Je lui répondis là-dessus, qu’il n’étoit pas possible qu’une aussi belle Piece que celle-là, en cinq actes & dont les vers sont fort beaux, eût été faire en aussi peu de temps ; il me repliqua que cela paroissoit incroyable, mais que tout ce qu’il venoit de me dire étoit très-véritable, n’ayant aucun intérêt de déguiser la verité.
Après dix années de fonds de culottes éclaircis sur les bancs, et quelques années encore succédant au baccalauréat, qui donc prend à Polyeucte, à Andromaque, au Misanthrope, ce vif et frais intérêt qu’il faut prendre à des drames ?
Elle a de l’intérêt par elle-même ; il n’est pas indifférent à la morale, de voir comment cette femme, née dans une prison, d’un père protestant, qui se ruina au jeu et mourut à la Martinique, où elle fut laissée en gage à un créancier par sa mère obligée de venir chercher du pain en France ; renvoyée à sa mère, à quatorze ans, par ce créancier qui trouvait trop onéreux de la nourrir ; devient à quarante-cinq ans l’amie, la confidente d’un roi galant, parvient à le détacher de ses maîtresses, ne voulant prendre la place d’aucune, et à quarante-huit ans devient la femme de ce roi, plus jeune qu’elle de trois ans.
Aura-t-il l’adresse de proportionner le degré d’expression au degré d’intérêt que son personnage prend au sujet ?
L’Avare est déterminé à lui prêter à gros intérêt, pourvu qu’il n’y ait rien à péricliter.
Henriette retient Leuson qui lui fait voir son mépris pour Stukéli ; il la remercie du tendre intérêt qu’elle prend à lui, & la prie de couronner son amour en lui donnant sa main : elle ne peut s’y déterminer tant que sa belle-sœur est dans le chagrin.
Si le mariage n’a d’autre mobile que la volupté, il devient semblable aux mariages de don Juan, où « lorsqu’on est maître une fois, il n’y a plus rien à souhaiter, et tout le beau de la passion est fini525. » Si on y est poussé par l’orgueil d’une noble alliance, il tourne comme le mariage de George Dandin, « qui est une leçon bien parlante526. » Si l’on épouse par intérêt d’argent, les maris sont des Trissotins et des Diafoirus 527, les femmes des Dorimènes et des Angéliques 528.
Mais elle est dépourvue d’intérêt, d’une véracité plus que suspecte, et a été désavouée et blâmée en termes énergiques par Évariste Gherardi.
N’est-il pas charmant de l’entendre recommander à Clitandre de ménager, dans l’intérêt de leur amour, les prétentions de Philaminte et les visions de Bélise ? […] Elle voit du monde ; mais, quoi qu’en dise Mme Pernelle, les méchants seuls peuvent trouver à mordre sur sa conduite, Elle est surveillée par Tartuffe qui l’épie, moitié par intérêt, moitié par convoitise brutale ; elle sait ménager même Tartuffe, et ne se résout que malgré elle, poussée par une nécessité inévitable, à la ruse qui doit le démasquer.
Comme elle prend à cœur les intérêts de la famille, et particulièrement de sa jeune maîtresse qui ne sait que se désoler et parle de se donner la mort si on la violente : Fort bien, c’est un recours où je ne songeais pas : Vous n’avez qu’à mourir pour sortir d’embarras, répond-elle.
Mais ces grands traits de lumiere qui percent l’ombre de temps en temps, ne suffisent pas ; il faut un grand intérêt ; nulle langueur ne doit l’interrompre : les raisonnements politiques, les froids discours d’amour ne doivent pas le glacer ; & les pensées recherchées, les tours de force ne doivent point l’affoiblir.
Ne soutenez plus une opinion flatteuse pour vous, à la vérité, mais qu’il est si facile de pulvériser Dorine va vous dire encore : Je n’en parle, Monsieur, que pour votre intérêt.
Soyez surpris, avec raison, de voir la qualité & l’intérêt s’établir des privileges dans le sanctuaire des arts : dites-vous à vous-même qu’au théâtre les vrais nobles, les vrais riches, sont ceux qui ont hérité de Moliere, de Corneille, & qui les approchent de plus près : gémissez en secret ; mais gardez-vous d’insister si vous desirez qu’on vous joue par grace dans les petits jours, ou pendant les chaleurs de l’été57, encore serez-vous très heureux.
