/ 289
146. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Cette Comédie fut représentée à Paris sur le théâtre du Palais Royal, le 4 Février 1651. […] Ils font ensemble une des plus belles scenes qui soient au théâtre, du moins par la situation qui est très piquante. […] Le théâtre représente le cabinet de Delmire. […] Il est vrai qu’il eût été ridicule sur notre théâtre de voir un homme perdre sa manchette ; mais il auroit été facile de substituer un gant à la manchette. […] Ce seroit une scene à remettre sur notre théâtre.

147. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

« L’histoire d’un tel peuple est un long drame, où il compte avec complaisance les coups de théâtre sous le nom de journées. […] Son théâtre suffirait à nous l’apprendre. […] On le voit d’abord lancé à la cour et au théâtre, aimé et applaudi, s’abandonner à tous les enivrements de la jeunesse, de la poésie et de la gloire. […] Racine les avait quittés, entraîné par la poésie et par le théâtre. […] Pour sauver le poëte, la grâce s’était servie de l’instrument de la perdition : le théâtre avait été le chemin par lequel il était revenu.

148. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Il faut que ce qui remplit l’intervalle qui est entre l’exposition & la catastrophe, soit en mouvement & non en récit, puisque nous l’appellons action, puisque les personnages de cette action se nomment acteurs & non pas orateurs, puisque ceux qui sont présents s’appellent spectateurs & non pas auditeurs, puisqu’enfin le lieu qui sert aux représentations est connu sous le nom de théâtre & non pas d’auditoire, c’est-à-dire un lieu ou l’on regarde ce qui s’y fait, & non pas où l’on écoute ce qui s’y dit. […] On lui demanda ensuite s’il avoit trouvé beau ce qui s’étoit passé sur le théâtre : alors il s’écria qu’il s’étoit bien gardé de regarder trop souvent de ce côté-là : il y avoit là, dit-il, des gens qui s’entretenoient de leurs affaires, & je sais qu’il n’est pas honnête de prêter l’oreille aux discours des personnes qui se parlent. […] On ne croit pas que le théâtre publié sous le nom de Baron, soit de lui ; mais il étoit excellent comédien.

149. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [40, p. 69-70 ] »

Plapisson, qui passait pour un grand philosophe, était sur le théâtre pendant la représentation ; et à tous les éclats de rire que faisait le parterre, il haussait les épaules et regardait le parterre en pitié, et disait quelquefois tout haut : Ris donc, parterre ! […] Le seigneur qui en était l’original, fut si vivement piqué d’être mis sur le théâtre, qu’il s’avisa d’une vengeance aussi indigne de sa qualité, qu’elle était imprudente.

150. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Mais nous, François, n’allons pas nous amuser à peindre sur notre théâtre les mœurs ou le caractere d’une nation étrangere. […] Les Espagnols jouent sur le théâtre de Madrid, la jalousie des hommes nés dans le pays de l’Estramadoure : les Anglois se moquent à Londres un peu vivement des Irlandois : nous avons souvent mis sur notre scene la bêtise des Champenois, les exagérations des Gascons, l’humeur chicaneuse des Normands, &c. […] Le portrait, à coup sûr, n’est point ressemblant : tels sont ceux des Petits-Maîtres François qu’on voit sur les théâtres de Londres & d’Italie. […] Favart nous a vengés, en homme de génie, des injures qu’on nous dit sur le théâtre de Londres.

151. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

« Oui, en effet, elle se souvient, ainsi vaincue par une force irrésistible, de ses jours tout-puissants de triomphe et de victoire ; elle se souvient de l’enthousiasme universel, elle se souvient de ses créations splendides, quand elle faisait, de rien quelque chose : une comédie d’un vaudeville, un membre de l’Institut de quelque faiseur de mauvais vers ; elle se souvient de la joie, de la bonne humeur, de l’applaudissement du parterre ; elle se rappelle tous les triomphes entassés là, à ses pieds : ce théâtre glorifié, cette scène agrandie, et les vrais Dieux venant au-devant d’elle, les mains chargées de couronnes. […] la voici : « Une coutume s’est introduite dans les théâtres de Paris, qui nous paraît une coutume stupide. […] Avouez ensuite que c’est là véritablement insulter les fleurs du bon Dieu que de les jeter sans respect, et sans pitié, sur les planches huileuses d’un théâtre ; enfin, ajoutez, pour tout dire, que la plupart du temps ces couronnes maladroites tombent sur la tête mal peignée de quelque brave claqueur. […] Alors Baron s’avançant tout au bord du théâtre, et regardant dans cette foule, comme s’il eût pu découvrir les insulteurs : — Ingrat public que j’ai formel dit-il en les montrant du doigt ; et depuis ce jour-là, on eut beau le prier et le supplier de reparaître, il ne reparut plus.

152. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Don Juan met l’épée à la main ; Arlequin se couche à terre sur le dos, tient sa flamberge pointe en l’air, de manière que son adversaire la rencontre toujours en ferraillant ; ce jeu de théâtre bien exécuté faisait le plus grand plaisir. […] Il nous suffit de montrer où elle en arriva sur le théâtre italien, par une conséquence toute naturelle du jeu comique propre à ce théâtre. […] À lire les récits que font les contemporains des merveilles qui s’y déployaient, on se demande si nous voyons rien de comparable ni d’approchant sur nos théâtres d’aujourd’hui, où pourtant le luxe des décors et de la mise en scène est porté si loin.

153. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Sur lui, le théâtre de Molière est plein de révélations. […] C’est elle qui vivifie, anime son théâtre tout entier, et lui donne aux yeux d’un observateur réfléchi une forte, j’allais dire une majestueuse unité. […] Cette belle philosophie, avouons-le donc, est prêchée dans le théâtre de notre auteur : elle a un admirateur, un admirateur passionné. […] Cette pensée remplit tout son théâtre : il n’en est même, dirai-je, que la forme dramatique. […] Voir dans le précédent article la réfutation de la théorie l’art pour l’art, appliquée au théâtre de Molière.

154. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Les Italiens, quoique moins entichés de noblesse que les Espagnols, ont cependant porté les comédies héroïques sur leur théâtre. […] Je vais faire l’extrait des deux plus belles pieces héroïques du Théâtre Italien, toutes les deux prises de l’Espagnol, toutes les deux traduites en François. […] Le théâtre change, & représente le Temple de Dagon. […] Au second acte, le théâtre représente la chambre du Roi. […] Au troisieme acte le théâtre représente la tour ; & Sigismond, chargé de sa premiere chaîne, paroît endormi devant la porte.

155. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Il ne nous a pas dit cela ; il a trop d’esprit, de jugement ; il connoît trop bien le théâtre. […] On va s’écrier qu’en ce cas-là le Misanthrope par air ne peut être que mauvais, parceque le Misanthrope de Moliere passe pour le chef-d’œuvre de tous les théâtres. […] Si d’un autre côté je voulois mettre sur le théâtre le Faux Magnifique 62, j’aurois, à la vérité, l’avantage de ne pas trouver le fond du caractere épuisé, parcequ’on a mis rarement la magnificence en action63 : mais la matiere est-elle bien comique, bien morale ? […] Le peu de connoissance que les personnes superficielles ont du théâtre, est ce qui leur persuade qu’il y a encore une infinité de caracteres excellents à mettre sur la scene. Elles sont abonnées, ou elles ont une loge à l’année ; & parcequ’elles ont vu épuiser deux ou trois fois le répertoire borné que se sont fait les comédiens, elles pensent connoître tous les théâtres possibles.

156. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

« Ne fallait-il pas, en effet, une bien grande puissance d’observation, un talent profondément humain, pour que les réalités vinssent de la sorte se placer sans cesse à côté des fictions, pour que le public qui écoute et le critique qui annote, en suivant le développement des caractères, aient pris ces caractères pour de véritables signalements et traduit les noms de théâtre par des noms connus de tout le monde1 ?  […] Molière a fait un choix dans ses illusions et ses souffrances, et il n’en laisse voir que ce qui importe à la vérité, et ce qui est compatible avec la dignité de l’art 36  » Comme on l’a très bien remarqué, L’École des maris marque l’avènement de la personnalité de Molière dans son propre théâtre. […] Mais Molière avait son original, il voulut le mettre sur le théâtre. » (Grimarest, Vie de Molière. […] Nisard, Hist. de la littérature française, etc. ; Janin, Hist. de L’art dramatique ; Hippolyte Lucas, Histoire philosophique et littéraire du théâtre français; voir aussi Émile Deschanel, La Vie des Comédiens ; Paul Lacroix (Biblio­phile Jacob), La jeunesse de Molière, lettre de Félix Delhasse, p.’13; etc., etc. […] Pour se faire une idée de cette troupe accomplie que dirigeait Molière, on peut consulter L’Histoire du théâtre français, par les frères Parfait, t.

157. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Je ne sais si la Chaussée, gâté par son genre ou ses succès, dédaigna sur la fin de ses jours la véritable Thalie ; mais il est certain qu’épris de ses beautés, il tenta de mériter ses faveurs en entrant dans la carriere du Théâtre : sa Fausse Antipathie & son Amour Castillan le prouvent assez. […] Nous avons encore vu dans le second volume de cet ouvrage, Chapitre XIX, des Pieces intriguées par un déguisement, que cette comédie, imitée de l’espagnol, étoit passée sur notre théâtre avec tous les défauts de son modele, puisque, comme dans l’original, l’héroïne déguisée en femme y suit son amant, vit familiérement avec lui, le charme par les agréments de sa voix, & lui donne son portrait sans en être reconnue, quoiqu’elle ait déja été très bien avec lui sous l’habit de femme. […] Au lieu que pour transplanter sur notre théâtre une piece latine, espagnole, italienne, angloise, &c. il faut non seulement changer les mœurs, les caracteres, les bienséances ; il faut encore décomposer toute la machine pour lui donner une forme convenable aux regles établies parmi nous ; il faut sur-tout l’assujettir à la vraisemblance, dont les autres nations se passent. […] Mais nous avons fait voir que ces titres étoient dus seulement à ceux qui transportent sur la scene de petits incidents pris dans la société, qui ne font que dialoguer des romans, qui pillent de bons ouvrages pour en parer de mauvais ; ceux enfin qui font passer sur notre théâtre les pieces de nos voisins ou des anciens avec tous leurs défauts.

158. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Térence, Plaute ont puisé les sujets de leurs comédies dans le Théâtre grec, & l’ont avoué dans leurs prologues. […] Il est singulier que notre théâtre doive à l’Espagne la premiere tragédie intéressante & la premiere comédie de caractere.

159. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

On est Français ; on paie ses impôts ; on sait qu’une partie de ces impôts est destinée à soutenir la Comédie-Française et l’Odéon, à entretenir le Conservatoire, qui est une pépinière d’artistes pour ces théâtres nationaux : voilà une dépense qu’on approuve ! […] Nisard : « Le jour où le grand Corneille cesserait d’être populaire sur notre théâtre, ce jour-là, nous aurions cessé d’être une grande nation ! » Heureusement, ce jour-là n’est pas venu ni près de venir : Corneille est populaire chez nous, autant que peut l’être un homme de l’ancien régime et qui « savoit la politique, » suivant le témoignage de son neveu, aussi bien que les belles-lettres et l’histoire, « mais les prenoit principalement du côté qu’elles ont rapport au théâtre. […] C’était déjà, cet automne, l’affiche du Théâtre des Arts : MM. les sociétaires fêtent Corneille à la rouennaise. […] Ou l’on consulte les Annales du théâtre et de la musique, par MM.

160. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

Les jeunes gens partent de là pour se persuader que tous les caracteres peuvent se remettre avec succès sur notre théâtre. […] Ne nous bornons pas à un seul exemple, & voyons si l’on pourroit mettre sur le théâtre, avec plus de succès, un autre caractere déja traité : il est encore des Tartufes, heureusement pour les Béates qu’ils font vivre dans l’aisance, & malheureusement pour les honnêtes gens dont ils pressurent les bourses sous prétexte de faire des œuvres pies. […] Tous les Tartufes qu’on a mis sur le théâtre, ont convoité les femmes ou les maîtresses des autres.

161. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Cette comédie parut sur le théâtre du Palais Royal le 6 Août 1666. Une piece italienne, jouée à l’in-promptu par les Comédiens Italiens sous le titre d’Arlichino Medico volante, Arlequin Médecin volant, sembla si plaisante à nos Auteurs François, que plusieurs s’empresserent de la traduire, pour la donner sur différents théâtres. […] Extrait du Médecin volant, de Boursault, comédie en un acte & en vers, représentée sur le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, en 1661.

162. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

C’est en perfectionnant toujours qu’il s’élève par dégrés jusqu’au Misanthrope, jusqu’aux Femmes Savantes, jusqu’au Tartuffe, jusqu’à cette pièce aprés laquelle il ne faut plus rien nommer et qui est non seulement le chef-d’œuvre du théâtre comique, mais un grand bienfait envers l’humanité. […] On sait que Molière fut frappé à mort sur le théâtre, en contrefaisant le mort dans le Malade imaginaire, circonstance qui a fourni des épigrammes, tandis que l’événement devait arracher des larmes ; on sait qu’il mourut dans les bras de la piété, et qu’il s’en était rendu digne par sa charité ; il donnait l’hospitalité à deux de ces pauvres religieuses qui viennent quêter à Paris pendant le carême ; elles lui prodiguèrent par devoir et par reconnaissance, les consolations et les soins dans ses derniers moments ; on sait jusqu’à quel point la rigueur de nos usages (qu’il ne s’agit pas ici de juger) fut adoucie en sa faveur à la prière de Louis XIV.

163. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Si ce n’est pas une rue, c’est une place publique; si ce n’est une place publique, c’est un théâtre qui porte son nom au fronton. […] La régence a eu les siennes, qui sont d’un esprit délicieux; sous Louis XV, on a écrit des comédies charmantes; à la fin du XVIIIe siècle même, et à la veille de la révolution, le théâtre a eu des comédies très remarquables. — Citez-les, me dira-t-on. — Jouez-les d’abord, vous répondrai-je; et la citation sera inutile. […] Mais que ceux pourtant qui sont revêtus du pouvoir exécutif dans les arts, directeurs de théâtres, journalistes et autres, y prennent garde.

164. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

Les abus finiront quand finira le monde ; Et sur ce grand théâtre on verra, de tout temps, Des méchants et des sots, des sots et des méchants. […] Mais, je le demande à tout homme impartial et qui n’a pas juré de sacrifier éternellement les vivants aux morts, trouverait-on dans tout le théâtre de Dancourt des ouvrages tels que Médiocre et Rampant, le Collatéral, l’Entrée dans le monde, Duhautcours, les Ricochets, les Marionnettes, la petite et la grande Ville, la vieille Tante, etc. ? […] Picard ; mais ayant à retracer dans un ouvrage que je me propose de publier incessamment les mœurs d’une époque qu’il a si bien peinte dans tous les siens, j’ai dû faire de son théâtre surtout une étude particulière, et c’est en l’approfondissant que j’ai de plus en plus apprécié l’excellence d’un talent fait pour honorer notre siècle.

165. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Notre Théâtre fourmille de scenes qui manquent de vraisemblance, parceque l’Auteur n’a pas fait cette réflexion. […] Ceux qui n’ont pas l’adresse de fixer la scene dans un lieu propre aux personnages qui doivent y paroître, & aux choses qui doivent s’y passer, sont d’autant plus blâmables, que rien n’est plus aisé, quand on connoît le Théâtre, & qu’on sait s’approprier les ressources qu’ont mis en usage nos meilleurs Dramatiques, pour arranger la scene de façon que leurs acteurs puissent y venir, y parler & y agir décemment, & sans contrainte. […] On parla de théâtre. […] J’en ai déja vu deux sur nos deux Théâtres comiques.

166. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Goldoni n’avoit pas été plus scrupuleux : il s’étoit emparé de l’Avare, sans que personne se fût avisé de le trouver mauvais, & l’on n’avoit point imaginé parmi nous d’accuser Moliere ou Corneille de plagiat, pour avoir emprunté tacitement l’idée de quelque piece, ou d’un Auteur Italien, ou du Théâtre Espagnol. « Quoi qu’il en soit, de cette portion d’une farce en trois actes, j’en fis la comédie du Fils naturel en cinq ; & mon dessein n’étant pas de donner cet ouvrage au théâtre, j’y joignis quelques idées que j’avois sur la poétique, la musique, la déclamation & la pantomime ; & je formai du tout une espece de Roman que j’intitulai le Fils naturel ou les Epreuves de la vertu, avec l’histoire véritable de la piece. […] Diderot le connoît ; je vais en donner l’extrait, & je le copierai tel que je l’ai trouvé dans l’Histoire du Théâtre Italien, pour qu’on ne puisse pas m’accuser de le flatter, & de lui donner des traits de ressemblance qu’il n’avoit pas dans son origine. […] Il est singulier que cette scene touchante, pathétique, sur laquelle est bâtie une comédie qui fait larmoyer les Spectateurs, soit cependant si ressemblante avec une autre qui sert de fondement à la piece la plus comique de tous les Théâtres, & qu’on range, dans ce siecle délicat, au nombre des farces faites pour la populace.

167. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. » pp. 294-322

Elle parut pour la premiere fois à Paris, sur le théâtre du Palais Royal, le 5 Août 1667. […] Nous sommes intérieurement piqués en songeant que nous devons à nos voisins la plus belle piece de notre théâtre. […] J’ai entendu dire par plusieurs personnes que Moliere ne jugeant pas la piece du Dépit amoureux digne de rester au théâtre, & ne voulant point perdre sa plus belle scene, l’avoit transportée dans le Tartufe. […] Tel sait orner ses romans, ses contes, ses histoires, de traits, de situations, de caracteres comiques, qui les affoibliroit lui-même en les transportant sur le théâtre. […] Il indique dans toutes ses Nouvelles des scenes excellentes dont Moliere a tiré le plus grand parti ; & dans tout son théâtre, à peine en trouve-t-on une passable.

168. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Marton vient sur le théâtre pour respirer, elle est lasse de voir pleurer ses deux maîtresses. […] Je n’ai point oui dire que devant lui, ni depuis lui, nous ayons eu en vers d’autres traductions de Térence ; & l’Andrienne que voici, est, je crois, la premiere de ses Comédies qui ait paru sur notre Théâtre. […] Nous avons déja dit que ce qui paroît fort de situation & de comique dans la société devient froid & minutieux sur le théâtre. […] Mais il eût fallu pour cela que Baron, en transportant sur la scene ses aventures, ne se fût pas abusé sur leur compte, & leur eût donné la vie & la force qu’exige l’optique du théâtre. […] On disoit à Rome que Scipion & Lelius aidoient Térence à faire ses comédies ; Quintus Memmius assure même positivement que Scipion empruntoit le nom de Térence pour donner au théâtre ce qu’il faisoit chez lui en se divertissant.

169. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Cette piece, composée d’après tant d’ouvrages différents, parut pour la premiere fois à Paris, sur le théâtre du Palais Royal, le 2 Mai 1671. […] Le théâtre danois en offre une de ce genre, dans laquelle le Poëte n’a pas abandonné toute la gloire au Comédien. […] Avant que d’abandonner le théâtre italien, parcourons tout ce qui peut avoir fourni des idées à Moliere pour composer la piece dont il est question. […] Scapin, courant sur le théâtre, sans vouloir entendre ni voir Géronte. […] Disons, en passant, que cette maniere d’animer la scene paroît un peu forcée sur nos petits théâtres, lorsqu’elle dure trop long-temps.

/ 289