« Eh bien, me dira-t-on peut-être, vos exemples ne prouvent pas que le genre héroïque soit mauvais ; ils font voir seulement que les Auteurs des deux pieces que vous venez de citer l’ont traité mal.
C’est là sa gloire ; mais c’est aussi ce qui rend ses œuvres peu instructives, et leur ôte le caractère d’exemples, qu’elles devraient avoir pour enseigner avec fruit la morale.
Enfin, quoique les valets, qui, comme des esclaves dans Plaute et dans Térence, font l’âme de la pièce, ne produisent pas un comique aussi élégant que celui dont Molière a le premier donné l’exemple à son siècle, on ne peut s’empêcher d’applaudir à ce comique d’un ordre inférieur. » « [*]Molière n’avait pas fait scrupule d’insérer dans sa comédie des Fourberies de Scapin deux scènes entières du Pédant joué, mauvaise pièce de Cyrano Bergeraca. […] Je vous nommerais, si cela était nécessaire, deux ou trois personnes de poids, qui, à leur retour de Paris, après les premières représentations de la comédie des Femmes savantes, racontèrent en province qu’il fut consterné de ce coup, qu’il se regarda, et qu’on le considéra comme frappé de la foudre, qu’il n’osait plus se montrer, que ses amis l’abandonnèrent, qu’ils se firent une honte de convenir qu’ils eussent eu avec lui quelques liaisons, et qu’à l’exemple des courtisans qui tournent le dos à un favori disgracié, ils firent semblant de ne pas connaître cet ancien ministre d’Apollon et des neuf Sœurs, proclamé indigne de sa charge, et livré au bras séculier des satiriques.
Exemple à suivre, afin que chacun suive sa voie et ne demande à l’art qu’il exerce, que la chose même que son art peut rapporter. […] Ainsi, malgré l’exemple de Plaute, où nous lisons : da tertiam ! […] Quant à cette rage de rire de tout et toujours, il ne saurait l’approuver, et il vous donne, comme un exemple des excès où vous peut conduire le besoin de rire, ce que disait César de Térence, — qu’il ne le trouvait pas assez plaisant ! […] On sait que Virgile a voulu brûler l’Énéide, et qu’à l’exemple du poète latin Voltaire a jeté au feu La Henriade : « À telles enseignes qu’il m’en a coûté une belle paire de manchettes, pour la retirer du feu » disait le président Hénault. […] Or, cette comédie du Mariage forcé, écrite par ordre du roi, jouée devant Sa Majesté en plein Louvre, et applaudie à son exemple par les plus nobles esprits de ce temps-là, valait à elle seule tous les livres qu’on pouvait écrire en faveur de Descartes.
La Force de l’exemple, comédie en cinq actes, en prose.
L’exemple est étonnant à tons les scélérats.
La Fontaine peut être excusé de la licence de ses Contes par sa naïveté, par sa modestie qui lui faisait croire qu’ils ne sortiraient pas d’un cercle restreint, par le goût de la société où il vivait, par l’exemple, par son repentir651.
A l’exemple des peintres et des sculpteurs, qui donnent de grands traits aux visages que l’on veut voir de loin, « Moliere outroit souvent les caractères qu’il mettoit sur le theatre, parce qu’on les y regarde comme dans un éloignement. […] — Sire, répondit Moliere, nous raisonnons ensemble, il m’ordonne des remèdes ; je ne les fais point, et je guéris. » Revenu à Paris en 1658, il joua à la Cour ses premières pièces, qui furent extrêmement goûtées, et il en produisit ensuite de nouvelles, dans le véritable goût de la comédie, que nos auteurs avoient négligé, corrompus par l’exemple des Espagnols et des Italiens, qui donnent beaucoup plus aux intrigues surprenantes et aux plaisanteries forcées qu’à la peinture des mœurs et de la vie civile.
Lorsque certains exemples frappent nos regards, et qu’on relit Molière, on est convaincu que rien n’est plus héréditaire que la sottise. […] Il lui donnait aussi des exemples de vertu.