Aussi, après les deux longues comédies d’intrigue de l’Etourdi et du Dépit amoureux, las d’imiter les autres et de remplacer les personnages les plus charmants de la scène par des fictions sans caractère et sans autre intérêt que la beauté des comédiennes ou l’imprévu des situations, il quitta brusquement les contrées chimériques des romans d’aventures pour entrer sur le terrain de la vie réelle, et il attaqua du premier coup la femme par la juste critique du défaut qui dépréciait alors toutes ses autres qualités.
On trouve souvent dans les pièces les plus vantées de Molière, mais surtout dans Le Misanthrope, de ces dissertations dialoguées qui ne mènent à aucun résultat : voilà pourquoi, dans cette comédie, l’action, déjà pauvre par elle-même, se traîne péniblement ; car à l’exception de quelques scènes plus animées, ce ne sont guère que des thèses soutenues dans toutes les formes, et ce n’est que par des traits d’esprit et par l’agrément du style, que l’auteur réussit à dissimuler le défaut d’intérêt. […] Dans Les Femmes savantes, c’est encore la raillerie qui l’emporte sur l’enjouement : l’intrigue, assez insignifiante et dénuée d’intérêt, se dénoue suivant la coutume de Molière, par un moyen arbitraire et étranger au sujet.
Évidemment il attache trop d’importance aux querelles religieuses, et j’ai peine à le croire lorsqu’il nous assure, par exemple, que l’intérêt dramatique de Polyeucte gisait pour les contemporains dans l’antithèse entre le molinisme et le jansénisme, autrement dit entre la doctrine du libre-arbitre et la thèse de la grâce irrésistible. […] Et en deux mots, Saint-Simon nous peint le juge ; « Dès qu’il apercevait un intérêt ou une faveur à ménager, aussitôt il était vendu. » Sans doute il y eut de glorieuses exceptions, et certains magistrats méritèrent leur renom de vertu.
Serait-ce qu’elles ont besoin du charme de l’éloquence, et que, dépouillées de leur expression oratoire, elles perdent leur intérêt ? […] Sans doute l’individu est un, bien qu’il soit composé de facultés diverses, rempli d’idées contradictoires, combattu de passions opposées, et sollicité souvent en sens contraire par sa naissance et par son éducation ; de même la société est une, bien que ses membres soient en lutte d’intérêts, de passions et d’idées les uns contre les autres ; de même aussi l’humanité est une, bien que les peuples qui la composent soient si différents, que la guerre entre eux semble être l’état de nature. […] Mais, le lendemain, je ne pus achever la lecture d’un article de revue qui parlait de La Flûte sur le ton de l’enthousiasme, je lus jusqu’au bout avec intérêt une biographie de Mozart, et je pensai, en continuant mon étude sur Molière, que les admirateurs de ce grand poète se soucieraient bien peu de la lire, si c’était un morceau de critique admirative.
Mais pourquoi pour ces gens un intérêt si grand, Vous qui condamneriez ce qu’en eux on reprend ?
quel lien les unit, autre que le nom, la convenance, l’intérêt ?
Ô toute-puissance de cet art fameux que ni la misère, ni l’abandon, ni la vieillesse de ses interprètes, tant que ces interprètes sont à l’œuvre, n’en puissent affaiblir la grâce, l’intérêt et la grandeur ! […] Entre toutes les associations, il n’y en a peut-être aucune où l’intérêt commun de tous et celui du public, soient plus constamment et plus évidemment sacrifiés à de misérables petites prétentions. […] C’en est fait, de toutes parts, dans l’univers comique, le bâton remplace l’éclat de rire, le mariage efface l’amour, les passions font place aux intérêts. […] Sa comédie a tout l’intérêt d’une chose devinée. […] (notez bien qu’Araminte et Cidalise sont là qui écoutent et qui ont le plus grand intérêt à ne pas laisser entrer dans leurs détails !)
Ma passion est venue à un tel point qu’elle va jusques à entrer avec compassion dans ses intérêts ; et quand je considère combien il m’est impossible de vaincre ce que je sens pour elle, je me dis en même temps qu’elle a peut-être une même difficulté à détruire le penchant qu’elle a d’être coquette, et je me trouve plus dans la disposition de la plaindre que de la blâmer. […] Outre le soin de ses affaires, ses intérêts dans l’exploitation du théâtre, sa situation jalousée dans la troupe, elle avait eu de très graves ennuis.
L’espece de la sienne, à ce qu’il me paroît, Ne porte point sur l’intérêt, Mais sur les sentiments...