Alise respire encore ; sa vie m’étoit nécessaire pour sauver la vôtre : je vais profiter de la ressemblance que le Ciel a mise entre elle & vous ; elle entrera dans le lit de Pepin & y recevra la mort.
Le coup manqua cependant ; et Brécourt, jugeant que sa vie n’était pas en sûreté après la découverte d’un semblable dessein, prit sur le champ la poste et revint en France. […] Celle-ci lui coûta la vie : il se rompit une veine par les efforts qu’il fit pour en bien rendre le principal rôle, et mourut des suites de cet accident. […] Elle le fut si bien, qu’arrivée à Paris en 1658 avec la troupe de Molière, Mademoiselle Hervé y resta pendant toute la vie de ce grand-homme. […] Une grande partie des détails de sa vie, entrant nécessairement dans celle de Molière, cet article doit être court, et ne peut concerner que la comédienne, non la femme de l’auteur célèbre qui lui dut une existence pénible, et peut-être une mort prématurée.
Les comédiens, charmés d’un tel succès, voulurent que Molière eût toute sa vie double part chaque fois qu’on jouerait la pièce. […] Un coup d’œil jeté sur les circonstances de sa vie suffit pour en faire juger. […] Nous tromperions-nous en admirant Tartuffe comme un personnage plein de vie et de vérité, naturel et dramatique à la fois ?
Arbitre de mon sort, Vous tenez en vos mains & ma vie & ma mort.
Il est impossible que je soutienne longtemps la vie que je mène.
A la suite, est la vie de Molière, et le jugement que je porte sur le génie de cet écrivain, qui a contribué si puissamment à la prééminence que le théâtre français a sur tous les autres. […] Son premier mouvement est d’imiter ; et, sans ce moyen, comment conserverait-il son existence, lui qui, pendant les deux premières années de sa vie, est privé du don de la pensée, du moins de la faculté de la communiquer.
Austère philosophe armé de la satire, Des secrets dont les yeux creusaient la profondeur, Tu ne pus sans tristesse observer la laideur, Et puis, le sort cruel, pour tourmenter ta vie, Déchaîna deux démons, la Béjart et l’envie.
L’amante de ce même Officier se déguise en homme pour le suivre : il est accusé de rapt par les parents de la demoiselle ; il est cité devant un Tribunal qui va le condamner à perdre la vie, quand Arlequin change le Tribunal en moulin à vent : les quatre Juges paroissent attachés aux quatre voiles, & tournent avec elles.
. — Aspect ordinaire de la vie italienne au seizième siècle, d’après les vignettes du temps.
De la façon pourtant qu’il s’en est acquitté, Je le tiens en cela très expérimenté : Je crois que de sa vie il n’a fait autre chose ; Et nonobstant les maux que telle action cause, Tout pauvre que je suis, je lui donnerois bien, Pour souffleter ainsi, la moitié de mon bien. […] Hautement d’un chacun elles blâment la vie, Non point par charité, mais par un trait d’envie Qui ne sauroit souffrir qu’un autre ait les plaisirs Dont le penchant de l’âge a sevré leurs desirs.
Le père, qui donne la vie et l’instruction, qui fait des hommes et des citoyens à son image, est, de par l’universelle morale, la puissance toujours et partout respectée par toutes les religions et tous les codes. […] Qu’on se rappelle les pères de Térence707, et même quelques pères de Plaute708, et qu’on dise s’il n’y a pas plaisir à voir la discrète assiduité, l’inquiète sollicitude avec laquelle ils suivent la conduite de leurs fils entrant dans la vie ; si l’on n’est pas touché de la sage ardeur qu’ils déploient à les rendre bons et heureux ; si l’on ne respecte pas le soin jaloux qu’ils mettent à s’entourer pour leurs vieux jours d’une famille aimante ?
Grimaret, Auteur d’une vie de Moliere, dit que Pourceaugnac fut fait à l’occasion d’un Gentilhomme Limousin, qui, un jour de spectacle, & dans une querelle qu’il eut sur le théâtre avec les Comédiens, étala une partie du ridicule dont il étoit chargé.
Par un vieux Corsaire d’Alger De chaînes je me vois charger, Ainsi conduit droit eu Turquie, Où je croyois passer ma vie Dans le serrail du Grand Seigneur, Où je fus placé par bonheur, Pour y coeffer toutes les belles, Et même pour veiller sur elles. […] J’aurois assouvi leur envie, Sans regret de quitter la vie.
