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18. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

On veut, par exemple, qu’en démêlant les styles, la France se soit privée pendant près de deux siècles de la sagacité, de la naïveté et de l’énergie de Montaigne. […] C’est que sous les deux rois que je viens de nommer, la France était gouvernée par des habitudes de respect, qui sont aujourd’hui perdues sans retour. […] La littérature anglaise n’a jamais présenté cette séparation des styles qui a été si rigoureusement observée en France, parce qu’elle n’a jamais connu comme les Français ce quadruple culte des prêtres, des grands, des rois et des femmes. […] Voici la liste des principaux ouvrages dont la France était en possession au milieu du xviie  siècle, quand le règne de Louis XIV a effectivement commencé.

19. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Il représentait la France. […] La Réforme en France fut plus positive, plus formaliste qu’ailleurs. […] La France en a fait l’expérience. […] Dans la France du moyen âge, ce fut la poésie populaire qui s’acquitta de ce rôle. […] Mais en France, pays central, il n’y eut pas absorption.

20. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [47, p. 80] »

Son mérite l’éleva dès 1669 à la place importante de général des galères de France, et en 1675 il fut fait maréchal de France.

21. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Les Gelosi ne sont pas sans doute, ainsi que nous l’avons dit, la première troupe d’artistes italiens qui visitèrent la France. […] Les Comici Confidenti, avec leur célèbre actrice Maria Malloni detta Celia, étaient aussi venus en France un peu avant les Gelosi. […] 1578 2 Pour toutes les serrures à fermer les loges… 70 » À Sauvage, pour la menuiserie faite à Saint-Germain… 266 8 À Ducreux, pour fourniture de 80 aunes de toile pour boucher les fenêtres des musiciens, comédiens, etc., et autres frais… 180 3 À Paysan, pour la poudre, pommade, y compris ses peines, celles de ses garçons, et les frais de leur voyage à Chambord… 210 » Pour toutes les voitures généralement quelconques… 9008 » Pour trois bannes qui ont servi à couvrir les charrettes où étaient les habits… 50 8 Pour tous les Suisses qui ont servi, tant à Chambord qu’à Saint-Germain, à garder les portes du théâtre… 153 » Au sieur de Lulli, pour ses copistes, leur entretien et nourriture, la somme de… 800 » Pour les ports, rapports et entretiens d’instruments… 196 » Pour les dessins et peines du sieur Gissez… 483 » Pour les peines d’avertisseurs, huissiers et autres gens nécessaires… 300 » Aux concierges de Chambord et de Saint-Germain, à raison de 100 liv. chacun… 200 » Pour tous les menus frais imprévus, suivant le mémoire ci-attaché… 403 » Somme totale du contenu au présent état… 49404 18 Nous, Louis-Marie d’Aumont de Rochebaron, duc et pair de France, premier gentilhomme de la chambre du roi, certifions avoir ordonné la dépense contenue au présent état, et l’avoir arrêtée pour Sa Majesté à la somme de quarante-neuf mille quatre cent quatre livres dix-huit sous. […]   À partir de 1668, nous voyons les pièces suivantes composées en France : 1. […] C’est là ce qui constitue le répertoire authentique du Théâtre italien en France, jusqu’à la fin du dix-septième siècle.

22. (1739) Vie de Molière

Les bonnes pièces sont en France, et les belles salles en Italie. […] La bonne comédie ne pouvait être connue en France, puisque la société et la galanterie, seules sources du bon comique, ne faisaient que d’y naître. […] Voiture avait été le premier en France qui avait écrit avec cette galanterie ingénieuse dans laquelle il est si difficile d’éviter la fadeur et l’affectation. […] On commença à ne plus estimer que le naturel ; et c’est peut-être l’époque du bon goût en France. […] Le spectacle de l’opéra, connu en France sous le ministère du cardinal de Mazarin, était tombé par sa mort.

23. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

Où, Louis, rassemblant la France dans Versailles, Régnait, maître absolu des arts et des batailles. […] … C’est plus, c’est une nation Jalouse de payer dans sa reconnaissance Deux siècles de plaisirs dont tu dotas la France. […] Puisse-t-il, consacrant ta popularité, Prouver longtemps du moins à la postérité, Qu’aussi bien que la Grèce et l’antique Ausonie, La France honore, excite, enfante le génie !

24. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Je l’ai abordée par le côté où j’avais affaire, par le côté qui regarde la France et surtout qui regarde Molière. […] Mais il a eu chez nous une destinée à part : il n’a brillé que sur les théâtres de marionnettes ; il n’apparaît point ou guère dans les troupes italiennes qui vinrent en France ; il ne s’est point fait place, non plus, sur notre scène comique. […] Les ouvrages de Louis Riccoboni dit Lelio, dans la première moitié du dix-huitième siècle, l’Histoire de l’ancien théâtre italien, publiée par les frères Parfait en 1753, celle de Des Boulmiers en 1769, les Annales d’Antoine d’Origny en 1788, les études de Cailhava d’Estandoux, faites précisément au même point de vue que le mien, constituent toute une série de travaux d’histoire et de critique littéraire, qui témoignent que c’est déjà d’ancienne date que l’attention s’est portée en France sur cette sorte d’invasion comique que je vais décrire à mon tour.

25. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Je ne sais ; la France ne s’en est jamais plainte. […] Il oublie encore ici le génie de la France. […] Marie Stuart, élevée en France ? […] Après la France, le dix-septième siècle l’a fait ce qu’il a été. […] Henri Martin, Histoire de France.

26. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

. — Au contraire, essayez de mettre au cachot la chanson de Béranger… soudain la chanson éclate et brille à travers les barreaux de fer ; elle perce en mille échos les voûtes abaissées de la Conciergerie ; elle va d’âme en âme, à travers la France consolée, appelant à son aide les trois passions de la France d’autrefois, de la France d’aujourd’hui, de la France éternelle : la gloire, la liberté et l’amour ! […] Vingt ans, ce n’est pas assez pour accomplir une révolution littéraire, dans un pays comme la France, plus fidèle à ses poètes qu’à ses rois. En vingt ans la France accomplira au besoin toute une révolution, mais qu’est-ce que vingt ans pour savoir ce que deviendra l’art, le goût, la passion, le plaisir, le charme, l’esprit de ce grand peuple de France ? […] Ainsi, Molière a commencé, dans cette France croyante et sérieuse qui avait à peine entendu parler du Menteur de Corneille. […] Il sentait que la foule allait obéir aux moindres inspirations de son génie ; il se disait qu’il serait le favori du roi qui régnait à Versailles et du peuple de France !

27. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Cette qualité appartient proprement à l’esprit français, et donne aux œuvres littéraires de la France une solidité durable et une valeur spéciale. […] Il vivait sous la monarchie et dînait à la table d’un roi : cependant il pressentait que notre nation est peuple ; il respectait cette puissance, et il savait qu’en France c’est au peuple qu’on doit parler34. […] Sur l’influence et la popularité de Molière, non-seulement en France, mais en Europe, voir A. […] Dès 1696, Perrault, dans Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant le dix-septième siècle, disait en parlant des comédies de Molière : « On peut dire qu’elles furentd’une grande utilité pour bien des gens. » — De Cailhava, De l’Art de la Comédie, liv. […] « Jusque-là, il y avoit eu de l’esprit et de la plaisanterie dans nos comédies ; mais il y ajusta une grande naïveté, avec des images si vives des mœurs de son siècle, et des caractères si bien marqués, que les représentations sembloient moins être des comédies que la vérité même : chacun s’y reconnoissoit, et encore son voisin, dont on est plus aise de voir les défauts que les siens propres. » Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant le dix-septième siècle, article J.

28. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Gondinet célébra, en quelques strophes, la gloire de celui qui représentait la France éternelle aux yeux de la France martyre et abaissée. […] Ainsi, tout progrès paraît effrayant dans ce beau pays de France. […] À nous, ce vieux génie narquois et vengeur de la vieille France ! […] Combien a-t-il épargné de sang à toute la France, en faisant voir l’inutilité des fréquentes saignées ? […] Il est, il faut le redire à la fin de ce livre, l’incarnation même de l’esprit de notre France.

29. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Quand un peu de terre eut couvert la marquise de Rambouillet, le roi ne laissa pas à la duchesse de Montausier le temps de pleurer sa mère : il la fit passer de la place de gouvernante des enfants de France, à celle de dame d’honneur de la reine, la première dignité du palais. […] Il se trouve en qualité de maréchal de France à Puycerda en 1678.

30. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Le Livre sans nom, qui parut en 1695 et qui est attribué à Cotolendi, contient le passage suivant : « Si les comédiens italiens n’eussent jamais paru en France, peut-être que Molière ne serait pas devenu ce qu’il a été. […] Par la suite, cet équilibre se rompit de nouveau, et ce fut alors la littérature et surtout la littérature dramatique de l’Italie qui fut redevable à la France de bien plus que celle-ci ne lui avait dû jadis. […] « Outre un legs considérable qu’il a fait à une maison religieuse, dit son biographe, il a laissé à son fils, qui est un prêtre savant et d’un grand mérite, tout le bien qu’il avait en France et en Italie, qui se monte à la valeur de près de cent mille écus.

31. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Là naquit, dans l’année 16202, Jean-Baptiste Poquelin, dont le génie devait un jour donner à la France la palme de la comédie. […] Les titres de quelques-unes des farces que Molière composa en voyageant dans la France ont été soigneusement conservés. […] C’est à Molière que la France doit Racine. […] Pendant le séjour de Brécourt en ce pays, la cour de France, pour certaines raisons d’état, voulut faire enlever un particulier qui s’était réfugié en Hollande. […] Mais, cette entreprise ayant manqué, Brécourt jugea bien que sa vie n’était pas en sûreté, et sur le champ il revint en France.

32. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

La même année il était question, dans l’Assemblée générale du Clergé de France, de proposer au Roi « la translation de toutes les foires qui se tenaient les jours de fête, » et c’était un des membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, Mgr de La Barde, qui poussait cette pointe. […] II était devenu l’ami, le confident, il fut, dit-on, sur le point de devenir le secrétaire d’Armand de Bourbon, prince de Conti, frère de Condé et de Mme de Longueville, et de 1653 à 1656, « l’Illustre Théâtre, »parcourant le midi de la France, jouit de cette protection. […] « La main des Jésuites »est, on le sait, l’une des explications qui viennent le plus souvent à l’esprit des historiens politiques ou religieux de la France. […] Et dans ces années du milieu du xviie siècle, où les jésuites Chaurand, Le Valois, Huby travaillèrent admirablement sur divers points de la France, à la régénération spirituelle et à l’amélioration morale et matérielle du sort du peuple, les Congrégations de Notre-Dame secondèrent leurs efforts. […] Paris, 1906; l’index du livre de Victor Giraud sur Pascal, Paris, 1905, au mot Libertins; Perrens, 1rs Libertins en France, 1896; Jules Lair, Mllede La Vallière, 3* édition ; F.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

Chez nos dévots aïeux le théâtre abhorré Fut long-temps dans la France un plaisir ignoré. […] CHARLOT, Eglogue pastorale à onze personnages, sur les miseres de la France, & sur la très heureuse délivrance de très magnanime & très illustre Prince Monseigneur le Duc de Guise, imprimée en 1592. […] Alors il revint en France, & se mit bientôt après du parti des réformés.

34. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Brueys et Palaprat, nés tous deux dans le midi de la France, et qui avaient la vivacité d’esprit et la gaieté qui caractérisent les habitants de ces belles provinces, réunis tous deux par la conformité d’humeur et de goût, et qui mirent en commun leur travail et leur talent, sans que cette association délicate ait jamais produit entre eux de jalousie, nous ont laissé deux pièces d’un comique naturel et gai. […] Il conçut pour elle une passion très-vive, et comme elle était sur le point de revenir en France, il s’embarqua avec elle et son mari à Civita-Vecchia, sur une frégate anglaise qui faisait route pour Toulon. […] Ainsi bien en prit à Regnard d’avoir été en France un gourmand de profession. […] Deux ou trois favorites de son maître sont devenues folles de l’esclave : il fait la plus belle défense ; mais pourtant, surpris avec une d’elles dans un rendez-vous très innocent, il se voit sur le point d’être empalé, suivant la loi mahométane, lorsque le consul de France interpose son crédit, et le délivre du pal et de l’esclavage. […] On le conjure de dépêcher bien vite son démon en France, pour en rapporter des nouvelles.

35. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Tant qu’il vécut, on vit dans sa personne un exemple frappant de la bizarrerie de nos usages : on vit un Citoyen vertueux, réformateur de sa Patrie, désavoué par sa Patrie, et privé des droits de Citoyen ; l’honneur véritable séparé de tous les honneurs de convention ; le génie dans l’avilissement, et l’infamie associée à la gloire : mélange inexplicable, à qui ne connaîtrait point nos contradictions, à qui ne saurait point que le Théâtre respecté chez les Grecs, avili chez les Romains, ressuscité dans les États du Souverain Pontifea, redevable de la première Tragédie à un Archevêqueb, de la première Comédie à un Cardinalc, protégé en France par deux Cardinauxd, y fut à la fois anathématisé dans les Chaires, autorisé par un Privilège du Roi, et proscrit dans les Tribunaux. […] Racine, encouragé par les conseils, et même par les bienfaits de Molière, qui par là donnait un grand Homme à la France, n’avait encore produit qu’un seul chef-d’œuvre. […] Garcie de Navarre, et peut-être la moitié de la France s’était flattée que l’Auteur n’honorerait point sa patrie. […] Mais sa philosophie, ni l’ascendant de son esprit sur ses passions, ne purent empêcher l’homme qui a le plus fait rire la France, de succomber à la mélancolie : destinée qui lui fut commune avec plusieurs Poètes comiques ; soit que la mélancolie accompagne naturellement le génie de la réflexion, soit que l’observateur trop attentif du cœur humain, en soit puni par le malheur de le connaître. […] Ainsi fut traité par les Français l’Écrivain le plus utile à la France.

36. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Et les petits enfants savent qu’en France le profit est toujours du côté de l’opposition. […] En France, parmi les œuvres illustres, nous n’avons ni la tragédie shakespearienne vibrant aux souvenirs de nos vieux temps, ni même le drame de Schiller poussant nos cris d’indépendance, encore moins l’épopée en action de Guilhen de Castro : chez nous, ces choses-là se chantent. […] Mesdames et Messieurs, est-ce que par hasard nous en viendrions, nous aussi, en France, à caresser la chose en proscrivant le mot ? […] Il faut parfois de ces avertissements Je ne crois pas qu’il y ait en France une main assez large pour contenir l’immense héritage de Molière, non, mais je crois, et je le dis, que Molière a chez nous, à cette heure, plus que jamais, des héritiers partiels, directs, légitimes. […] Il n’y a que la France, c’est une chose singulière, pour se donner cette joie difficile à comprendre, cette volupté baroque de se calomnier elle-même en criant à tue-tête dans un porte-voix : « Je suis la plus perdue de toutes les nations !

37. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Elle était un des premiers sujets de l’école de Julie d’Angennes ; il y avait de la différence sans doute entre la place de gouvernante des enfants de France et celle des enfants naturels : il y avait aussi de la distance entre Julie d’Angennes, duchesse de Montausier, et Françoise d’Aubigné, veuve Scarron ; mais les traditions de la cour, depuis François Ier, l’élévation et l’insolence des maîtresses avouées, l’élévation, l’insolence et la turbulence des bâtards avaient habitué à regarder les légitimations de ceux-ci comme à peu près équivalentes à la légitimité. Le roi avait légitimé les enfants qu’il avait de madame de La Vallière ; madame Scarron était donc fondée à prévoir le même sort pour ceux de madame de Montespan ; et elle s’était mis dans l’esprit que les fils de Louis XIV, confiés à ses soins, ne devaient pas être les tourments de la France comme l’avaient été les bâtards de Henri IV, et qu’elle devait rendre ses élèves dignes de leur haute destinée, par leur moralité et leur esprit.

38. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Entrée des domestiques avec les plateaux De toutes les nations lettrées la France est la moins comique et la moins poétique159. — La poésie française réduit tout ce qui est grand dans la nature aux proportions de mets d’apparat servis sur des plats de cristal160. […] La nation du persiflage par excellence (la France) est en même temps celle qui, pour l’humour et le comique poétique, est la moins comparable à la sérieuse Angleterre. […] La France est le pays qui de tout temps a eu le moins de superstition et de poésie.

39. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Les derniers temps de la comédie italienne en France La comédie italienne, pendant son premier séjour à l’Hôtel de Bourgogne, jeta un vif éclat. […] » Les femmes, de leur côté, exercent de justes représailles : « En France, dit Colombine, les hommes ne font que babiller jusqu’au jour de la noce ; aussi, quand ils sont mariés, ils n’ont plus rien à dire à leurs femmes. […] La mode nous en est venue presque aussitôt qu’en France. […] Nous en avons donc fini, à proprement parler, avec la comédie italienne en France.

40. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Et néanmoins cette petite pièce est d’un comique achevé ; la gaieté s’y élève jusqu’à une sorte de délire13… mais n’anticipons pas ; je me réserve de réparer plus loin, par une analyse détaillée de cette merveille unique sur la scène française, l’injustice de la France qui ne l’a pas comprise, el de la postérité qui s’en rapporte trop légèrement à la France. […] La France, sans s’en douter, possède le vainqueur de ce vainqueur de tous les poètes comiques. […] Le second des critiques allemands, je viens essayer d’ouvrir les yeux de la France et de l’Europe sur le chef-d’œuvre le plus original de la littérature d’outre-Rhin. […] L’esprit fantastique est rare en France, et Legrand n’a dû qu’à son génie l’idée d’un genre alors absolument neuf ; car il est probable qu’il ne connaissait pas le théâtre comique des Grecs108. […] Folie aimable et pleine de sens, où étincelle cet esprit fantastique si rare en France, et où règne une plaisanterie vive et douce, qui, bien qu’elle aille quelque fois jusqu’à une sorte de délire, ne cesse jamais d’être légère et inoffensive.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

Riccoboni dit que plusieurs lazzis de cette comédie sont pris dans le théâtre italien : comment a-t-il pu ignorer que le fond même du sujet est imité d’un canevas apporté en France par ses Confreres ? […] Leurs amours avoient même fait du bruit, & il repassoit en France sans avoir conclu avec elle. […] Les Comédiens Italiens si souvent introduits en France, & si souvent forcés d’aller reprendre l’air natal, furent rappellés en 1716, par Son Altesse Royale M. le Régent.

42. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

Au reste, la fête, pour n’avoir été que la fête de la commune et des arts, n’en a pas moins eu un caractère de grandeur ; et, comme tout ce qui porte ce cachet, elle a vivement impressionné la population- Avant toutes choses, constatons ici la sollicitude du conseil municipal à doter la ville de Paris de monuments qui, dans son intention, doivent orner la capitale de la France eu même temps qu’ils encouragent les arts. […] La fontaine Molière n’a pas manqué de provoquer les démonstrations de l’enthousiasme public : si avant tout elles étaient pour Molière, l’enfant de Paris, l’une des gloires hors ligne de la France, l’œuvre en elle-même y devait être pour quelque chose. […] Et après l’avoir examiné attentivement, nous regrettons que, dans un pays comme la France, où les artistes de talent sont en grand nombre, on ne parvienne pas à créer des monuments plus homogènes dans leurs parties, et exprimant mieux les sains et véritables principes de l’art.

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