Jettons un coup d’œil impartial sur notre siecle ; nous y verrons une infinité de grands hommes ne sortir de la foule commune, ne s’élever au sublime de leur art que par les bontés du meilleur des Princes.
Arlequin, soi-disant empereur de la Lune, prince des Brouillards, roi des Crépuscules, etc., est interrogé par le Docteur Balouard, Isabelle, Colombine, sur ce qui a lieu dans son lointain empire.
Sans doute, dans la même situation, deux hommes d’un rang différent, un prince, un valet, éprouveront des sentiments semblables, leurs impressions seront les mêmes ; mais leur langage sera distinct, leur manière de s’exprimer différera.
C’était un reste du goût dépravé qui avait régné depuis la renaissance des lettres, et de cette mode ancienne d’avoir dans les cours ce qu’on nommait le fou du prince. […] C’est pourquoi Molière devrait plutôt travailler à nous faire voir qu’ils sont tous des héros, puisque le prince est toujours au milieu d’eux, et qu’il en est comme le chef, que de nous en faire voir des portraits ridicules. […] Je laisse de côté les obstacles qu’il eut à surmonter pour la représentation, et dont peut-être il n’eût jamais triomphé, s’il n’avait en affaire à un prince tel que Louis XIV, et de plus, s’il n’avait eu le bonheur d’en être particulièrement aimé; je ne m’arrête qu’aux difficultés du sujet.
. ; et elle se joue avec le privilège d’un prince qui gouverne ses sujets avec tant de sagesse et de piété, qui n’a pas dédaigné d’y assister lui-même, et qui n’aurait pas voulu autoriser par sa présence un crime dont il serait plus coupable que les autres ; » et cela en faveur des plates et misérables comédies de Boursault, dont plusieurs ne roulent que sur des équivoques honteuses, dégoûtantes806 ; — Bossuet, en lisant une telle lettre en tête de telles œuvres, sentit ranimée toute son indignation, devenue cette fois, il faut en convenir, légitime807.
Je suis pourtant fort connu dans la ville ; Et, si vous l’ignorez, sachez que je faufile Avec Ducs, Archiducs, Princes, Seigneurs, Marquis, Et tout ce que la Cour offre de plus exquis ; Petits-Maîtres de robe à courte & longue queue.
Dieux, princes, bergers, bourgeois, gentilshommes, valets, on en trouve partout sans qu’on songe jamais à s’en plaindre : Célie, Hippolyte, Lucile, Elvire, Isabelle, Agnès, Lucinde, Eliante, Mariane, Elise, Julie, Eriphile, Psyché, Zerbinette, Hyacinthe, Henriette, Angélique, je vous aime, avec vos Lélies, vos Léandres, vos Erastes, vos Valères, vos Horaces, vos Orontes, vos Sostrates, vos Cléontes, vos Octaves, vos Cléantes, et vos Clitandres, doux noms et charmants souvenirs, aimables figures qui venez, au milieu des farces les plus risibles ou des peintures de caractère les plus hardies, apporter la grâce riante de vos jeunes amours !
Des rois et des princes nous passons, aux valets de la garde-robe ! […] Ils sont passés à l’état des fossiles, ces courtisans, la honte de l’espèce humaine. — Ils étaient cependant les maîtres absolus de ce monde en proie à leur caprices ; il en étaient les arbitres, les héros, les demi-dieux, les gardes-du-corps ; ils touchaient, de très près, les Princes Lorrains, les Rohan, les Foix, les Châtillon, les Montmorency — ces dieux !
Deux princes rivaux s’y disputent par des fêtes galantes le cœur d’une princesse. […] Le roi Louis XIV donna à Moliere le caractère du chasseur impertinent qu’on voit dans cette pièce, et comme il n’entendoit point du tout la chasse, ce prince l’envoya de sa part au comte de Soyecourt, qui étoit très au fait de cet exercice147, et avec lequel Moliere fit la prose de cette agreable scène, qu’il versifia ensuite en son particulier.
Elle crut que la campagne ne lui serait pas moins favorable ; mais à Rouen, au lieu de préparer le lieu de son spectacle, elle mangea ce qu’elle avait d’argent avec un gentilhomme de M. le prince de Monaco, nommé Olivier, qui l’aimait à la fureur, et qui la suivait partout ; de sorte qu’en très peu de temps sa troupe fut réduite dans un état pitoyable. […] Les princes de Vendôme l’admettaient à leur table.
