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128. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Aussi Noverre ne s’y trompait pas lorsqu’il écrivait dans ses Lettres sur la danse : « Dussé-je me faire une foule d’ennemis sexagénaires, je dirai que la musique dansante de Lulli est froide, langoureuse et sans caractère. »À la vérité, le grand roi n’aimait et ne voulait que cette danse emperruquée ; à ses yeux comme à ses oreilles, un seul genre était bon : le genre ennuyeux.

129. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Les bienséances, dans une monarchie, sont une barrière de plus autour du pouvoir, et le besoin, l’amour du pouvoir étaient le fond du caractère de Louis, Sa conduite habituelle offensait la morale, mais il n’avait pas l’intention de l’affronter.

130. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

« Je vois, dit Ulysse dans une tragédie de Sophocle, que nous ne sommes que des images vaines ou des ombres légères. » C’est dans ce sens que disait La Bruyère : « Il n’y a point d’année où les folies des hommes ne puissent fournir un volume de caractères. » Ajoutez : et de Comédies. […] Chaque année un volume de caractères, chaque année une comédie ! […] Aujourd’hui comme autrefois, nous ne manquons pas de ces gens à qui la fortune tient lieu de politesse et de mérite, qui n’ont pas deux pouces de profondeur, à qui la faveur arrive par accident ; seulement ces fortunes subites qui sont le déshonneur de la Fortune elle-même, arrivent, aujourd’hui, par d’autres moyens que les moyens d’autrefois, elles se produisent, dans des lieux différents, avec des caractères tout nouveaux. […] comparez ce chapitre tout nouveau du mérite personnel, avec le même chapitre des mœurs et des caractères de ce siècle ! […] Elle savait confusément que si, d’ordinaire, le comédien et l’artiste passent vite, la durée est un des caractères du grand artiste.

131. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Je ne crains pas de dire qu’il a enfoncé plus avant que Térence, dans certains caractères. […] Ces caractères méritaient sans doute d’être traités suivant les mœurs des Grecs et des Romains. […] Il y a du tigre et du chat dans ce caractère du Tartuffe ; il y a du Richelieu et du Mazarin. […] Une fois accepté, le caractère de ce nouveau Philinte est admirablement tracé. […] comment donc n’avez-vous pas vu depuis longtemps, que c’est l’amour qui a perverti le caractère de cet homme ?

132. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Il est néanmoins certain, et il sera prouvé que la guerre de Molière et de ses amis contre ce qu’ils appelaient les précieuses, a été fort malentendue dans le siècle dernier, qu’elle l’est toujours plus mal, à mesure que nous avançons ; il est de fait que l’unique intention de Molière a été d’attaquer les affectations et l’hypocrisie des Peckes (ou Pécores) provinciales et bourgeoises ; qu’il respectait, non pas l’hôtel de Rambouillet qui ne subsistait plus de son temps, mais les personnages qui en restaient, notamment le gendre de la marquise, ce duc de Montausier, dont il emprunta plusieurs traits pour peindre l’austérité de principes et de goût, et pour en orner le liant caractère de son Misanthrope.

133. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Aussi, après les deux longues comédies d’intrigue de l’Etourdi et du Dépit amoureux, las d’imiter les autres et de remplacer les personnages les plus charmants de la scène par des fictions sans caractère et sans autre intérêt que la beauté des comédiennes ou l’imprévu des situations, il quitta brusquement les contrées chimériques des romans d’aventures pour entrer sur le terrain de la vie réelle, et il attaqua du premier coup la femme par la juste critique du défaut qui dépréciait alors toutes ses autres qualités. […] Il a fait pour la femme ce qu’il a fait pour l’homme : il l’a étudiée et dépeinte avec cette généralité de vue et cette largeur de raison qui donnent à ses œuvres un caractère universel.

134. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Aussi Boileau lui-même y reconnaît-il « une narration également vive et fleurie, des fictions très ingénieuses, des caractères aussi finement imaginés qu’agréablement variés et bien suivis Il fut fort en estime même des gens du goût le plus exquis17 ».

135. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

C’est encore Molière qui, dans un intermède du Malade imaginaire, lui a donné le plus grand rôle ; mais il n’est là qu’un prête-nom ; il ne fait que remplacer le Pédant, comme on le verra dans la suite de ce livre, et n’a point son caractère original.

136. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

  Un acteur qui eut un grand succès dans les rôles naïfs, sous le nom de Bertolino, et qui jouit de la faveur particulière de Victor-Amédée Ier, duc de Savoie, il signor Nicolo Zeccha, fit partie de la troupe des Fedeli ; il paraît y avoir remplacé le Pedrolino de la troupe des Gelosi, avec une nuance un peu différente du caractère.

137. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

La donnée une fois admise, et le spectateur l’accepte volontiers dès qu’il connaît les noms des personnages, l’action n’étonne pas, tant il y a de naturel dans le développement des caractères.

138. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Cet événement fut au nombre de ceux qui concoururent, dans la période de 1670 à 1680, à opérer de grands changements dans la situation, dans l’esprit et le caractère du roi, et a confirmer l’ascendant qu’avaient pris sur les mœurs de la cour les exemples des personnes en qui s’étaient conservées les traditions morales de l’hôtel de Rambouillet.

139. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Le principal mérite du Philinte de Molière par Fabre d’Eglactine est de montrer à l’œuvre les caractères du Misanthrope. […] La Bruyère, Les Caractères, Dès ouvrages de l’esprit.

140. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Gassendi, outre sa science, outre les charmes de son esprit et de son caractère, avait encore, pour augmenter son autorité sur ses jeunes élèves, d’être en relations avec les plus savants hommes de l’Europe. […] Je ne sais mais il me semble retrouver dans l’esquisse inachevée du comédien Destin, quelques traits épars du caractère élevé de Molière. […] Molière, qui toujours chercha et s’entendit si bien à adapter ses personnages au caractère même de ses comédiens, ne savait jamais que faire de celui-ci. […] Il ne l’instruisait pas seulement dans son art ; il cherchait à développer en lui un caractère noble, généreux et vrai. […] C’est ainsi que Molière, pour mieux faire ressortir leur caractère, nous montre ses personnages au plus terrible ou au plus heureux moment de leur vie : le misanthrope, par exemple, au jour où, contre toute justice, il perd vingt-mille francs, où il lui faut, par un ordre du roi, faire des excuses à Oronte de ne pouvoir pas admirer son sonnet, au jour enfin où il est indignement moqué, trahi par Célimène.

141. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Racine, celui des quatre amis dont le caractère avait le plus d’élévation, celui à qui les autres étaient le moins nécessaires, celui dont la marche était la plus sûre à la cour, n’aidait de son talent, ni même n’accréditait par une approbation éclatante, ni la satire directe, ni la comédie satirique ; mais s’il n’était pas celui qui se fît le plus craindre de l’ennemi, c’était celui qui flattait le plus noblement le maître, celui dont l’éloge avait le plus de poids, et qui donnait à l’agrégation des quatre amis le plus de sûreté et de stabilité, parce qu’il était celui qui affectionnait le plus les autres et avait au plus haut degré leur confiance.

142. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Le caractère divin du coupable est une excuse de plus aux yeux du spectateur, qui ne rencontre qu’à la fin l’objection timide de Sosie : Le seigneur Jupiter sait dorer la pilule595 ; et certes, ce n’est pas assez de trois paroles ironiques dans la bouche d’un valet méprisable, pour ramener à un jugement moral le spectateur démoralisé de main de maître par trois actes irrésistibles. […]   Autant on a approuvé les paroles hardies, mais convenables, qui effarouchaient les spectatrices précieuses de l’École des Femmes 611 ; autant on approuvera même la gaillardise, peu conforme au caractère de Dorine, mais nécessaire pour répondre à l’hypocrite lubricité de Tartuffe 612 : autant on condamnera sans rémission les plaisanteries grossières dont Molière a quelquefois sali d’excellentes scènes, entraîné par le désir de soulever le gros rire populaire613.

143. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Lovelace est le type odieux et blafard des plus malhonnêtes gens qui aient déshonoré le caractère du peuple anglais. — Les uns et les autres, de Lovelace à Brummel, ils ne se doutent pas qu’ils ont pour aïeul… Don Juan ! […] Pas une scène de ce drame n’explique mieux le caractère de notre héros ; enfin, savez-vous une façon plus nette et plus vive de préparer l’entrée de Don Juan dans la tombe du Commandeur et la terrible péripétie qui va venir ? […] Bulwer, renferme dans ma pièce tout ce qui prétend à l’héroïque. » Il avoue même « que, dans ce caractère, il a pris, lui, M.  […] c’est là encore mentir à l’histoire et avilir à plaisir et sans aucune nécessité dramatique, le noble caractère de M. le marquis de Montespan. […] La fantaisie ne tient compte ni du temps, ni du lieu, ni des distances, ni des caractères ; elle va son chemin au hasard ; tantôt elle court à perdre haleine ; tantôt elle s’arrête sans dire pourquoi ; ou bien elle attend les événements sans rien faire, pour les tourner au drame et aux coups de théâtre.

144. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

On ne peut reprocher un anachronisme à un Roman historique ; cependant la transposition de certains faits en change tout-à-fait le caractère et leur fait perdre l’importance qu’ils tiennent souvent de leur enchaînement à d’autres qui suivent ou qui précèdent.

145. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

J’ai peine à croire, je l’avoue, que les grands hommes soient si peu dans le secret de leur génie qu’on le prétend de nos jours ; et il me semble que si je pouvais interroger Molière lui-même sur son œuvre, il m’en dirait des choses au moins aussi sensées que celles qu’en ont pu dire Messieurs tel ou tel, dont les noms figurent, en petits caractères, au bas de chaque page de ses œuvres dans les éditions Variorum. […] Quand il a clos ce sermon, en l’invitant à faire la révérence, comme en passant devant le sacrement, il lui fait lire, pour sa gouverne, un joli petit moisi livret, dirait maître François, destiné à être son unique entretien, et qui renferme Les maximes du mariage ou les devoirs de la femme mariée… avec son exercice journalier… Tout cela est le développement naturel du caractère d’Arnolphe ; il n’est point de libertin ayant pris sa retraite et entré au giron du mariage qui n’ait, pour sa défense et le morigènement de sa moitié, appelé au secours la religion et le diable ; le bon de l’Eglise, disent-ils, c’est qu’elle occupe nos femmes et les range au devoir. […] La pièce, sournoisement hostile à Molière, n’offre de remarquable qu’une théorie d’un de ses personnages, qui bat en brèche l’École des Femmes, en soutenant que c’est une pièce tragique, à cause du désespoir d’Arnolphe et du ouf par lequel il tâche d’exhaler la douleur qui l’étouffe. — Dans une autre pièce encore, la Guerre, comique, on donne une autre raison du caractère tragique de l’École des Femmes, c’est la mort du petit chat, qui ensanglante la scène. […] Mais il y a à cela bien des explications : le milieu où tous deux vivaient ; le caractère vain et futile d’Armande, qui n’avait pas assez d’étoffe pour être bonne ; enfin ce point très grave que l’éducation que reçut Armande, bien qu’excellente, eut le malheur de lui être donnée par un futur mari, et non par une mère, comme le veut la nature des choses.

146. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Le même auteur voyant Molière au tombeau dépouillé de tous les ornements extérieurs dont l’éclat avait ébloui les meilleurs yeux, durant qu’il paraissait lui-même sur son théâtre, remarqua plus facilement ce qui avait tant imposé au monde, c’est-à-dire, ce caractère aisé et naturel, mais un peu trop populaire, trop bas, trop plaisant et trop bouffon.

147. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

On me l’avait bien dit, je ne le croyais pas, Qu’on aurait pu changer votre heureux caractère.

148. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan l’Hermite Lorsque Molière a composé l’Étourdi, il ne s’est piqué ni de tracer des caractères, ni de peindre les mœurs, ni même de former une intrigue parfaitement claire et bien suivie.

149. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Il n’était pas seulement inimitable dans la manière dont il soutenait tous les caractères de ses Comédies ; mais il leur donnait encore un agrément tout particulier par la justesse qui accompagnait le jeu des Acteurs ; un coup d’œil, un pas, un geste, tout y était observé avec une exactitude qui avait été inconnue jusques-là sur les Théâtre de Paris.

150. (1846) Quelques pages à ajouter aux œuvres de Molière (Revue des deux mondes) pp. 172-181

Dans les deux pièces en effet, le plan, l’intrigue, les caractères, sont les mêmes ; la diction seule et le dialogue font que l’une est une rapsodie misérable et l’autre un chef-d’œuvre1.

151. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Riccoboni nous apprend, par exemple, que la Emilia, de Luigi Groto, surnommé l’aveugle d’Adria, cette pièce qui a fourni à Molière plusieurs des caractères et des situations de L’Étourdi, servait fréquemment de canevas aux acteurs de la comédie improvisée19.

152. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Giraton entreprit de restaurer ce type fameux de Pedrolino ou Pierrot ; il lui rendit son ancien caractère, à la fois niais et badin, son bon sens mélangé de sottise et de crédulité, et il eut un très grand succès.

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