Voltaire remarque simplement qu’il fut, « si on ose le dire, un législateur des bienséances du monde, » et il ne corrige l’étrange étroitesse de cet éloge que par ces quatre mots : « On sait assez ses autres mérites814. » Il est inutile de citer autrement que pour mémoire, sauf quelques points où elles se trouvent par hasard d’accord avec le bon sens, les opinions sorties du cerveau malade de J. […] La morale d’un homme comme lui n’est pas seulement celle qu’il conçoit ni même celle qu’il a la prétention d’exprimer : c’est surtout celle qu’il introduit dans le monde par ses œuvres, et qu’il établit irrésistiblement dans l’âme de ses spectateurs sans qu’ils s’en doutent, et souvent sans s’en douter lui-même831.
Il se vit bientôt obligé d’interrompre ses méditations philosophiques pour entrer dans le monde. […] La consultation des quatre docteurs qui, au lieu de discuter sur la maladie de Lucinde, s’entretiennent de leurs mules et des nouvelles du monde, ne recommande pas moins L’Amour médecin que la scène si originale des donneurs d’avis ; chacun insinue un conseil en rapport avec ses petits intérêts, et les réponses, Vous êtes orfèvre, M. […] Son affiche, qui promettait un prodige de mécanique et d’obéissance dans une épinette, lui attira du monde les premières fois suffisamment pour que tout le public fût averti que jamais on n’avait vu une chose aussi étonnante que l’épinette du Troyen. […] car il n’y a point de personne au monde qui soit moins façonnière que moi.
Scaramouche étant resté absent l’espace de trois années, de 1667 à 1670, sa rentrée attira un tel concours de monde que, les jours où Molière jouait, la salle était déserte ; et ce n’est que Le Bourgeois gentilhomme qui ramena le public.
La, en vous répondant si juste, les yeux fort ouverts ; mais il ne s’en sert point, il ne regarde ni vous ni personne, ni rien qui soit au monde. […] Ces gens-là sont la plus méchante nation du monde ; au lieu que celui-ci est honnête & modéré. […] Dans les Mondes.
Ils disent tout au monde.
Monsieur, votre vertu m’est tout-à-fait considérable ; & je vous donne ma fille avec la plus grande joie du monde.
Je les priai vainement de me dégager seulement un bras, une main, un doigt ; je faisois les plus grands efforts du monde pour me débarrasser de mes liens ; jusques-là que les Dames crurent, peu de temps après, que je les avois rompus.
C’est une suite de traits dont aucun n’est perdu; celui-ci est pour moi, celui-là est pour mon voisin ; et ce qui prouve le plaisir que procure une imitation parfaite, c’est que mon voisin et moi nous rions du meilleur cœur du monde de nous voir ou sots, ou faibles, ou impertinents, et que nous serions furieux, si on nous disait d’une autre façon la moitié de ce que nous dit Molière.
Ces deux carognes-là font le malheur de ce monde avec les devoirs, les inquiétudes, les constipations qu’elles y introduisent, au lieu de le laisser aller comme il veut.
il était tranquille, au comble de la gloire, et peut-être sur une haute montagne, où, selon l’ordre que Dieu a établi dans ce monde, on trouve aussi une allée123. » Le 30 juin, madame de Sévigné représente Jo dans l’innocence et la solitude de la campagne. « Jo est dans les prairies en toute liberté et n’est observée par aucun argus.
L’Auteur a voulu dire, sans doute, que les comiques venus après Moliere & Regnard, ayant perdu de vue cette gaieté naturelle avec laquelle on doit faire parler les valets, cet esprit souple, délié avec lequel on doit les faire agir, n’ont plus osé en introduire sur la scene ; mais il est ridicule de dire, parceque l’impuissance des Auteurs les a bannis du théâtre, qu’ils ne jouent plus le même personnage dans le monde.
Le jour de l’accouchement arrive, une fille vient au monde ; Magnifico, ne voulant point donner la somme convenue, montre au Docteur le fils d’un de ses cousins, né le jour même, & fait ensuite élever sa fille Diane sous le nom de Fédéric, & sous les habits d’un Cavalier. […] Comment auroit-il pu l’avoir dit, ce Virgile, Puisque je suis certain que, dans ce lieu tranquille, Ame du monde enfin n’étoit là que nous deux ?
La belle lui répond qu’en attendant il vouloit l’embrasser, & qu’elle avoit eu toutes les peines du monde à se défendre. […] il ne te manquoit donc plus qu’à faire l’hypocrite, pour être le plus accompli scélérat du monde !
Dans la piece latine, Bromie, servante d’Amphitrion, vient dire au spectateur, dès le commencement du cinquieme acte, que Madame a mis au monde deux garçons, qu’elle a furieusement eu peur, parcequ’il a beaucoup tonné, & que Jupiter a paru devant elle pour lui dire que l’un des garçons étoit de sa façon. […] Le grand Dieu Jupiter nous fait beaucoup d’honneur, Et sa bonté sans doute est pour nous sans seconde : Il nous promet l’infaillible bonheur D’une fortune en mille biens féconde, Et chez nous il doit naître un fils d’un très grand cœur, Tout cela va le mieux du monde : Mais enfin coupons aux discours, Et que chacun chez soi doucement se retire.