Après avoir disposé de tous ses effets pour acquitter ses dettes, il ajoute : « Mais comme il pourroit se trouver quelques créanciers qui ne seroient point payés quand même on auroit réparti le tout ; dans ce cas ma volonté derniere est qu’on vende mon corps aux Chirurgiens le plus avantageusement qu’il sera possible, & que le produit en soit appliqué à la liquidation des dettes dont je suis comptable à la Société ; de sorte que si je n’ai pu me rendre utile pendant ma vie, je le sois au moins après ma mort ».
Celui-ci va mourir ; lui rendrai-je la vie ?
Si vous persévérez dans un tel genre de vie, vous ferez retourner le temps en arrière et vous reviendrez bientôt à l’âge de dix ans.
Le même jour, cette dame étant allée chez madame de Montespan, celle-ci la pensa étrangler et lui fit une vie enragée.
X, p. 87 à 89, et Loiseleur, Points obscurs de la vie de Molière, p. 379.
Par sa conversation, la vie sociale s’était perfectionnée ; les personnes s’étaient classées ; les sympathies d’esprit, de cœur, de caractère, même de conditions sociales, s’étaient rencontrées, reconnues, agrégées ; les existences se touchaient diversement ; les distinctions les plus faiblement marquées entre les personnes, mettaient des nuances dans leurs relations réciproques.
Puisque vous le voulez, que je perde la vie Lorsque de vous parler je reprendrai l’envie. […] Peut-être en seroit-il beaucoup mieux pour ma vie Si je...
Pour moi, je crois très fermement que l’homme est fait pour être imitateur, qu’il naît avec le desir de l’imitation, qu’il lui doit toute sa gloire, & qu’il ne fait qu’imiter pendant toute sa vie. […] Je ne citerai point ceux de nos Auteurs qui laissent passer devant eux dans la société des choses naturelles, pour ne recueillir que deux ou trois mots à la mode, & quelques tournures de phrase dont on se moquera bientôt ; ceux qui ne voient rien de pittoresque dans les hommes tels qu’ils sont, & s’en forment d’imaginaires ; ceux qui ne remarquent aucune situation plaisante dans le cours de la vie humaine, dans le train du monde, & voient tout du côté noir ou larmoyant : c’est encore Scarron qui va nous servir de preuve convaincante.
« C’est, disait-il, un fanfaron de vices; il vaut mieux que sa réputation. »Par malheur cette réputation n’avait rien de calomnieux; et le régent futur, entouré de jeunes libertins comme lui, ne donnait déjà que trop réellement le scandale d’une vie licencieuse et déréglée. […] Des retours importuns évitons le souci Rien n’use tant l’ardeur de ce nœud qui nous lie Que les fâcheux besoins des choses de la vie ; Et l’on en vient souvent à s’accuser tous deux. […] Vous retracer ce que vous avez chaque jour sous les yeux n’est pas le moyen de vous plaire; mais ce qui ne se présente point à vous dans la vie habituelle, l’extraordinaire, le romanesque, voilà ce qui vous charme, et c’est là ce qu’on s’empresse de vous offrir. […] Tous ces défauts humains nous donnent dans la vie Cent moyens d’exercer notre philosophie ; C’est le plus bel emploi que trouve la vertu ; Et si de probité tout était revêtu, Si tous les cœurs étaient francs, justes et dociles, La plupart des vertus nous seraient inutiles, Puisqu’on en met l’usage à pouvoir, sans ennui, Supporter dans nos droits l’injustice d’autrui. […] Puis à Damis : Oui, mon cher fils, parlez : traitez-moi de perfide, D’infâme, de perdu, de voleur, d’homicide, Accablez-moi de noms encor plus détestés ; Je n’y contredis point, je les ai mérités, Et j’en veux à genoux souffrir l’ignominie, Comme une honte due aux crimes de ma vie.
Et, sur ce fondement, Peut-être pensez-vous qu’il vit obscurément ; Et que de ses pareils l’austere économie Exerce incessamment toute sa prud’hommie ; Qu’il excelle dans l’art de vivre à peu de frais ; Qu’avec le jour naissant il s’enferme au Palais ; Qu’à ce triste devoir son ame est asservie, Et qu’à l’amour du bien il immole sa vie ?
Vie de Moliere, par Grimaret.
Il s’était joué lui-même sur cette incommodité dans la cinquième Scène du second Acte de L’Avare, lorsque Harpagon dit à Frosine « Je n’ai pas de grandes Incommodités Dieu merci, il n’y a que ma fluxion qui me prend de temps en temps ; » À quoi Frosine répond, « Votre fluxion ne vous sied point mal, et vous avez grâce à tousser. » Cependant c’est cette toux qui a abrégé sa vie de plus de vingt ans.