ?

38. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Et, sauf ce dernier type que le progrès de la décence publique fit supprimer définitivement, tous ces personnages jeunes ou vieux, maîtres ou valets, furent transmis par Molière à ses successeurs et se perpétuèrent sur notre scène classique. […] Vous vous rappelez cette entrée en scène du Dépit amoureux, lorsque Mascarille vient trouver Albert et que celui-ci, à chaque parole, lui tourne le dos avec brusquerie. […] La scène est traduite mot à mot de l’italien ; cette brusquerie est du caractère et du rôle de Beltrame. […] On voit si l’intérêt de la scène s’accroît prodigieusement ! […] La scène excellente des aveux de Scapin, au deuxième acte de la même pièce, est aussi de la pure comédie de l’art.

39. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Le chef-d’œuvre de Molière et de la scène, Tartuffe, est mis à l’index. […] Il le met en scène ; non seulement lui, mais encore l’un de ses amis, le présomptueux Acaste. […] Scène pathétique, où la mère d’Éric vient dans la nuit supplier Christine de sauver son fils. […] Quelle scène touchante ! […] Aussi l’acteur doit-il établir entre cette scène et les autres de son rôle une grande différence.

40. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Ses comédies, en plus d’une scène, en ont comme je l’ai dit, gardé le reflet et l’écho. […] L’excellente scène de M. […] Oui, la scène est toute de Molière ; oui, elle fut jouée de son temps. […] N’est-ce pas là toute la scène, et fort bien saisie, même dans ce qu’elle a de plus vif et de plus hardi ? […] Comment la scène présente a-t-elle pu survivre et venir jusqu’à nous ?

41. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Si jamais l’adultère a été peint tel qu’il est, et non tel que le poétise Mme George Sand, c’est dans les scènes inimitables de Tartuffe suborneur74. […] Le même esprit éclate dans la scène où Lucinde désespérée dit : Je veux mourir, ouvre « la fenêtre qui regarde sur la rivière, et… la referme tout doucement. […] III : à l’occasion de cette scène, on doit remarquer avec quelle légèreté parle Fénelon (Lettre à l’Académie française, VII). […]   — La portée morale de cette scène est bien appréciée par J. […] Voir Loret, Lettre du 6 février 1655. — À toutes ces excellentes scènes, il faut joindre les scènes III-X de la Pastorale comique, dont il ne nous reste que quelques paroles chantées, mais qui étaient certainement une satire fort risible du duel.

42. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

Ils ont laissé de certains ouvrages qui ne se sont pas perpétués sur la scène de la même façon que leurs chefs-d’œuvre, et qui ne sont pas devenus, comme ceux-ci, des textes quotidiens pour les écoliers ; la raison de la réserve où sont demeurés ces ouvrages, c’est apparemment qu’ils étaient moins beaux et attachés plus proprement à une époque ; n’importe : c’est eux qu’on va retirer de l’ombre pour célébrer leurs auteurs. […] Les Amans magnifiques, où Louis XIV parait peut-être sous les costumes de Neptune et d’Apollon, ne seront pas joués à la ville du vivant de Molière ; et après 1711, on n’en trouvera plus trace sur aucune scène. […] Molière, pressé par le temps, n’écrit que le premier acte, la première scène du second, la première du troisième ; il trace le scénario du reste et prie Corneille d’en trouver les vers, tandis que les paroles à chanter sont demandées à Quinault et la musique à Lulli : dans tout ceci, rien n’a d’importance, sinon que « Sa Majesté soit servie dans le temps qu’elle l’a ordonné. […] La grâce des vers, en désaccord avec une mise en scène prétendue antique, devra nous suffire : on espère que Psyché, présentée de la sorte, nous sera un nouvel Amphitryon. […] justement, vous êtes le cousin du roi, et du grand roi ; vous êtes à sa cour : ces ballets eux-mêmes, qui en firent les délices principales, se donnent à nouveau pour votre plaisir. — Au demeurant, c’est peut-être aussi la meilleure façon de jouir des chefs-d’œuvre, à présent qu’on n’a plus guère d’occasions de les voir sur la scène, ni surtout de les voir bien joués, et du milieu d’un public assez chaud.

