Elle ôte ensuite de la malle quelques ajustements & un chapeau galant de sa maîtresse, qu’elle essaie avec complaisance devant une glace, après avoir regardé si personne ne peut la voir.
VI, Ce que c’est que les mariages du théâtre : « On commence par se livrer aux impressions de l’amour sensuel ; le remède des réflexions ou du mariage vient trop tard ; déjà le faible du cœur est attaqué, s’il n’est vaincu ; et l’union conjugale, trop grave et trop sérieuse pour passionner un spectateur qui ne cherche que le plaisir, n’est que par façon et pour la forme dans la comédie… Toute comédie, selon l’idée de nos jours, veut inspirer le plaisir d’aimer ; on en regarde les personnages, non pas comme gens qui épousent, mais comme amants ; et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après (chap.
Regardez donc favorablement, ô très ridicule héros, ce combat scolastique, et, par vos effroyables grimaces, défendez-moi de celles de nos trop critiques savants.
Les Jansénistes y participaient, et surabondamment, et même, s’il faut en croire Brossette, c’étaient eux que Louis XIV regarda comme « les vrais objets »de la comédie de Molière, tandis que les Messieurs de Port-Royal étaient persuadés au contraire que le Tartufe fustigeait les Jésuites. […] Et quand, un peu plus tard, le principe fut posé par la Compagnie du Saint-Sacrement de n’admettre aucun membre d’une congrégation régulière, sans doute cette exclusion louchait les Oratoriens comme les autres, — puisque, suivant l’esprit du P. de Condren, ils ne devaient pas se regarder comme un simple groupement d’« honnêtes gens » pieux, mais comme une véritable société de « personnes ôtées du monde ; » — néanmoins, quand des exceptions furent faites par la Compagnie du Saint-Sacrement, elles le furent au profit des membres de cet Oratoire dont l’esprit, toujours selon le Père de Condren, consiste à fuir tout esprit propre et particulier pour n’en avoir point d’autre que celui que Jésus-Christ a donné à son Église : formule identique à la maxime fondamentale du Saint-Sacrement.
Il ne faut pas regarder ces années à travers le contentement de Dassoucy, bien repu ; les parasites sont enclins à voir tout en beau. […] On savait de plus que Madeleine avait eu une fille, et il était fort naturel de conclure à première vue que cette fille était l’enfant qu’elle avait auprès d’elle : il eût fallu y regarder de près et avoir la mémoire bien fidèle pour se rendre compte de la différence d’âge qu’il y aurait eue entre Armande et la fille du comte de Modène. […] D’abord on sait bien que l’âge indiqué dans les actes mortuaires n’est souvent qu’approximatif ; on n’y regardait pas de si près ; on inscrivait volontiers des chiffres ronds. […] Molière regarda ses ennemis en face, pénétra leurs desseins et aperçut aussi leurs forces croissantes. Il regarda autour de lui, et, sans s’arrêter à ces joies fastueuses que la jeunesse du roi faisait rayonner sur Versailles, il scruta la cour et la ville, il pressentit le péril, il devina les menaces de l’avenir.
La premiere fois qu’elle fut donnée au public, il arriva un malheur que notre poëte n’avoit jamais éprouvé : elle ne put être jouée, & on n’en put connoître les beautés, le peuple étant entiérement appliqué à regarder des danseurs de corde.
Je regarde, & je lui demande pourquoi il me retient : il me dit qu’on lui a défendu de laisser entrer personne chez sa maîtresse ; que Chrémès venoit d’y entrer avec Sophrona, & qu’il étoit encore avec elles.
Ce genre devoit nécessairement prendre naissance chez une nation fiere, romanesque, & qui regarde la noblesse comme le premier des mérites : aussi dans les comédies espagnoles, sur-tout dans celles de Calderon & de Lopez de Vega, voyons-nous souvent au rang des interlocuteurs el Conde, la Duquesa, el Principe, la Reyna, el Rey, le Comte, la Duchesse, le Prince, la Reine, le Roi.
Que Molière ait quelquefois prétendu que ses comédies avaient un but moral9, soit par nécessité, soit par une de ces illusions communes aux auteurs, qui sont facilement entraînés à s’exagérer la portée de leurs œuvres, soit plutôt par une réflexion après coup sur l’influence morale qu’elles pouvaient avoir10, il n’est pas moins vrai qu’il se faisait une opinion plus modeste de ce que peut être la bonne comédie au point de vue de la morale : « J’avoue, dit-il, qu’il y a des lieux qu’il vaut mieux fréquenter que le théâtre ; et si l’on veut blâmer toutes les choses qui ne regardent pas directement Dieu et notre salut, il est certain que la comédie en doit être, et je ne trouve point mauvais qu’elle soit condamnée avec le reste.
