Qui, bravant le public & le qu’en dira-t-on, Expliquez vos chagrins à bons coups de bâton, Et que l’usage enfin, sans crainte d’aucun blâme, Autorisa toujours à battre votre femme !
Sauf quelques mots qui sentent leur don Juan et qui montrent à nu l’élève enjoué de Lucrèce et de Gassendi, nous n’avons mis la main que sur quelques jovialités burlesques ; mais il s’attache un intérêt si vif et si légitime à tout ce qu’on peut croire sorti de la plume de l’auteur du Misanthrope, que nous n’hésitons pas à faire confidence au public de ce que nous appellerons notre trouvaille, pour ne pas abuser, comme on fait chaque jour, et pour beaucoup moins, du grand mot de découverte.
De pélerins, dit-on, une troupe grossiere, En public à Paris, y monta la premiere, Et sottement zélée en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge, & Dieu, par charité.
J’ose penser que si le public ne croit pas dans la premiere scene voir autant le Philanthrope que le Misanthrope, ce n’est ni au titre ni à l’annonce que l’Auteur en a l’obligation : c’est encore moins à la précaution de mettre dans la bouche d’Alceste des raisons triomphantes & de faire de Philinte un sot ; de bien plaider la cause du Misanthrope, de mal plaider celle du prétendu Philanthrope ; mais à l’adresse de différencier les deux rôles sans les faire contraster, puisqu’Alceste est l’ennemi déclaré du genre humain, & que Philinte, loin d’être l’ami déclaré des hommes, les plaint sans les aimer, souffre leurs défauts uniquement par la nécessité de vivre avec eux, & l’impossibilité de les rendre meilleurs.
Les Grands ne sont que trop disposés à regarder tout ce qui est au-dessous d’eux comme s’il n’existoit pas : les entretenir dans cette idée est une foiblesse de la part du Public, & une lâcheté de la part des Auteurs. […] M. de Voltaire a très grande raison de s’écrier à ce sujet : « La licence de l’ancienne comédie grecque n’allait pas plus loin ; il eût été de la bienséance & de l’honnêteté publique de supprimer la satyre de Boursault & celle de Moliere.
En ce moment, le Mazarin venait de mourir, « raisonnablement chargé de la haine publique », disait le cardinal de Retz. […] Il voulait danser dans un ballet, il le commandait à Molière, sans trop s’inquiéter des vers de Britannicus qui, dit-on encore aujourd’hui, avaient corrigé le roi de danser en public : Il excelle à conduire un char dans la carrière… Au carnaval suivant, fut commandé Psyché ; mais Molière en ce ballet, où Quinault a laissé sa trace, Molière avait un collaborateur digne de lui, Pierre Corneille à soixante ans ; et Corneille, par des vers charmants, que lui seul il pouvait écrire, prit sa revanche des victoires du jeune et bouillant Racine à propos de Bérénice.
C’est dans cette pensée que, déjà à Lausanne, il avait fait de ce sujet la matière de cours publics. […] Mais nous avons cru mieux employer l’espace dont nous disposions, en mettant le jeune professeur lui-même en scène, en le laissant se faire connaître par des citations et en le présentant de cette manière au public français comme un homme de cœur, un penseur original et un écrivain d’un beau talent.
Je vais mettre sous les yeux du lecteur tout ce que les ennemis & les défenseurs outrés du monologue disent pour & contre ; je risquerai mon sentiment sur les raisons que les uns & les autres porteront, & le public décidera.
Nous ne citerons point la Farce du Pape malade, quoiqu’elle soit très propre à prouver aux jeunes gens tentés de suivre cette carriere, qu’en attaquant des choses ou des personnes respectables par elles-mêmes, l’on ne diminue rien de la vénération qui leur est due, & qu’on encourt l’indignation publique.
Sa femme & son fils remonterent sur le théâtre ; mais il se refusa aux empressements du public.
Aussi le public ne fut point, trompé sur la prétendue Armande-Grésinde.
Des honneurs publics furent rendus à l’il- lustre comédienne.
Il faudrait qu’ils se vissent avant de se rencontrer en public, pour éviter les inconvénients de la surprise.
Confiez-leur les principaux fils de votre ouvrage : les premiers en feront une comédie héroïque, un drame, ou bien une piece que l’on ne pourroit permettre : les seconds fileront une intrigue indécente, ou fade, ou remplie de persifflage : les troisiemes mystifieront le public en n’amenant que des mystifications sur la scene ; & les quatriemes révolteront.
