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15. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Molière, de retour à Paris, rapportait dans son bagage deux grandes pièces déjà jouées en province : L’Étourdi, ou les Contre-temps et Le Dépit amoureux, et quelques farces par lesquelles on avait coutume de terminer le spectacle, et dont l’une, Le Docteur amoureux, valut principalement à la nouvelle troupe, dans l’importante représentation du 24 octobre, la faveur du roi et de la cour. […] En ce qui concerne les Farces que Molière avait composées pour sa troupe, et qu’il rapportait de province, la part qui devait revenir à l’Italie dans ces ébauches n’était guère, selon toute apparence, moins considérable que celle qui lui revenait dans les grandes pièces. […] Il y a autre chose à remarquer dans ces petites pièces dont Molière, suivant ses propres expressions, régalait les provinces, et auxquelles il ne renonça pas en s’établissant à Paris. […] La troupe de Molière, qui avait fait son apprentissage dans les provinces du Midi les plus fréquemment visitées par les comédiens d’au-delà des monts, où les populations avaient aussi pour l’improvisation un goût vif et naturel, était demeurée fidèle à ces libres divertissements dont les Italiens avaient, à Paris, le privilège presque exclusif. […] Chapuzeau nous explique pourquoi l’on donnait la préférence aux jours ordinaires : « Ces jours ont été choisis avec prudence, dit-il, le lundi étant le grand ordinaire pour l’Allemagne et pour l’Italie, et pour toutes les provinces du royaume qui sont sur la route ; le mercredi et le samedi, jours de marché et d’affaires où le bourgeois est plus occupé qu’en d’autres, et le jeudi étant comme consacré en bien des lieux pour un jour de promenade, surtout aux académies et aux collèges.

16.

En province, de précieux documents sont encore enfouis dans les archives, dans les mairies, dans les minutiers, dans les greffes, dans les greniers peut-être. […] Rolland fût suivi par les lettrés si nombreux de nos départements, et nous aurions ainsi, dans un avenir prochain, reconstitué l’Odyssée complète de Molière en province. […] Il est donc aujourd’hui parfaitement établi que Molière commença par Rouen dès 1643 le cours de ses pérégrinations en province, de même qu’il l’y termina en 1658. […] On se l’explique difficilement, lorsqu’on lit dans Perrault (Hommes illustres) que Molière, partant pour la province, alla d’abord à Rouen. […] Il est à peu près certain que la première édition du Dépit amoureux fut imprimée en province.

17. (1900) Molière pp. -283

Au reste, pour le génie de Molière, ce long séjour en province n’a pas été un malheur. Il faut revenir de province, il faut en revenir assez vite, mais cependant il faut y être allé. […] Si vous voulez voir ce que Molière dut à la province, vous avez un moyen très simple. […] Mais si Molière prit en province de bonnes idées comiques, il faut convenir qu’il les paya leur prix : nous avons peu de documents sur sa vie de province, mais, en lisant ses œuvres, nous trouvons bien des traits de lumière sur ce qu’était alors la province. […] la sotte province ! 

18. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Quelques mois plus tard, Molière quittait définitivement Paris et s’en allait courir les provinces pour treize ans. […] Le grief que l’on y sent tenir le plus au cœur des rédacteurs contre les disciples de Bernières-Louvigny, c’est d’avoir provoqué en Normandie contre le Jansénisme, qui prospérait en cette province, une sorte de soulèvement populaire. […] Même l’immixtion dans la vie publique de ces petites sociétés, créées et dirigées par les Jésuites, ne fut pas sans effrayer, vers cette époque, en province, les autorités locales: en 1631, en Normandie, le Parlement essayait de l’enrayer. […] Leur présence dut maintenir dans le Saint-Sacrement, sinon à Paris, du moins en province, la couleur première qu’il avait reçue de Condren. […] Voyez l’importante circulaire envoyée dès le 8 octobre, par la Compagnie de Paris à ses succursales de province dans notre publication sur la Compagnie secrète du Saint-Sacrement.

19. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Selon la tradition elle a fait représenter deux de ses comédies en courant la province. […] Et comment ne l’aurait-il pas voulue cette autre héroïne de roman égarée en province ? […] Comme sa femme, La Grange avait parcouru la province. […] Pierre qui roule n’amasse pas de mousse, mais les comédiennes qui courent les provinces se font une famille. […] On croit qu’elle avait couru la province avec Molière.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Qu’on n’accorde aucun privilege aux Directeurs, aux Actionnaires de Province, qu’en les soumettant à payer la part d’Auteur durant les trois premieres représentations de toutes les nouveautés : qu’y perdront-ils ? […] On peut objecter à cela qu’à Paris chaque exemplaire coûte trente sols, & qu’on le vend vingt en Province. […] l’Auteur, ayant une fois ses planches, pourroit aisément satisfaire les souscripteurs de la Province : & les contre-factions, toujours imparfaites, ne seroient plus à craindre.

21. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [19, p. 49] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome II, p. 209 Ce même mot fut tourné d’une manière un peu différente, mais non moins satirique, par des comédiens de province.

22. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Après quatre ou cinq années de succès dans la province, la troupe résolut de venir à Paris. […] Cette femme prit la résolution de courir la province avec sa troupe, qui réussit assez partout à cause de son acteur. […] Il fut camarade de Molière en province et à Paris. […] Le dessein que cette société avait de s’établir à Paris n’ayant pas réussi, Molière, qui en était, proposa à ses camarades de se joindre à lui, et de former une troupe pour aller jouer en province. […] A cette époque, c’est-à-dire en 1645, Molière quitta Paris et parcourut la province avec sa troupe.

23. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Heureusement, le gouvernement de la troupe, après cet échec, passa dans ses mains; et, sous sa direction, l’on s’en alla jouer en province. […] Ils allèrent de ville en ville et de châteaux en châteaux, jusqu’aux extrémités du royaume, si mélangé alors de provinces, de mœurs, de langages. Ils portaient avec eux le génie de la France, et ils adoucirent, au fond de leurs donjons, ces vieux tyrans de nos provinces lointaines. […] Ces pérégrinations, ces succès en province durèrent treize années (tout le temps de la Fronde), après quoi l’on commença à se rapprocher de Paris. […] Toutefois, il ne se hâtait pas trop, il n’était pas fâché d’étudier à fond la province : il sentait combien il pouvait, par ces gentils hommes de campagne, donner à rire aux Parisiens.

24. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

La Beauval quitta la province pour venir briller sur le théâtre du Palais-Royal. […] Comédies du même auteur, non imprimées, et jouées en province. […] En quoi il n’eut pas beaucoup de peine, puisque c’était une de ces petites pièces, ou approchant, que la troupe avait représentée (en province). […] Ce fut à Bordeaux qu’il fit son coup d’essai, où M. d’Épernon, qui était alors gouverneur de la province de Guyenne, le goûta et l’honora de son amitié. […] « [*]Après quatre ou cinq années de succès dans la province, la troupe résolut de venir à Paris.

25. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [17, p. 47-48] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome III, p. 347 Perrault dit, dans ses hommes illustres 160, que le père de Molière, fâché du parti que son fils avait pris d’aller dans les provinces jouer la comédie, le fit solliciter inutilement par tout ce qu’il avait d’amis, de quitter cette pensée.

26. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [90, p. 134] »

Fille d’ouvriers, elle joue en amateur à Paris, puis circule en province jusqu’à ses débuts à la Comédie-Française en 1717, où elle fait merveille dans les rôles tragiques touchants.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Quelques Auteurs prétendent que ce grand philosophe n’ayant point parlé de l’unité du lieu, il n’est point nécessaire de l’observer : en conséquence ils ont pris pour le sol de leur scene une ville, une province, un royaume. […] Eh bien, est-il vraisemblable qu’un machiniste puisse en un clin d’œil, & d’un coup de sifflet, transporter les acteurs d’un bout du Royaume à l’autre, ou, ce qui est encore pis, que par la vertu de ce même sifflet, il transporte à la bienséance des acteurs, les différentes villes ou provinces dont ils ont besoin ?

28. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Après quatre ou cinq années de succès dans la Province, la Troupe résolut de venir à Paris. […] Molière qui en homme de bon sens, se défiait toujours de ses forces, eut peur alors que ses ouvrages n’eussent pas du Public de Paris autant d’applaudissements que dans les Provinces. […] Les Comédiens le rassurèrent à Paris, comme dans la Province, et ils commencèrent à représenter, dans cette grande Ville, le 3e de Novembre 1658. […] Et cette Pièce, de même que l’Étourdi, et le Dépit amoureux, quoique jouée dans les Provinces pendant longtemps, eut cependant à Paris tout le mérite de la nouveauté. […] Cette femme prit la résolution de courir la Province avec sa Troupe, qui réussit assez partout à cause de son Acteur.

29. (1819) Deux pièces inédites de J.-B. P. Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] pp. 1-4

Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] Toutes les personnes un peu versées dans la littérature du théâtre savent que Molière, dans sa jeunesse, et lorsqu’il parcourait la province en jouant la comédie, a composé plusieurs farces dont les titres seuls étaient connus jusqu’ici.

30. (1899) Salut à Molière, dit par Coquelin cadet, le soir du 15 janvier, pour le 277e anniversaire de la naissance de Molière, sur la scène de la Comédie-française pp. 3-8

Il musarde aux rues de Paris, court les routes de provinces, portant légèrement son génie.

31. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Quelques-uns d’entre eux prirent parti avec Moliere & le suivirent en Languedoc, où il offrit ses services à monsieur le prince de Conti, qui tenoit à Béziers les états de la province. […] A la fin de la piéce, Moliere ayant fait au Roi un remerciement, dans lequel il sçut adroitement louer les comédiens de l’hôtel de Bourgogne qui étoient présens, il demanda la permission de donner un de ces divertissemens qu’il avoit joués dans les provinces, il l’obtint ; le docteur amoureux fut représenté & applaudi. […] n’est qu’une peinture simple des ridicules qui étoient alors répandus dans la province, d’où ils ont été bannis, à mesure que le goût & la politesse s’y sont introduits. […] La Beauval quitta la province pour venir briller sur le théatre du palais Royal. […] Outre les ouvrages qu’on a rassemblés dans cette édition, & plusieurs piéces qu’il avoit composées pour la province, il avoit laissé quelques fragmens de comédies qu’il devoit achever, & même quelques-unes entieres.

32. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

L’anniversaire de Molière a été célébré en province, par quelques poètes et quelques comédiens moins autorisés que les artistes de la Comédie-Française. […] Jusqu’alors, il doutait encore de lui-même, en proie aux soucis et aux contrariétés, allant de province en province… Le premier effort de son génie se manifesta d’une façon encore bien modeste dans Le Dépit amoureux. […] Il en avait un magasin d’ébauchés par la quantité de petites farces qu’il avait hasardées dans la province. » On a vu qu’il avait débuté au Louvre par le Docteur amoureux. […] Il rapportait de la province une science profonde de la vie et des travers humains. […] De Turin à Venise et de Florence à Rome, Gianduja, Pantaleone, Stenterello, Meneghino viennent déposer de la verve ou de la sottise d’une province.

33. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Le Prince de Conti lui confia la conduite des plaisirs & des spectacles qu’il donnoit à la Province ; & ayant remarqué en peu de tems toutes les bonnes qualitez de Moliere, son estime pour lui alla si loin, qu’il voulut le faire son Secretaire, mais celui-ci aimoit l’indépendance ; & il étoit si rempli du dessein de faire valoir les talens qu’il se connoissoit, qu’il pria Monsieur le Prince de Conti de lui laisser continuer la Comédie, & la place qu’on lui proposoit fut donnée à M. […] Après quatre ou cinq années de succès dans la Province, Moliere quitta le Languedoc avec l’agrément du Prince de Conti, & amena sa Troupe à Paris : Monsieur, frere unique du Roi, lui accorda sa protection, eut la bonté de le presenter au Roi & à la Reine sa mere, & permit à sa Troupe de prendre le nom de Comédiens de Monsieur ; il lui donna le Théatre du petit Bourbon, & peu de tems après celui du Palais Royal.

34. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

Lorsque Molière refit sa pièce, il mit Limoges au lieu de Naples ; il métamorphosa le Napolitain en Limousin pour le public ordinaire de Paris, afin que le ridicule portât davantage, — toujours la rivalité de Paris et de la province ! […] Molière, sentant que ses acteurs ne valaient pas, en tragédie, les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, s’avança sur la scène après la représentation, remercia le roi, et demanda l’autorisation de jouer une des deux petites comédies qui, en province, lui avaient acquis le plus de réputation. […] Fournier, et la Revue des provinces, 15 janvier 1865, article de M.

35. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Les recherches ont été poursuivies sans relâche dans tous les dépôts, tant de Paris que de la province. […] Paris ne voulait pas d’elle ; elle quitta Paris et alla demander à la province, moins exigeante, un plus favorable accueil. […] Le mouvement gagna rapidement les provinces, où il redoubla la licence. […] La province était alors infiniment variée d aspects, de costumes, de types et de mœurs. […] Les dernières années de leurs courses en province avaient été fructueuses.

36. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

À peine eut-il achevé ses Études, où il réussit parfaitement, qu’il se joignit avec plusieurs jeunes gens de son âge et de son goût, et prit la résolution de former une Troupe de Comédiens pour aller dans les Provinces jouer la Comédie.

37. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

A cette date, son père terminait, comme chef d’une troupe de campagne, cet apprentissage des provinces qui devait le conduire, deux ans plus tard, chez Molière, au théâtre du Petit-Bour-bon ; et c’est probablement dans une ville de Bourgogne, — d’après une récente indication donnée par M. […] Il donnoit quelquefois pour des pièces faites en peu de jours celles qu’il avoit déjà avancées à loisir dans le tems qu’il estoit en province, comme sa comédie des Fâcheux qui parut commencée et achevée en quinze jours‌ 28. […] R., après le décès de laquelle il se maria en la province de Brie, où il embrassa la vraie religion, et quelque temps après plaça ledit supliant, son fils aîné, dans les gardes du Roy Louis XIII, père de Sa Majesté, où il porta le mousquet dans la compagnie de M. de la Besne, et depuis servit en qualité d’enseigne dans le régiment de Rambure, et après, la réforme de quelques compagnies de ce régiment lui fit prendre le parti de la comédie, dans laquelle il a servi depuis vingt-cinq ans, comme il fait encore à présent, au divertissement de Sa Majesté. […] Elle n’a pas été jouée ; Les Nobles de province, de cinq actes, en vers, 1678 ; Crispin musicien, de cinq actes, en vers, 1674231. […] Sa tante, Madeleine Lemoyne, femme de Nicolas Lion, sieur de Beaupré, comédien du duc d’Angoulême en 1630 et directeur de troupe en 1647, florissait de 1633 à 1636 ; elle joua ensuite en province.

38. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Après ses caravanes en province, lorsqu’il est de retour à Paris en 1659, Molière partage encore avec les acteurs italiens la salle du Petit-Bourbon ; ils jouent alternativement sur les mêmes planches, un jour les uns, un jour les autres.

39. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

« Ce que vous me demandez n’est plus un mystère qu’en province.

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