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137. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Il fut battu plusieurs fois par sa femme, aidée de ses enfants, qui ne voulaient point partager avec lui la jouissance du bien qu’il avait gagné ; et ce mauvais traitement alla si loin, qu’il ne put y résister ; de manière qu’il fit solliciter fortement son retour en France, pour se délivrer de la triste situation où il était en Italie. […] Pendant le séjour de Brécourt en ce pays, la cour de France, pour certaines raisons d’État, voulut faire enlever un particulier qui s’était réfugié en Hollande. […] Mais, cette entreprise ayant manqué, Brécourt jugea bien que sa vie n’était pas en sûreté, et sur-le-champ il revint en France. […] Filandre, après avoir parcouru la Hollande et une partie de la Flandres, revint en France, et se rendit à Lyon, où Monsinge, sous le nom de Paphetin, était depuis quelque temps avec sa troupe. […] Molière n’avait que cinquante-un ans un mois et deux jours lorsque la France le perdit.

138. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Cette époque de 1668-1675 est à la fois pour la France comme une aurore et une apothéose. […] Surtout en France ou la terreur du ridicule est incalculable. […] En France, le ridicule tue. […] En France ce qui fait rire, c’est n’être pas exactement comme tous les autres, c’est l’originalité, c’est la personnalité. […] C’est un homme qui croit que l’on peut, en ce monde (et en France !)

139. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

La question femmes en France est toujours brûlante ; et tant que nous serons du monde, — grâce à elles, — elles occuperont et dérangeront nos meilleurs esprits. […] Si cela vous paraît trop brutal, ajoutez, comme on fait en France, au devoir essentiel de la femme, qui est de plaire à l’homme, le droit de choisir et d’ajuster les chiffons grâce auxquels elle croira lui plaire davantage. […] elle a été élevée comme la sœur Armande ; elle n’a pas poussé aussi loin en philosophie, mais elle est savante, et je ne serais pas surpris que, quoi qu’elle en dise, elle sût du grec autant que femme de France.

140. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Les Grands Écrivains de la France, nouvelles éditions publiées sous la direction de M.  […] La collection des Grands Écrivains de la France, dirigée par M.  […] C’est en effet en France que le monde est arrivé à sa perfection, et c’est la cour qui en a été le principal agent.

141. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Qu’il eût pris de Quinault l’idée de transporter la scene en France, qu’il eût banni de notre théâtre ces marchands d’esclaves, cette fille qu’on veut vendre & acheter, sa piece étoit infiniment meilleure.

142. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Hamilton : leurs amours même avoient fait du bruit, & il répassoit en France sans avoir conclu avec elle ; les deux freres de la Demoiselle le joignirent à Douvres dans le dessein de faire avec lui le coup de pistolet.

143. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

La scène cinquième du premier acte du seigneur qui a fait une courante ; la deuxième du deuxième acte du joueur, la septième du deuxième acte du chasseur, la deuxième du troisième acte du savant grec, la troisième du troisième acte de l’homme qui veut mettra la France en ports de mer : voilà les beautés de cet ouvrage.

144. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

S’il s’est montré trop rigoureux pour le sac de Scapin et les autres farces de Molière, s’il a été cruellement silencieux pour son ami La Fontaine, ces fautes de son esprit, mais non de son cœur, sont excusées par la lutte sans pareille qu’il a eue à soutenir pour rejeter en dehors de la civilisation littéraire de la France les turlupinades et les gaillardises.

145. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Persuadé que l’inclination du roi pour elle a été le premier motif de sa nomination à la place de gouvernante d’enfants naturels qu’il avait l’intention de reconnaître et d’élever au niveau de ceux de madame de La Vallière, je le suis aussi que le choix fut déterminé par un motif plus sérieux, et qu’il fut fait dans le même esprit que celui de madame de Montausier pour la place de gouvernante des enfants de France.

146. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

Oui, de l’argent, de l’or qu’en lieux divers La France distribue à qui fait mieux les vers.

147. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

On sera sans doute bien aise de voir comme, une fois parvenue en France, elle a perdu par degrés une partie de ses invraisemblances & du fatras espagnol.

148. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Begon Intendant de Justice & de Marine, aiant fait une depense vraiment roiale pour nous donner les portraits des hommes Illustres qui ont paru en France durant le dernier siecle, ne crut pas devoir exclure Moliere dont on voit le portrait au naturel immediatement après celui du grand Corneille avec un éloge de la façon de Perrault. […] & comme le public semble être convenu de reconnoitre dans ce caractere la vertu farouche de Mr. de Montausier qui néanmoins n’en a jamais été l’original, cette Epoque détruit ce qu’on a avancé dans un Libelle imprimé en 1676 à savoir que « le Roi aiant chargé ce Seigneur de distribuer ses liberalitez entre les beaux esprits de France, Moliere & Mr.  […] La Satire où se trouvent ces deux vers fut composée en 1660 & l’on sait que le Pédant devenu Duc & Pair étoit l’Abbé de la Riviere, Louis Barbier, Evêque de Langres Duc & Pair de France qui avoit été Regent au College du Plessis & qui étant entré au service de Gaston Duc d’Orleans fit une fortune très-rapide. […] Il fut battu plusieurs fois par sa femme, aidée de ses enfans, qui ne vouloient point partager avec lui la jouissance du bien qu’il avoit gagné ; & ce mauvais traitement alla si loin, qu’il ne put y resister : de maniere qu’il fit solliciter fortement son retour en France, pour se délivrer de la triste situation où il étoit en Italie. […] A Dieu, mon cher ami, tu juges mieux qu’homme de France.

149. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Il fut battu plusieurs fois par sa femme, aidée de ses enfants, qui ne voulaient point partager avec lui la jouissance du bien qu’il avait gagné, et ce mauvais traitement alla si loin, qu’il ne put y résister : de manière qu’il fit solliciter fortement son retour en France, pour se délivrer de la triste situation où il était en Italie. […] À Dieu, mon cher ami, tu juges mieux qu’homme de France. […] « Molière, toute la Cour, qui t’a toujours honoré de ses applaudissements sur ton Théâtre comique, touchée aujourd’hui de ta mort, honore ta mémoire des regrets qui te sont dus : Toute la France proportionne sa vive douleur au plaisir que tu lui as donné par ta fine et sage plaisanterie. » Les Personnes de probité, et les Gens de Lettres sentirent tout d’un coup la perte que le Théâtre comique avait faite par la mort de Molière. […] [NdE] Charles-Maximilien de Belleforière, marquis de Soyécourt, grand veneur de France.

150. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

L’étranger, réfléchissant là-dessus, s’écrieroit surement : « Les parents sont bien dénaturés en France ; un fils n’y reconnoît jamais son pere, ou un pere n’y reconnoît jamais son fils, qu’ils ne pleurent & ne s’affligent l’un & l’autre.

151. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

« Ces comédies firent tant de honte aux dames qui se piquoient trop de bel esprit, que toute la nation des précieuses s’éteignit en moins de quinze jours, ou du moins elles se déguisèrent si bien là-dessus, qu’on n’en trouva plus ni à la cour ni à la ville ; et même depuis ce temps-là elles ont été plus en garde contre la réputation de savantes et de précieuses que contre celle de galantes et de déréglées. » Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant le dix-septième siècle, article Molière.

152. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

La Princesse d’Élide, quoiqu’elle ne fût que la copie d’une pièce espagnole, a probablement servi, en France, de type et de modèle pour un genre de comédies, qui n’a pas laissé d’augmenter les richesses de notre théâtre.

153. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

C’est ce que j’ai tâché d’établir dans le parallèle que j’ai fait des deux créations les plus sublimes d’un des plus beaux génies qui aient jamais honoré la France.

154. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Son génie s’était formé pendant les premières, alors qu’à la suite de Madeleine Béjart, il menait à travers la France ce roman comique dont on relève aujourd’hui les étapes légendaires. […] Il ne l’est nulle part, avouons-le, et à quoi servirait l’esprit en France, si ce n’est à dire la vérité sans faire de la peine, et à faire entendre ce qu’on ne veut pas dire ?

155. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il l’avoue hautement lui-même dans ses Mémoires ; et lorsque, entrant en France, il franchit le Var, c’est l’ombre de Molière qu’il invoque pour lui servir de guide dans ce nouveau pays. […] Celui qui se voua à cette œuvre avec le plus d’ardeur s’appelait Moratin, un nom à peu près ignoré en France, mais fort connu de l’autre côté des Pyrénées. […] Et savez-vous pourquoi on ne dit pas en France : un Alceste, comme on dit : un Tartuffe ? […] Au reste, Weiss peut consulter sur ce point tous les comédiens de France et de Navarre, sans en excepter un seul. […] Trissotin le présente à ces dames : Il sait du grec, Madame, autant qu’homme de France.

156. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

L’homme qui veut mettre toute la France en ports de mer est la meilleure critique de la folie des faiseurs de projets. […] Il ne prétendait à rien moins qu’à soulever toute la noblesse de France contre Molière, et à le rendre coupable du crime de lèse-majesté. […] On vient lui apprendre que la querelle qu’il a eue avec Oronte, à propos du sonnet, peut avoir des suites fâcheuses, et que, pour les prévenir, les maréchaux de France le mandent à leur tribunal.

157. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

C’est un honneur à Boileau et à Molière190 d’avoir voulu, d’avoir su rendre ce service à la France : service bien oublié aujourd’hui, et auquel pourtant elle doit une gloire plus solide que celle des victoires et même de l’industrie, la gloire de l’esprit français 191.

158. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Nous nous obstinons à ignorer que c’est sous son règne que fut inventé le moi de patriote ; que la tyrannie féodale fut définitivement vaincue ; que la liberté commerciale et industrielle prit son premier et victorieux essor ; que le peuple fut déchargé des impôts du servage ; que la justice cessa d’être une routine ou un abus ; que ceux qui s’engraissaient du suc de la France712 furent brisés, et que des fils de bourgeois et de marchands vinrent remplacer au ministère les ducs et les princes déchus ; nous oublions qu’il souffrit que l’éducation de son petit-fils fût nourrie des plus hardies et même chimériques utopies républicaines ; qu’il servit à sa table, de sa royale main, le valet de chambre qui proclama que la France est un peuple, qui immola les marquis au rire du peuple, cent cinquante ans avant que le peuple les traînât à la guillotine, et enfin qu’il voulut être le parrain du fils de ce fils du peuple.

159. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

X Le genre humoristique n’est point goûté en France. […] Montrer le cœur humain, créer, en Angleterre, des caractères individuels, en France, des types généraux, est devenu pour le poète la grande chose, et si l’on a quelquefois exagéré dans Corneille et dans Racine cette connaissance de l’homme et ce talent pour le peindre, il faut avoir l’impertinente suffisance ou le coup d’œil superficiel de certains petits critiques allemands, pour ne pas reconnaître en ce genre une rare supériorité chez Molière.

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