Il est encore nécessaire que le héros, en paroissant, se caractérise tout de suite par quelque trait frappant qui fasse dire au public : le voilà bien tel qu’on nous l’a peint, ou tel que le titre nous l’annonce.
La scène est divisée en trois arcades, et sous chaque arcade on voit posée, sur un terrain en pente, une rue véritable, bordée de maisons de bois, qui vient du fond du théâtre aboutir sur l’avant-scène, censée une place publique.
Donnant un libre cours à leur docte travers Ils riment par milliers, et chacun deux, en vers, Croit de déraisonner avoir le privilège : Un jeune imberbe, à peine au sortir du collège, Accouche d’un poème, et s’excuse, en disant Que l’homme de génie est poète en naissant ; On voit de bonne foi leur innocente muse S’accorder à l’envi l’encens qu’on leur refuse ; De son public toujours chacun est satisfait, Et de gloire, lui-même, il se donne un brevet.
« Le plus beau quartier de la ville de Coquetterie est la grande place, qu’on peut dire vraiment royale 44… Elle est environnée d’une infinité de réduits, où se tiennent les plus notables assemblées de coquetterie, et qui sont autant de temples magnifiques consacrés aux nouvelles divinités du pays ; car, au milieu d’un grand nombre de portiques, vestibules, galeries, cellules et cabinets richement ornés, on trouve toujours un lieu respecté comme un sanctuaire, où sur un autel fait à la façon de ces lits sacrés des dieux du paganisme, on trouve une dame exposée aux yeux du public, quelquefois belle et toujours parée ; quelquefois noble et toujours vaine ; quelquefois sage et toujours suffisante ; et là, viennent à ses pieds les plus illustres de cette cour pour y brûler leur encens, offrir leurs vœux et solliciter la faveur envers l’amour coquet pour en obtenir l’entrée du palais de bonnes fortunes. » On lit dans un autre passage, que dans le royaume, « il n’est pas défendu aux belles de garder le lit, pourvu que ce soit pour tenir ruelle plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre45 ». […] Est-ce dans une femme de cet âge qu’on peut voir le principe et l’autorité d’une mode régnante, et qu’on peut se croire obligé, qu’on peut même avoir le courage d’attaquer un ridicule dominant dans le public ?
Le théâtre est donc obligé d’offrir au public des pièces qui plaisent et qui intéressent. […] En composant ses œuvres, il a eu surtout en vue d’amuser le public ; mais il a jugé que la meilleure manière d’atteindre ce but était de représenter l’humanité dans ses principaux travers ; et cette représentation s’est trouvée si profonde et si parfaite, qu’elle est devenue un haut enseignement psychologique. […] Uranie proposant à ses camarades de mettre leur discussion en comédie, chacun des personnages qui vient de soutenir une opinion différente sur l’École des Femmes est tellement persuadé que sa manière de voir est la seule vraie, qu’il consent avec plaisir à venir l’exposer au public, persuadé que celui-ci lui donnera raison. […] Mascarille, découragé, par les étourderies de Lélie, de lui venir en aide, continue cependant à le servir pour soutenir sa réputation de maître expert en actes immoraux : « Et que deviendra lors cette estime publique (se dit-il) qui te vante partout pour un fourbe sublime, et que tu t’es acquise, en tant d’occasions, à ne t’être jamais vu court d’inventions? […] Le premier but de Molière, en composant ses comédies, était incontestablement de divertir son public ; mais, le moyen qu’il avait continuellement en vue pour atteindre ce but étant la représentation du jeu naturel des passions, cette représentation a été d’une vérité si exacte qu’elle s’est trouvée être un grand enseignement qui sera, de tous les temps, celui de la science du cœur humain.
Le public est-il une fois instruit de la pureté, de la vivacité de leur tendresse, qu’ils cessent de disserter sur leur passion, qu’ils en prouvent la violence en agissant ou en faisant agir tout ce qui les entoure pour parvenir à l’hymen qui doit combler leurs vœux.
Parceque le public n’est pas instruit de la façon dont un Avocat doit parler ; parcequ’il faut avoir plaidé, ou avoir souvent fréquenté le Barreau pour sentir toute la finesse des critiques renfermées dans les plaidoyers de Petit Jean & de l’Intimé.