Ce gouverneur d’Euryale, qui, au lieu de blâmer ou de réprimer les tendres sentiments de son élève, les justifie et les encourage, lui confesse qu’il s’inquiétait jusque-là de voir qu’un jeune prince, en qui brillaient tant de belles qualités, ne possédât pas la plus précieuse de toutes, ce penchant à l’amour, qui peut tout faire présumer d’un monarque, et auquel les héros doivent leurs plus grandes actions, mais lui déclare que, rassuré par la passion dont il vient de lui faire l’aveu, il le regarde à présent comme un prince accompli ; cet Arbate, dont le langage convient si peu à son grave emploi, parle en courtisan de Louis XIV, charmé des faiblesses de son maître, et empressé de les flatter, dans l’espoir d’en tirer parti pour sa fortune, ou du moins pour ses plaisirs.
Et puisque les langueurs d’une plaie invincible Nous montrent que votre ame à ses traits est sensible, Je triomphe ; & mon cœur, d’alégresse rempli, Vous regarde à présent comme un Prince accompli.
Aussi, Molière recommandait-il toujours à ses camarades d’amener leurs enfants à la répétition de ses pièces ; souvent il les regardait comme ses juges.S’il lisait aussi ses pièces à sa servante, s’il tenait à son approbation, c’est que ce grand homme lui avait reconnu ce naturel, cette justesse, qui seuls saisissent à l’instant la vérité d’un portrait ; mais jamais on ne nous a dit que Molière fît répéter ses pièces en présence de gens sans éducation : il connaissait trop leur incapacité.
Le même esprit éclate dans la scène où Lucinde désespérée dit : Je veux mourir, ouvre « la fenêtre qui regarde sur la rivière, et… la referme tout doucement.
L’Europe, a dit Voltaire, regarde le Misanthrope comme le chef-d’œuvre du haut comique. […] Au lieu de regarder d’un coin de la salle, et dans l’ombre d’une loge, l’effet de la pièce sur le public, avec un parti pris de complaisance pour l’une et de prévention contre l’autre, et l’excuse toute prête de quelque cabale pour expliquer les sifflets, il interrogeait lui-même le public, et, selon la réponse, l’acteur corrigeait le poète, ou le poète l’acteur, sans complaisance de l’un pour l’autre, car il fallait réussir ; et si le poète eût hésité entre sa vanité et le succès, la pièce eût été en péril.
Je n’aime point la mort parcequ’elle est camuse, Et que sans regarder qui la veut ou refuse, L’indiscrete qu’elle est, grippe, veut-il ou non, Pauvre, riche, poltron, vaillant, mauvais & bon.
Apprenez enfin qu’un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature ; que la vertu est le premier titre de noblesse ; que je regarde bien moins au nom qu’on signe, qu’aux actions qu’on fait, et que je ferois plus d’état du fils d’un crocheteur, qui seroit honnête homme, que du fils d’un monarque, qui vivroit comme vous713. » Devant cette cour infatuée de noblesse, devant ces grands seigneurs qui ne voulaient pas qu’il mangeât à la même table qu’eux, il fait parler un honnête homme justement fier de ses ancêtres roturiers, et aimant mieux perdre sa maîtresse que se déshonorer par un titre usurpé.
« Tu n’iras pas bien loin ; regarde, dit Scapin, cette simple demeure : Oui. — Presque triste — Eh bien ! […] — Regarde-la, Diogène : celui que tu cherches est là. […] Je doute que ses contemporains se soient laissé convaincre : mais la postérité, mieux placée pour reconnaître les chefs-d’œuvre, n’a pas regardé Les Plaideurs comme un pique-nique de société littéraire, ni comme un essai de la première jeunesse. […] Certes, j’ai de l’amour pour l’âpre vérité ; mais je n’oublie pas que tel feuilleton sera lu, traduit et commenté par-delà les Alpes et le Rhin, et j’estime qu’il est d’un mauvais citoyen de crier par-dessus les monts : « Vous vous imaginiez, bonnes gens qui regardez Paris comme la capitale du monde, que cette antique Comédie-Française était l’honneur des lettres, l’école du goût, le conservatoire du beau langage et des grandes manières ? […] Loret, en effet, dans sa lettre du 3 juin 1656, parle d’un certain galant anonyme qui, étant entré dans une église, Était regardé comme un fou, Car il portait autour du cou, Un collet à si grande marge, C’est-à-dire si haut, si large, Que tous les dévots de ce lieu Songeaient plutôt à lui qu’à Dieu.
Et, puisque les langueurs d’une plaie invincible Nous montrent que votre âme à ses traits est sensible, Je triomphe, et mon cœur, d’allégresse rempli, Vous regarde à présent comme un prince accompli622. » Or cette tirade était dite à Louis XIV, jeune et triomphant, dans ces fameuses fêtes appelées les Plaisirs de l’Ile enchantée, qu’il donnait, sous le couvert de la reine mère, et en présence de la jeune reine délaissée, à Mlle de La Vallière, en sorte que sa mère et sa femme servaient de prétexte aux hommages royaux rendus publiquement à sa maîtresse623.
On a dit bien des fois que Racine, pour composer ses héroïnes, n’avait eu qu’à regarder autour de lui.
Point de ces supercheries sans vraisemblance, de ces faux contrats qui concluent les mariages dans nos Comédies, et qui nous feront regarder par la postérité comme un Peuple de dupes et de faussaires.
Si Henriette regardait d’un œil attentif sa nouvelle conquête, elle serait saisie d’une légitime défiance.