43.

Les passants s’amusaient de la scène et se mettaient de la partie. […] C’était de ne pas avoir six personnages debout, posés toute une scène en éventail. […] Le metteur en scène de l’Odéon n’a donc pas compris le silence d’Elmire durant la première scène du Tartuffe ! […] S’il le connaissait, a-t-il songé à imiter la scène de la nourrice de Juliette ? […] Il gouverne un pays et une scène.

44. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

En se voyant placé sur une scène plus vaste, il sentit s’élargir la sphère de son art. […] C’est ce mélange de grâce et de dignité qu’a porté si haut la gloire de notre scène. […] Cette dernière scène que le Théâtre-Français croit devoir supprimer, et qui complète la pièce, est de toute nécessité. […] Figaro commence à transporter sur la scène la satire du gouvernement. […] Plusieurs jeux de scène consacrés par la tradition, ne manquent jamais d’égayer les représentations de l’Avare.

45. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Entendez-vous sur la scène le fracas des marquis s’embrassant et remuant les chaises de paille ? […] tarte à la crème I On rit, on querelle ; cependant on reste dans l’attente, et voici qu’Arnolphe rentre en scène. […] L’amusante scène et que cela est joué ! […] Il mettra en scène les sept péchés mortels… — On en a brûlé pour moins que cela. […] Ah I comme Molière joue cette scène !

46. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

C’était Molière qui écrasait alors les Italiens du luxe de sa mise en scène et du faste de ses spectacles. […] La scène représente une rue ; il est nuit. […] J’y règne avec éclat sur la scène comique ; Arlequin sous le masque y cache Dominique Qui réforme en riant et le peuple et la cour. […] Mais si nous trouvons un bon marchand, n’eût-il pour toutes armes qu’un couteau sans pointe, conduisez-le en prison sans miséricorde. » Dans une autre comédie, il y a une scène où il veut vendre sa maison. […] La liberté la plus grande continuait de régner sur cette scène.

47. (1900) Molière pp. -283

(Scène première.) […] Savez-vous qui a eu la primeur de cette tirade et de cette scène de rupture, de ces scènes impérissables ? […] Dans Les Fourberies de Scapin, par exemple, il y a des scènes qui sont prises à Cyrano de Bergerac et à Tabarin, ses contemporains, et ce ne sont pas les plus mauvaises ; ces scènes ont été prises, et, entendons-nous, arrangées ; ce sont la scène de la galère, la scène du sac. Et la grande scène de Tartuffe, entre Elmire et Orgon ! […] Dom Juan, dernière scène.

48. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Ainsi, à l’antiquité, il doit non seulement des sujets de pièce et des caractères qu’il a heureusement appropriés à notre scène, mais encore l’idée générale qu’il s’est faite de son art. […] Dès le principe, dès les premiers essais, le dialogue prit sur notre scène un développement préjudiciable à l’action ; celle-ci est vive sans doute dans la Farce primitive, mais combien le dialogue domine dans les Mystères et les Moralités ! Or les Mystères et les Moralités étaient de vastes compositions entre lesquelles la Farce fluette ne se faisait qu’une toute petite place : pour quelques scènes de Maître Pathelin, combien de lourdes Moralités comme celle des Blasphémateurs du saint nom de Dieu, ou d’immenses Mystères comme ceux de l’Ancien et du Nouveau Testament ! […] Aussi quelle source abondante de jeux de scène, de combinaisons ingénieuses, de brusques et saisissantes expositions ils nous offrent ! […] Molière n’eut garde de dédaigner les leçons de ces excellents praticiens : il apprit à leur école à traduire pour la perspective de la scène telle disposition de caractère, tel retour de sentiment, telle préoccupation d’esprit dans un personnage.

49. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Ce même effet a été reproduit d’une autre façon dans la scène xvii du Cocu imaginaire. […] Telle est la démonstration que Molière s’est proposé de donner dans la première scène du Mariage forcé. […] Cette scène est aussi admirable au point de vue de la science du cœur qu’au point de vue littéraire. […] Au troisième acte, Tartuffe entra en scène. […] Aussitôt la scène change.

50. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

c’est encore là une scène admirable. […] Une scène commencée de si haut ne finit-elle pas par tomber dans la farce ? […] L’impression est encore la même que dans les deux scènes de Sganarelle. […] De même, dans la scène du sonnet, n’est-ce pas encore lui qui a raison ? […] C’est que Boileau tenait à honneur d’être le héros de la scène du sonnet et d’en avoir fourni lui-même à Molière le modèle dans une scène semblable, à laquelle celui-ci avait assisté15.

51. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Souvent pur, et toujours éloquent et facile, Dans tes scènes jamais le stérile clinquant Ne brillante tes vers de son faux ornement. […] Comme toi, sans pitié pour les cerveaux malades, Nous saurons dissiper ces nouvelles croisades : Le bataillon fallot semble en vain se grossir, Quelque jour sur la scène on pourra le flétrir. […] Grâce aux modérateurs de notre liberté, La prudence toujours tempère la gaîté ; Et l’ennui, sur la scène étendant son empire, Sans leur permission l’on nous défend de rire7. […] »… de l’avenir me répond le présent ; Et bientôt les auteurs dont s’honore la scène Vont de la comédie agrandir le domaine. […] De talents si divers on peut s’enorgueillir, Et prédire à la scène un nouvel avenir, Si de l’autorité la sage tolérance Rend au génie, un jour, sa fière indépendance.

52. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Il est donc faux déjà que la défense ait été notifiée aux comédiens à l’instant où ils se disposaient à entrer en scène pour rejouer la pièce. […] Cette lettre, qui serait un effort prodigieux d’attention et de mémoire, si elle n’était plutôt le produit tout naturel d’une communication de manuscrit plus ou moins adroitement dissimulée, cette Lettre, dis-je, contient l’analyse de la pièce, acte par acte, scène par scène, et presque couplet par couplet. […] Hors de la scène, sur la scène, tout le monde finit par connaître l’âme profonde et ténébreuse de Tartuffe ; mais il n’a pas à se reprocher de s’être dénoncé lui-même au public par des soliloques postiches, et à ses interlocuteurs par d’indiscrets aveux. […] Trente ans avant Molière, Rotrou l’avait emprunté à Plaute et transporté sur notre scène naissante. […] Les progrès de la civilisation n’avaient pas encore permis de mettre sur la scène l’adultère prouvé par les aveux de la coupable, et constaté par les fruits mêmes du crime.

53. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il est pris d’une convulsion sur la scène. […] Elle avait un long usage de la scène. […] Cette piquante bagatelle est une petite scène animée par la satire la plus mordante. […] le trépas d’un chat ensanglante la scène ? […] Tous comparurent sur la scène avec leurs défauts et leurs ridicules.

54. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

Le comique de caractère, cette carrière ouverte par Corneille dans le Menteur, appellait Molière ; mais le comique d’intrigue s’était emparé de la scène, il ne fallait point l’en chasser ; conservons, multiplions les genres, n’excluons rien. […] Dans le Dépit Amoureux, c’est encore l’intrigue qui domine, intrigue bizarre, compliquée, peu décente ; mais déjà la main d’un maître sait répandre sur ce fonds ingrat, des caractères d’un comique fort, des situations piquantes, des scènes exquises et dans des genres tout differents. Rapprochez la scène de Métaphraste avec Albert, de celle qui donne le nom à la pièce, et qu’égale presque deux scènes pareilles du Dépit amoureux, l’une dans Le Bourgeois Gentilhomme, l’autre dans le Tartuffe, vous connaîtrez dejà l’immensité du génie de Molière.

55. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Dans la grande scène de rupture et de réconciliation, vous vous demandez si c’est votre propre secret que Molière a surpris, s’il vous aurait un jour écouté derrière une porte et regardé par le trou d’une serrure. […] Oronte approche ; Alceste le sait, il le sent, il le hait, il s’agite, il se dépite, il la querelle, il lui fait des scènes ! […] Celui qui fuit des scènes a la passion peut-être ; mais l’amour, jamais. […] Enfin il entre ; il est bien décidé à faire une scène terrible ; je parierais qu’il a préparé son rôle pour être plus certain de ne pas faiblir ; mais Célimène joue avec son éventail. […] Cette scène atteste et exprime profondément l’ascendant de l’être froid sur l’être passionné.

56. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Ce qui montre toute la hauteur et toute la justesse des vues de Molière dans l’opposition qu’il s’est plu à faire de ces deux caractères de femme, c’est l’impression que laissent les scènes si scabreuses du premier et du quatrième acte, où la pédante Armande affecte ces délicatesses quintessenciées à l’endroit du mariage. […] Quel tour de force dans l’art de tout dire et de le bien dire, cette scène du premier acte, et la seconde scène du quatrième poussée à bout, la prude Armande consent enfin à se donner à Clitandre, qui la refuse. […] J’ai quelquefois entendu des personnes blâmer cette scène et celle du quatrième acte entre les deux sœurs ; elles les trouvaient trop crues pour le théâtre et presque offensantes pour la pudeur publique. […] Tel est cependant l’ascendant de la bonté unie à la grâce que ce rôle d’Éliante, tout effacé qu’il semble, produit à la scène la plus heureuse impression, quand il est rempli par une actrice faite pour le comprendre et le représenter dignement. […] Quelles pudiques colères, quelle enivrante résistance, et enfin, quelle charmante défaite dans cette belle scène du raccommodement.

57. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

En réalité, le théâtre italien de l’Hôtel de Bourgogne est une scène française, une scène de genre, comme nous disons aujourd’hui. […] L’improvisation n’y a plus, quoi qu’en dise Colombine, qu’une part très limitée et restreinte à des scènes qui sont le plus souvent inutiles à la pièce et s’y intercalent comme des intermèdes. […] La scène italienne se releva à Paris, en 1716, sous le Régent ; elle recommença alors une nouvelle et longue carrière. […] Les Promenades de Paris, acte II, scène iv. […] Les Bains de la Porte Saint-Bernard, acte III, scène ii.

58. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Les gens du sceau avaient répété la scène de Chambord : ceux qui avaient déclamé avec le plus de force contre l’indignité du nouveau choix, furent les plus ardents à complimenter celui qui en était l’objet. […] Molière avait-il besoin qu’un Gandouin se ruinât par sotte vanité, pour penser à mettre sur la scène un travers qui était alors une sorte d’épidémie ? […] Déjà son plan était entièrement tracé ; déjà il avait écrit le premier acte, la première scène du second, et la première aussi du troisième. […] Ce conte eut la même fortune que la fable originale, c’est-à-dire fut aussi transporté sur la scène dans l’opéra-comique de Zémire et Azor. […] Ceux-ci n’ont trouvé l’arrêt que juste, et ceux-là l’ont trouvé trop rigoureux ; d’autres ont blâmé seulement Boileau d’avoir loué Molière avec restriction, lorsqu’il était mort, lui qui l’avait loué sans réserve, quand il était vivant ; d’autres ont distingué, et, abandonnant la scène du sac que personne ne défend, ont défendu des scènes de la même pièce que Boileau n’attaque pas.

59. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

C’est de cette époque que date l’envahissement de la scène par les vicomtes et les marquis, conséquemment le rétrécissement de la scène, et par suite l’obligation d’observer plus strictement encore les règles de l’unité de temps et surtout de l’unité de lieu. […] En second lieu, Molière dégage l’élément général des faits particuliers qu’il met en scène. […] Au lieu du développement en longueur et en largeur qu’elle avait dans les comédies dites d’intrigue, elle se trouve cette fois étalée d’un seul coup sur la scène. […] La très indécente équivoque de la scène du ruban ou les plaisanteries sur « les chaudières de l’enfer » y auraient-elles suffi ? […] S’ils avaient pu s’y méprendre un instant, c’est ce qu’ils reconnurent tous,quand,après bien des difficultés, Tartufe, en 1669, parut enfin publiquement sur la scène.

60. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [24, p. 52] »

La scène où Vadins 172 se brouille avec Trissotin 173, parce qu’il critique le sonnet sur la fièvre174, qu’il ne sait pas être de Trissotin, s’est passée véritablement chez un particulier de la connaissance de Despréaux et Molière. […] Acte III, scène 3. […] Acte III, scène 2.

61. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Tous ces personnages ramassés sur la place publique, la commedia dell’arte les mit en scène et les fit servir au divertissement, non seulement du peuple, mais des cours les plus brillantes et des plus doctes académies. […] Ces canevas furent plus ou moins développés : ils se bornaient parfois à un sommaire très précis, que l’on affichait dans les coulisses et que les acteurs pouvaient consulter avant d’entrer en scène. […] Pendant que Scapin explique son projet à Flaminia, Arlequin, par différents lazzi, interrompt la scène : tantôt il s’imagine d’avoir dans son chapeau des cerises qu’il fait semblant de manger, et d’en jeter les noyaux au visage de Scapin, tantôt il feint de vouloir attraper une mouche qui vole, de lui couper comiquement les ailes et de la manger, et choses pareilles. […] Ces lazzi, quoique inutiles à la scène, parce que si Arlequin ne les faisait pas, l’action marcherait toujours ; quoique absolument inutiles, dis-je, ne s’éloignent point de l’intention de la scène, car, s’ils la coupent plusieurs fois, ils la renouent par la même badinerie qui est tirée du fond de l’intention de la scène. » Les lazzi auraient dû, en effet, être toujours suggérés par la situation ou tout au moins d’accord avec elle.

62. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Mais la grande innovation qu’il faut remarquer et qui nous oblige de fixer à cette date le point de départ d’une nouvelle période dans l’histoire de la comédie italienne à Paris, c’est que ces acteurs commencent alors à insérer dans leurs pièces des scènes en français, des chansons en français, ce qui amène peu à peu une transformation complète dans leur répertoire. […] On aperçoit dans les canevas nouveaux ou refaits à cette époque, bien des idées comiques qui, à coup sûr, avaient passé par là scène française. […] Les vieux types de la commedia dell’arte y furent dénigrés, proscrits, par suite de l’influence de la comédie française, avec une rigueur qui ne fut dépassée que par l’Allemagne où, dans une représentation solennelle, le pauvre Arlequin fut brûlé en effigie sur la scène de Leipsig. […] La scène ayant duré un peu de temps, Arlequin leva enfin son masque, et ils s’embrassèrent tous deux avec les ha, ha ! […] Né en 1608, il vécut encore trois années après avoir quitté la scène.

63. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [94, p. 138-139] »

[94, p. 138-139] L’abbé Dubos287 admire dans la scène 7 du troisième acte288 du Misanthrope, la saillie de ce même personnage, qui rendant un compte sérieux des raisons qui l’empêchent de s’établir à la cour, ajoute, après une déduction des contraintes réelles et gênantes qu’on s’épargne en n’y vivait point : « On n’a point à louer les vers de messieurs tels. »289 Cette pensée devient sublime, dit-il, par le caractère connu du personnage qui parle, et par la procédure qu’il vient d’essuyer, pour avoir dit que des vers mauvais ne valaient rien. […] Il y a une erreur ici car dans l’Acte III il n’y a que cinq scènes. […] Ce vers figure à l’Acte III, scène 5, vers 1096.

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