Celio survient, voit l’habit qu’on lui a volé, croit reconnoître le voleur, l’accable de reproches, & quitte la scene pour aller chercher main-forte.
Elle desire, à la vérité, d’être publiquement reconnue pour l’épouse d’Ariste, afin de ne pas compromettre sa réputation, & d’être délivrée des soupirants qui la recherchent ; mais elle ne commet pas la moindre indiscrétion sur le secret que son mari a la folie de vouloir garder.
De là toutes ces scenes dans lesquelles Harpagon, en contradiction avec lui-même, lutte entre sa tendresse pour celle qu’il aime, & son argent qu’il adore : de là ces scenes plus belles encore, où Harpagon prête, au plus gros intérêt, à un enfant de famille qui lui promet que son pere mourra bientôt, & dans lesquelles l’Avare, après avoir reconnu son fils pour l’emprunteur, ne voit aucune honte dans le métier d’usurier, & trouve qu’on se déshonore en faisant des dettes usuraires, quelque nécessité qu’on éprouve.
Molière l’avait reconnu lui-même tout le premier : il avouait qu’il vaudrait mieux passer la soirée dans la prière et les pieuses lectures qu’au théâtre. […] Il commence par reconnaître que Dandin est un personnage comique. […] Les dilettantes sauront bien reconnaître dans ce fond de bouffonnerie l’éternelle vérité humaine. […] L’expression était impropre, je le reconnais, et je la retire. […] Mais Delaunay est un des rares artistes qui croissent à mesure qu’ils vieillissent, qui étudient sans cesse et savent reconnaître une erreur et la réparer.
Il n’est point aveuglé sur ses défauts ; il les reconnaît : « Non, l’amour que je sens pour cette jeune veuve ne ferme point mes yeux aux défauts qu’on lui treuve ; et je suis, quelque ardeur qu’elle m’ait pu donner, le premier à les voir comme à les condamner. » Ces deux états dans lesquels l’esprit peut se trouver sous l’influence des passions indiquent ce qui, sous cette influence, caractérise, soit la persistance de la raison, soit l’invasion delà folie. […] Si elle reconnaissait les vérités que celle-ci lui a dites, elle ne montrerait pas tant d’aigreur dans ses reparties et elle tirerait profit de la leçon qu’elle a reçue. […] » Dans cette dernière circonstance, son état psychique n’est plus le même : sa passion ne l’aveugle plus, puisqu’il reconnaît sa faiblesse ; et par conséquent, étant donnés les défauts de sa femme, combien il serait préférable pour lui qu’il ne l’aimât plus. Mais, si sa raison lui fait reconnaître sa faiblesse, elle n’a pas la puissance de faire disparaître sa passion. […] Si l’instruction est en progrès, l’éducation se trouve dans un état de décadence complète, et cela, il faut bien le reconnaître, dans tous les rangs de la société.
L’administration municipale actuelle, sollicitée de faire enlever l’inscription qui entretient dans le public une double erreur depuis longtemps reconnue, n’a pas cru qu’elle possédât le droit dont ses prédécesseurs avaient usé contre la Tête noire, et il est probable que les Parisiens verront longtemps encore, au nº 31 de la rue du Pont-Neuf, le buste et l’inscription affirmant que Molière est né en 1620, quand il est authentique qu’il naquit en 1622, rue Saint Honoré au coin de la rue des Vieilles Estuves, et qu’il est également démontré que la maison achetée plus tard par son père sous les Piliers des Halles était située, non pas du côté de la rue Saint-Honoré, mais sur le passage de la rue de Rambuteau. […] Si les commentateurs avaient pris la peine d’étudier l’histoire typographique du Dépit amoureux, ils auraient reconnu, nous le croyons, que cette faute est simplement une faute d’impression, commise à l’origine, passée inaperçue aux yeux de l’auteur par une raison que nous allons donner tout à l’heure, et répétée dans toutes les éditions qui se sont succédé par suite de cet esprit de routine dont les meilleurs esprits ne sont pas toujours exempts. […] Soulié dans les minutes de Me Aumont-Thiéville, nous lisons : « Fut présent Jean-Baptiste Poquelin, sieur de Molière, tapissier et valet de chambre du roi, demeurant à Paris, en la maison où est demeurant un mercier, au coin de la rue des Jardins… lequel a reconnu et confessé volontairement que Jeanne Levé, marchande publique, lui a fait prêt ci-devant de la somme de deux cent quatre-vingt-onze livres tournois, pour nantissement et sûreté de laquelle il lui auroit déposé deux rubans en broderie d’or et argent, l’un de satin et l’autre de drap vert ; etc., etc. » Voilà donc un fait bien établi : le 31 mars 1645, Molière demeurait au coin de la rue des Jardins. […] Paul Lacroix : Le Boulanger de Chalussay reconnu et déclaré médecin Le Moliériste : revue mensuelle, tome I, nº 9, 1er décembre 1879, p. 261-264. […] Si on les attribue à Le Boulanger de Chalussay, il faut reconnaître qu’il ne manquait pas de talent poétique.