En effet, Monsieur, les Topinambous, qui demeurent quatre ou cinq cents lieues au-delà du monde, vinrent bien autrefois à Paris ; & l’autre jour encore les Polonois enleverent bien la Princesse Marie en plein jour à l’hôtel de Nevers, sans que personne osât branler. […] Est tombé dans une disgrace la plus étrange du monde. […] Il nous a fait mille civilités, nous a donné la collation, où nous avons mangé des fruits les plus excellents qui se puissent voir, & bu du vin que nous avons trouvé le meilleur du monde.
Le monde n’était point alors désabusé de l’astrologie judiciaire, on y croyait d’autant plus qu’on connaissait moins la véritable astronomie. […] L’entêtement de Philaminte, et la haute idée qu’elle a conçue des talents et de l’esprit de Trissotin, font le nœud de la pièce ; un sonnet et un madrigal, que ce prétendu bel esprit récite avec emphase dans la scène cinquième du troisième acte, la confirment dans la résolution qu’elle avait déjà prise de marier au plus tôt Henriette avec l’homme du monde qu’elle estime le plus. […] Trissotin, n’est pas moins plaisant ; et cet entêtement, aussi fort que celui du père dans Tartuffe, durerait toujours si, par un artifice ingénieux de la fausse nouvelle d’un procès perdu et d’une banqueroute (qui n’est pas d’une moins belle invention que l’exempt dans L’Imposteur), un frère, qui, quoique bien jeune, paraît l’homme du monde du meilleur sens, ne le venait faire cesser, en faisant le dénouement de la pièce.
La Pièce étant achevée, Monsieur de Molière vint sur le Théâtre, et après avoir remercié Sa Majesté en des termes très modestes, de la bonté qu’elle avait eue d’excuser ses défauts et ceux de toutes sa Troupe, qui n’avait paru qu’en tremblant devant une Assemblée si Auguste ; il lui dit que l’envie qu’ils avaient eue d’avoir l’honneur de divertir le plus grand Roi du monde, leur avait fait oublier que Sa Majesté avait à son service d’excellents Originaux, dont ils n’étaient que de très faibles copies ; mais que puisqu’Elle avait bien voulu souffrir leurs manières de campagne, il la suppliait très humblement d’avoir agréable qu’il lui donnât un de ces petits divertissements qui lui avaient acquis quelque réputation, et dont il régalait les Provinces.
Avec Diafoirus et fils, Argan qu’il nomme Orgon, Purgon qu’il transforme en Turbon (car son oreille néerlandaise n’avait retenu ni compris les noms propres), ce pauvre hère fabriqua la plus plate, la plus fade, la plus triste comédie du monde, preuve éclatante de ce que vaut le style, même au théâtre.
« La nation est vraiment comédienne, disait encore le président de Brosses en 1740 ; même parmi les gens du monde, dans la conversation, il y a un feu qui ne se trouve pas chez nous qui passons pour être si vifs. » Ajoutez que dans l’Italie catholique la profession du théâtre fut sans contredit plus considérée qu’en aucun pays du monde ; les princes et les cardinaux témoignaient pour cet art une admiration sans scrupules.
À la vérité, il a excellé dans ses portraits et je trouve ses comédies si pleines de sens, qu’on devrait les lire comme des instructions aux jeunes gens, pour leur faire connaître le monde tel qu’il est… » Il ne faut accueillir toutes ces assertions qu’avec beaucoup de réserve.
Cette dégradation des femmes savantes sauvait Molière du danger d’essayer le ridicule contre des personnages sur lesquels le ridicule ne mordait point, et du danger des inimitiés puissantes, mais il n’allait point au but, qui était d’affaiblir la considération des gens du monde, dont le poids était incommode pour la cour et dangereux pour le spectacle de Molière ; et d’ailleurs il avait peu de succès à attendre d’un ouvrage qui reproduisait la préciosité au moment où elle venait de rassasier le public, et où, par l’influence du théâtre même, elle cessait d’exister dans le monde.
On sait que ce pied-plat, digne qu’on le confonde, Par de sales emplois s’est poussé dans le monde, Et que par eux son sort, de splendeur revêtu, Fait gronder le mérite & rougir la vertu.
On distingue parmi ses écrits, ses Eloges, son Histoire des Oracles, & sa Pluralité des Mondes.
Mais, pour ton maître, en tout fait pour orner le monde, C’est un meurtre ; & je dois, par raison, arracher Son mérite au repos qui semble le cacher.
Le jugement des premiers est suspect dans le monde ; les autres n’ont le droit de décider définitivement que sur les modes.
Purge le monde de flatteurs, & commence par elle....
Il joua dans le monde savant une sorte de rôle.