Ce prince, devenu vieux et tombé dans la dévotion, ne voulait point croire ou taxait d’exagération et de médisance ce qu’on lui rapportait des débauches du duc d’Orléans. […] Les coryphées du parti royaliste, les émigrés, rentrés en France à la suite des Bourbons, et à qui les princes de cette famille, pour prix de leurs services et de leur dévouement, ont partagé ou restitué les plus hauts emplois, dissimulent à peine leur mépris pour les hommes et les choses de l’Empire; ils affectent, en outre, des airs de triomphe tout à fait blessants; et c’est avec vérité que, dans sa verve railleuse, et pour stigmatiser leur jactance, le poëte national a pu s’écrier : Voyez ce vieux marquis Nous traiter en peuple conquis ! […] Mais un directeur de théâtre est un prince omnipotent, et, comme tel, il peut réprimer, du moins contenir les haines, les jalousies et les rivalités nuisibles que doit nécessairement engendrer une profession où l’amour-propre est sans cesse excité. […] Onuphre n’est pas dévot, mais il veut être cru tel, et, par une parfaite quoique fausse imitation de la piété, ménager sourdement ses intérêts ; aussi ne se joue-t-il pas à la ligne directe, et il ne s’insinue jamais dans une famille où se trouvent tout à la fois une fille à pourvoir et un fils à établir : il y a là des droits trop forts et trop inviolables ; on ne les traverse point sans faire de l’éclat, et il l’appréhende ; sans qu’une pareille entreprise vienne aux oreilles du prince, à qui il dérobe sa marche, par la crainte qu’il a d’être découvert et de paraître ce qu’il est.
Nos troubles l’avoient mis sur le pied d’homme sage, Et pour servir son prince, il montra du courage ; Mais il est devenu comme un homme hébêté, Depuis que de Tartufe on le voit entêté ; Il l’appelle son frere, & l’aime, dans son ame, Cent fois plus qu’il ne fait mere, fils, fille & femme.
Mais quel intérêt Molière aurait-il pu avoir à poursuivre de ses satires la sœur de M. le prince, -vouée depuis treize ans aux pratiques de la religion la plus austère11 !
Cette espèce d’invention, née du hasard et de la nécessité, eut beaucoup de succès, et Molière, par la suite, en fit usage toutes les fois qu’il reçut du Roi l’ordre d’embellir, par quelque production nouvelle, les fêtes que donnait ce prince, ami des plaisirs magnifiques6.
Il l’appelle, à plusieurs reprises, le prince de tous les poètes comiques, et s’efforce, dans un parallèle qui se poursuit deux pages durant, de mettre Shakespeare au-dessous de lui. […] Les princes arrivent ; mais toutes les coquetteries échouent sur ces parfaits amants. […] Les deux princes sont peut-être moins aimables et moins beaux qu’il ne faudrait pour l’illusion ; mais on ne peut pas tout avoir. […] Les princes lui offrent leur amour. « Que ne vous adressez-vous à mes sœurs ? […] Les comédiens cédèrent enfin, et l’événement fit voir qu’ils avaient eu raison de se montrer bons princes.
« Il est évident que ce prince des poètes, conquérant tout comme un roi, a mis à contribution ses devanciers anciens et modernes. […] « Je ne vis jamais, ajoute Dassoucy, tant de bonté, tant de franchise ni tant d’honnêteté que parmi ces gens-là, bien dignes de représenter réellement dans le monde les personnages des Princes qu’ils représentent tous les jours sur le théâtre. » Dassoucy changera de note, plus tard, mais ici l’aveu est bon à retenir, et nous montre déjà Molière tel que nous le retrouverons à Paris, compatissant, excellent, noble de cœur et de tenue, et partageant sans compter avec l’errant recueilli en chemin. […] « Je suis un auteur passable, avait-il répondu au prince, et je puis être un fort mauvais secrétaire ! […] » On trouvera dans ce registre du comédien, monument sans prix et sans équivalent, la liste de ces visites ou représentations de la troupe de Molière chez le roi, les princes, les particuliers, chez M.
Les Princes se font un plaisir de parler français ; leurs Ministres, Envoyés dans de différentes Cours ont leur correspondance en français ; c’est une langue universelle.
Molière obtint du roi la permission tant désirée, au moment où ce prince partait pour la conquête de la Flandre.
Alors, par droit divin, les princes de la terre Avaient aux yeux du peuple un sacré caractère ; La volonté d’un seul était l’unique loi ; Tout, jusqu’au goût public, suivait le goût du roi.
Et Monsieur le prince de Conti, qui l’avait fait venir plusieurs fois jouer dans son Hôtel, l’encouragea. […] Il s’assurait aussi sur la protection de Monsieur le prince de Conti.
Il est possible que l’hôtel de Condé, qu’habitait ce prince, ait été, en quelque sorte, l’atelier où se forgeaient toutes les critiques contre L’École des femmes, et que Montfleury, pour faire sa cour, ait imaginé de constater cette circonstance par le titre même de sa pièce.