Corneille lui avoit frayé le chemin & donné l’exemple en accompagnant ses Poémes dramatiques, de Dissertations où il en faisoit lui-même la critique ou l’apologie. […] On a reproché à Moliere d’avoir péché contre la vraisemblance, en laissant seul son Athée, & on a trouvé plus naturel celui de Rosimond qui a deux camarades dont l’exemple & les pernicieux conseils le replongent dans le desordre lorsqu’un remords va l’en retirer. […] En voici un exemple, qui fait un des plus beaux traits de sa vie. […] Je ne vous raporterai point une infinité d’exemples qui vous feroient connoître la puissance de cette passion, je vous ferai seulement un recit fidelle de mon embaras....
Si vous voulez à toute force trouver un enseignement chez Molière, alors que ce soit un enseignement bien autrement élevé, bien autrement supérieur, celui que l’on retire de toutes les grandes manifestations de l’esprit et de la connaissance désintéressée des choses humaines. » [Annexe] À titre d’exemple des polémiques soulevées dans la Presse par la Conférence d’Henri Becque.
Il voit tous vos devoirs ensuite abandonnés, Une conduite scandaleuse, L’exemple affreux que vous donnez A des enfants infortunés, Et n’apperçoit pour tous qu’une fin douloureuse, En les voyant, après, eux & vous ruinés Et du mépris public couverts & consternés.
Doucement, ce n’est pas sans dessein que j’ai fait une pareille question ; on pourra bientôt juger par cet exemple de la différence qu’il y a entre les mœurs de la société & les mœurs telles qu’on doit les présenter sur le théâtre.
Magistrats portant l’épée, évêques en uniforme, grandes dames suivant tour à tour le quartier général et la procession, princes donnant l’exemple de la sédition, beaux esprits factieux, avaient joué une pièce comme on n’en invente guère. […] De tels exemples montrent que le génie n’a rien de commun avec les privilèges que s’attribue la vanité naïve, et nous apprennent à quel prix on s’élève au-dessus du reste des hommes. […] Fort peu de maris sont tentés aujourd’hui de suivre les conseils et l’exemple de Sganarelle ; beaucoup de maris font plus ou moins le rêve d’Arnolphe ; on a même été jusqu’à dire, tant il y a une pente naturelle de l’âme à ces illusions, qu’il y avait un Arnolphe en germe dans tout célibataire vieillissant. […] « S’il blessa cruellement l’amour-propre de Boursault, dit Auger, il ne porta pas du moins la plus légère atteinte à son honneur, et, en cela, il fit preuve d’une modération dont son ennemi ne lui avait pas donné l’exemple. » Les suites de la lutte allaient encore mieux faire ressortir la différence qu’il y avait entre la satire de Molière et les attaques que se permettaient ses antagonistes. […] La bourgeoisie suivait, comme d’ordinaire, les exemples qui lui venaient de plus haut.
Cependant que ce généreux prince occupe tous ses soins à maintenir la religion, Molière travaille à la détruire ; le roi abat les tempêtes de l’hérésie, et Molière élève des autels à l’impiété ; et autant que la vertu du prince s’efforce d’établir dans le cœur de ses sujets le culte du vrai Dieu par l’exemple de ses actions, autant l’humeur libertine de Molière tâche d’en ruiner la créance dans leurs esprits par la licence de ses ouvrages. […] Cette coutume existe encore dans ce pays, dont l’exemple prouve que rien ne s’allie plus facilement que l’intolérance et la débauche, et que le vice ne se déguise jamais mieux que sous le manteau de la religion.
Cet exemple suffit pour prouver combien le style de Moliere est supérieur à celui de son prédécesseur.
Cette comédie-là est de fort mauvais exemple.