Pour Sosie, en tous lieux, on sait me reconnoître.
Non, Cléon, je vous parle ici de bonne foi : Votre oncle vous blâmoit, il reconnoît sa faute ; Vous aviez un tyran, & c’est moi qui vous l’ôte.
Le pere de Rosalie arrive, reconnoît d’Orval pour son fils.
« Comme l’avide guerrier de Tarse, renversé de son cheval, se releva touché de repentir et ne désirant que la croix avec le Christ, ainsi Genest, au moment où il va se jouer du baptême, a reconnu son erreur véritable dans des eaux feintes.
Toutefois, le secret de madame de Maintenon ne réside pas uniquement dans son mérite et dans ses charmes ; il faut aussi reconnaître en elle deux autres principes de conduite qui mirent en valeur tous ses avantages : ce furent deux passions que madame de Maintenon ressentit au plus haut point ; savoir : Un amour vif pour Louis XIV, et un grand respect pour elle-même.
Persuadé que l’inclination du roi pour elle a été le premier motif de sa nomination à la place de gouvernante d’enfants naturels qu’il avait l’intention de reconnaître et d’élever au niveau de ceux de madame de La Vallière, je le suis aussi que le choix fut déterminé par un motif plus sérieux, et qu’il fut fait dans le même esprit que celui de madame de Montausier pour la place de gouvernante des enfants de France.
Je crois ne pouvoir mieux reconnoître leur mérite, & me déclarer leur admirateur, qu’en les traitant comme Plaute, Térence, Moliere, dont je ferai également remarquer les grandes beautés & les choses qui pourroient être mieux vues.
Dans le cinquieme acte, Milord reconnoît ses torts, épouse Eugénie : tout est réparé : la piece est applaudie, & le mérite.
Pour moi, je reconnais bien volontiers la facilité remarquable, et même le talent très réel, qu’a déployé l’habile versificateur dans l’accomplissement de cette tâche ingrate ; mais je ne puis lui pardonner d’avoir dérangé l’économie de cette composition, d’en avoir méconnu les proportions et affaibli la portée philosophique et morale.
D’un autre côté, madame de Montespan, toujours soupçonnée d’avoir eu peu d’amour pour le roi, était irritée de la préférence qu’elle entrevoyait pour une autre ; un éclat lui convenait, ne fût-ce que comme moyen de reconnaître ce qu’il lui restait de pouvoir et peut-être de rajeunir l’affection du roi.
La correction et le poli du vers de Boileau (le procédé à l’huile) l’avait d’abord séduit, et il avait essayé de ce style pour Don Garcie, mais il reconnut bien vite que cette forme, quel qu’élégante qu’elle fût, lui allait mal et convenait peu au théâtre ou il fallait peindre d’un seul coup, à grands traits non tâtés. […] Un duc, le duc de La Feuillade, ayant cru se reconnaître dans le marquis Tarte-à-la-Crème de la Critique, voyant un jour passer Molière dans un appartement, lui fit signe, comme s’il eût voulu l’embrasser. […] Les joueurs de violon n’ont pas besoin de cela, ils peuvent être boiteux, aveugles et bossus, sans que personne s’en scandalise, il ne leur faut que l’oreille et le bras. » Les avocats de la musique, dans leur réponse, avaient recours à la prosopopée et faisaient parler l’Harmonie elle-même : « Ne faut-il pas,disait-elle, que vous reconnaissiez que c’est à moi à qui (ces avocats ne savaient pas le français) que c’est à moi à qui les Romains et les Grecs doivent la plupart des lauriers qui ont couvert leurs têtes ? […] Molière, de son côté, était allé l’attendre à la porte Saint Victor ; mais le grand air, la fatigue et surtout quelques mois à cet âge avaient si fort changé le jeune homme, qu’il ne le reconnut pas et le laissa passer.
Le prologue est une espece d’enfant perdu qu’on envoie reconnoître l’ennemi, & qui souvent en essuie le premier feu ; ou, pour parler plus clairement, c’est un petit ouvrage que l’on fait précéder la comédie, dans lequel un Auteur cherche à se rendre favorable le parterre.
Hassan s’approche de Dornal, le reconnoît pour son libérateur, l’embrasse, en donne tout ce que le Marchand demande, ainsi que du fidele domestique.
Prenez le recueil d’Évariste Gherardi, qui nous a conservé les pièces jouées par les Italiens à l’Hôtel de Bourgogne : vous y reconnaîtrez immédiatement la tradition de la raillerie française, notre génie satirique, à travers les déguisements fort légers qu’on lui impose.
Boursault crut se reconnaître dans le portrait de Lysidas. […] Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope.
Comme c’est tout ce qui nous en reste, nous ne pouvons savoir si Moliere lui est redevable de quelque chose ; mais nous allons reconnoître dans l’Amour Médecin, de l’italien, du Boursault, du Cyrano, du Térence ; le tout élagué, étendu, ou corrigé avec discernement, & encadré avec goût.