En effet, il change sans hésiter toutes ses habitudes de composition, il prodigue les scènes épisodiques, et multiplie les personnages qui entrent, sortent et ne reviennent plus, mais laissent sur le tissu du drame l’empreinte de leur passage. […] Geffroy, qui jouait pour la première fois le rôle de don Juan, l’a composé avec beaucoup d’art, et n’y laisse à désirer qu’un peu plus d’abandon et de gaieté.
Elle se persuadait, avec raison, que la bienveillance, l’amitié même dont la marquise pénitente lui avait donné des témoignages au moment de leur séparation, laisseraient bientôt renaître les jalousies et les défiances de la marquise rentrée en faveur. […] Il a laissé un petit bois sombre qui fait fort bien Il y a un bois entier d’orangers dans de grandes caisses.
Molière nous le laisse ignorer, et peut-être eût-il dû nous en instruire. […] Dans Pourceaugnac, comme dans les comédies de Plaute et de Térence, un personnage subordonné par sa condition, mais supérieur par l’audace et les ressources de son esprit, anime tout, conduit tout ; et, se réservant en entier le danger et la gloire de l’entreprise, ne laisse à ceux qui en ont fait les frais, que le soin d’en recueillir les fruits. […] Leur savoir, leur capacité donne du relief à leur bévue, et atteste d’autant mieux l’insuffisance d’un art qui semble ne laisser à ceux qui le pratiquent avec le plus de succès, que le choix entre ces deux erreurs également funestes : voir ce qui n’est pas, et ne pas voir ce qui est. […] Ne serait-il pas temps, enfin, de laisser en paix les Pourceaugnacs, et d’imiter autrement Molière, qu’en refaisant sans cesse une de ses moins bonnes comédies ?
… pour avoir vu le Harpagon, il était devenu un petit dissipateur, et il ne se laissait manquer de rien : il buvait, il mangeait tous les jours : c’est une chose bien terrible pour moi.
En entrant à l’hôtel de Rambouillet on laissait la politique et les intrigues à la porte ; en allant à la cour, les habitudes de l’hôtel de Rambouillet se dissimulaient et cédaient au ton dominant.
J’avoue qu’il y a dans ces paroles un air de libertinage et d’impiété qui révolte ; se faire Prédicateur, ou se faire Comédien sont deux choses qui ne peuvent se mettre dans une même balance que par des gens qui n’ont aucun sentiment de Religion ; mais cependant il ne laisse pas d’être vrai que la vue générale de ces deux professions si opposées, est la même : c’est de toucher celui qui écoute. […] J’ai laissé tout cela à penser au Lecteur ; mais mon Censeur ne pense point, et s’en tient au premier sens des termes ; il faut tout lui dire pour qu’il le sente. […] Quant à ce qui se passa après que Molière fut mort, je laisse à mon Censeur de nous le donner.
Don Juan, qui respecte la vieillesse de son rival, & qui n’a voulu, en se battant, que donner le temps à son valet de parler à Léonor, se laisse désarmer, fait une fausse confidence au Jaloux, lui dit en secret, & comme malgré lui, que la dame enfermée dans sa maison est Dona Luisa.
Nous avons vu la corruption des mœurs générales se répandre de la cour de François Ier sur la nation entière1, et le spectacle de la société infectée de ces mœurs nous a laissé de pénibles impressions.
Sous ce nom il fait tant de merveilles qu’il entre en grande considération auprès du Roi Don Alphonse, à qui il sauva la vie en un jour de bataille : mais comme ce Monarque étoit prêt de le récompenser, il est surpris de la mort, & ne lui laisse autre chose que les favorables regards de la Reine D. […] Je vous laisse y penser tout le reste du jour.
Milord, en confident discret, Se retire sans bruit, trompant le domestique, Après s’être saisi de la lumiere unique Qu’il avoit fait laisser dans son appartement : Crac, vous prenez, Monsieur, sa place doucement ; Et, sous le voile heureux de la nuit favorable, Vous devenez l’époux de cette Dame aimable.
Elles laissèrent user le cynisme de ces tableaux, cynisme que ne sauvaient pas la gaîté et la verve du poète comique.
Admettons que Les Fâcheux et Le Sicilien puissent être négligés pendant si longtemps et qu’on laisse refroidir L’Impromptu de Versailles : nous réclamerons au moins pour La Critique de L’École des femmes. […] Le Testament de César Girodot se serait contenté assurément de dix représentations, l’année dernière, ou L’Ami Fritz de douze, ou Les Pattes de mouches de trente et une, ou Le Monde où l’on s’ennuie de dix-neuf, pour céder une soirée à Rodogune, à Bajazet, à Don Juan ou aux Fausses Confidences ; le Bougeoir se serait tenu à quarante-deux, pour laisser une petite place au Legs ou à La Critique de l’Ecole des femmes.
Celio a laissé son cabriolet pour se cacher mieux dans l’épaisseur du bois ; il voit l’habit de paysan, le prend, met le sien à la place, bien sûr de se sauver plus aisément à l’aide de ce déguisement, & part.
La jeunesse ignorante et curieuse, à qui l’on assure que son ignorance est plus près du savoir que les bonnes notions acquises par la génération qui la précède, se précipite dans les écoles, flattée de franchir l’espace qui la sépare de cette génération avancée, de gagner même un rang sur elle, de la laisser en arrière, empêtrée qu’est celle-ci dans les anciennes traditions.
Dufresny a dit : « Ce n’est pas étendre la carriere des Arts que d’admettre de nouveaux genres ; c’est gâter le goût ; c’est corrompre le jugement des hommes, qui se laisse aisément séduire par les nouveautés, & qui, mêlant ensuite le vrai avec le faux, se détourne bientôt, dans ses productions, de l’imitation de la nature, & s’appauvrit en peu de temps par la vaine ambition d’imaginer & de s’écarter des anciens modeles ».