Que l’on y prenne garde : la légende des amours de Molière avec Madeleine Béjart, quelles qu’en puissent être les suites, demeure inconciliable avec le respect que nous aimons à professer pour une telle mémoire ; ou Armande serait la fille de Molière, ce qu’il est inutile de qualifier, ou bien il aurait, à tout le moins, épousé la fille ou la sœur de sa maîtresse, deux cas sociaux qui, pour n’être pas sans exemple, ne le recommanderaient pas mieux à l’estime de ses contemporains qu’à celle de la postérité. […] Il était, au moins, du langage du temps, avec l’acception qu’on lui donne ici ; j’en pourrais citer vingt exemples. […] Le prince, cependant, qu’il ne cesse de styler par ses paroles, et qui, d’ailleurs, se croit prêché d’exemple, se jette dans la dévotion avec la sincérité d’ardeur qu’il croit voir dans celui qui le dirige. […] « Ils ne contrariaient en rien, me disait-il, les penchants qu’ils avaient reçus du bon Dieu : ils les cultivaient, au contraire, et en jouissaient naïvement, avec aussi peu de pruderie pour les mots que pour les choses. » À ce propos, comme exemple de la naïveté d’effronterie, qu’on avait alors, en Italie, à se dire pécheresse et à l’être, il me citait l’exemple d’une grande dame, qui s’était chargée de l’éducation d’une petite paysanne et lui faisait réciter son catéchisme avec promesse d’une pomme à chaque bonne réponse : « Combien, lui demanda-t-elle un jour, y a-t-il de péchés capitaux ? […] Un autre de ses desseins, plus réel, car lui-même en a parlé, mais qui ne fut pourtant pas davantage réalisé, c’est celui qu’il avait de suivre l’exemple de Corneille, en donnant une dissertation sur chacune de ses pièces.
Il serait à souhaiter que l’exemple de M. […] Elmire donne l’exemple à tout le monde, et l’ancienne tradition est vraie. […] La fin malheureuse de ce peintre est un mémorable exemple pour ceux qui ont dévié du droit chemin de la morale56. » Il est évident que le lieu nommé le Canal par Dominici, désigne ou la ville de Toulouse ou la maison de Riquet, seigneur de Bonrepos.
J’ai donc voulu, puisqu’il était question de la comédie et de ses alentours dans les chapitres de ce livre, raconter, par des exemples, les derniers moments de mademoiselle Mars ; j’ai voulu rattacher son souvenir au souvenir de toutes les œuvres qui l’entouraient, et conduire avec tant de soin cette barque funèbre, à travers tant d’écueils, ou pour mieux dire à travers tant de comédies oubliées, que tout parût s’arrêter un instant à la retraite et à la mort de mademoiselle Mars. […] Autre exemple : au moment où Lekain sort du tombeau de Ninias, les yeux hagards, les cheveux hérissés, dans toute la fantasmagorie horrible d’un homme qui a vu un fantôme, Lekain voit à ses pieds une pendeloque en brillants, et du pied, il repousse la pendeloque dans la coulisse. […] Il le ramenait dans les sentiers connus ; il le traitait comme un père traite son enfant ; et par tant de bons soins, par tant de bonnes paroles, et tant d’exemples dont il avait le secret, il faisait que l’ordre et l’espérance rentraient, tout à la fois, dans cette âme et dans cet esprit au désespoir. […] En effet, voilà un art que vous dites rempli de difficultés et de périls, voilà un art qui demande, plus que tout autre, l’attention, l’imitation, l’intelligence, — et pourtant vous avez là, sous les yeux, l’exemple d’un comédien excellent qui joue un des rôles les plus compliqués et les plus complets de la comédie, qui le joue à merveille, sans avoir l’intelligence de ce qu’il dit, de ce qu’il fait ! […] Il parle à la façon des poètes tragiques ; il s’affuble de guipures tragiques ; il se permet des inventions fabuleuses et sans exemple : des grenouilles, des guêpes, des oiseaux, des nuées et des métaphores impossibles.
Peut-être, entraîné par l’exemple, seroit-il moins scrupuleux, s’il vivoit à présent : tant pis pour lui.
Après ce qu’il m’a fait, si la Justice n’en fait pas un exemple, il n’y aura plus de bonne foi dans le commerce des filles.