Sa vie personnelle intervient malgré lui, souvent même à son insu, dans le travail de son imagination ; il veut rire, il veut égayer ceux qui l’écoutent, et l’amertume se laisse deviner dans ses plus joyeuses railleries.
Beltrame se laisse persuader.
Plus tard, marchant de moins près sur les pas de ces précurseurs étrangers, il ne laisse pas de leur demander ce qu’il dédaigne ou néglige d’inventer : les nœuds de l’intrigue et les surprises du dénouement ; par exemple, ces filles enlevées dans leur jeunesse qui retrouvent leurs parents à la fin du cinquième acte de L’École des femmes, de L’Avare, des Fourberies de Scapin, viennent plus directement de la comédie italienne que de la comédie antique : celle-ci les avait léguées à celle-là, qui avait singulièrement grossi l’héritage.
Il n’a pas laissé de mémoires ; il n’a pas laissé de correspondance ; on n’a de lui que quelques préfaces, des dédicaces plutôt, qui ne contiennent rien de personnel, où l’on ne trouverait pas la plus petite profession de foi, soit philosophique, soit littéraire, et qui sont d’une réserve, d’une modestie extraordinaire, surtout si on les compare aux préfaces de notre temps.
Je le crois grand poète, parce que j’apprends qu’on récitait ses vers après sa mort, et qu’on l’avait laissé mourir de faim pendant sa vie.
L’abbé Testu m’y croit déjà ; mais dites-lui, s’il vous plait, qu’il se contente de m’écrire de très froids billets et qu’il vous laisse faire des gazettes de tout ce qui vous viendra à la tête.
« Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise ; il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la comédie, il a quelque talent pour la farce ; et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gauthier-Garguille, ni les impromptus de Turlupin, ni la bravoure du Capitan, ni la naïveté de Jodelet, ni la panse de Gros-Guillaume, ni la science du docteur, il ne laisse pas de plaire quelquefois et de divertir en son genre. Il parle passablement français ; il traduit assez bien l’italien, et ne copie pas mal les auteurs, car il ne se pique pas d’avoir le don de l’invention, ni le beau génie de la poésie ; ce qui fait rire en sa bouche fait souvent pitié sur le papier, et l’on peut dire que ses comédies ressemblent à ces femmes qui font peur en déshabillé, et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites tailles qui, ayant quitté leurs patins, ne sont plus qu’une partie d’elles-mêmes. […] « Le sien, dit-il, ne cajole point la femme de l’homme opulent à qui il a su imposer ; il ne lui fait du moins ni avance, ni déclaration ; il s’enfuira, il lui laissera son manteau s’il n’est aussi sûr d’elle que de lui-même ; il est encore plus éloigné d’employer pour la séduire le jargon de la dévotion ; ce n’est point par habitude qu’il le parle, mais avec dessein et selon qu’il lui est utile, et jamais quand il ne servirait qu’à le rendre très ridicule. » L’Onuphre de La Bruyère est un pénitent exténué par le jeûne ; il a peu de mérite à jouer l’abstinence et la chasteté : il est sans passion, sans désirs ; mais le Tartuffe de Molière est un homme ardent, plein de feu, de santé ; sa convoitise est sans cesse excitée par l’aspect d’une femme jeune et belle, dont le mari est vieux et dévot, et qui paraît d’ailleurs un peu portée à la coquetterie. […] Il en est tellement préoccupé qu’il ne semble pas très empressé d’accepter la main de Marianne, et qu’il se laisse plutôt solliciter par Orgon qu’il ne le sollicite lui-même.
Ergaste s’impatiente et dit à son maître : Si de ce long récit vous n’abrégez le cours, Le jour achèvera plutôt que ce discours : Laissez-moi le finir avec une parole, etc. […] Laissez-moi le finir en deux mots, etc. […] Le spectacle d’ailleurs, quoique outré, et hors du vraisemblable, mais parfaitement bien exécuté, attirait les spectateurs ; et on laissait gronder les critiques, sans faire attention à ce qu’ils disaient contre cette pièce. » On prétend que Molière a peint le caractère du Bourgeois gentilhomme d’après une personne qui avait à peu près le même ridicule : mais lorsque l’on veut vérifier cette prétendue anecdote, on nomme vingt personnes différentes ; ce qui engage à croire que Molière n’a eu que des vues générales en composant ce personnage.
Il ne laissa qu’une fille, qui avait beaucoup d’esprit. […] Cela ne se peut pas, répliquait Don Juan : DIEU ne saurait laisser mourir de faim ceux qui le prient du soir au matin. […] Molière voyant tant d’ennemis qui allaient attaquer sa personne encore plus que sa pièce, voulut laisser ces premières fureurs se calmer : il fut un an sans donner Le Tartuffe ; il le lisait seulement dans quelques maisons choisies, où la superstition ne dominait pas.
Voilà le caractere & l’intrigant d’intelligence, & qui visent au même but ; mais Laurette, en se chargeant de brouiller les amants, prend tout sur son compte, & ne laisse plus rien à faire à Ismene.
Les sciences ont leur méthode, leur grande roule royale où elles marchent sûrement, et s’il ne se rencontre que de siècle en siècle des Newton et des Cuvier pour leur faire faire des pas de géant, les plus petits garçons, s’ils reprennent les choses au point où ces grands hommes les ont laissées, peuvent les faire avancer un peu tous les jours.
Croyez-moi, Ne laissez pas duper vos yeux à trop de foi.