Je ne puis lui parler seule, parce qu’elle ne me le pardonnerait jamais ; et quand je lui parlerais que je dois à madame de Montespan ne peut me permettre de parler contre elle. » Une lettre explicative de celle qu’on vient de lire, et qui heureusement porte la date précise du lundi 29 juillet, détermine très approximativement cette de la précédente, la voici : « Je pense toujours de même, quoique le changement de mon style vous ait fait craindre un changement d’idée. » (Cette phrase suppose une lettre intermédiaire d’un ton moins triste que la précédente.)
L’éloge est plus grand qu’on ne pense, car on n’a pas vu que former un public à des chefs-d’œuvre, c’était faire une nation. […] Vous exprimez, à cette occasion, le désir de voir s’élever à Molière un monument que sa ville natale s’étonne de ne pas encore posséder, et vous pensez que l’on pourrait d’autant mieux profiter de la circonstance que c’est précisément en face de la fontaine projetée, dans la maison Hulot, que ce grand homme a rendu le dernier soupir.
Vous pensez sans doute, Messieurs, et je crois, comme vous, que ces questions sont passablement oiseuses ; car toute question qui ne peut se résoudre que par des hypothèses est oiseuse. […] La scène, de la Descente de Croix est aussi des plus navrantes et je pense, Messieurs, qu’il n’y a point de témérité à supposer que là, comme en bien d’autres sujets, les grands artistes de la fin du XVe siècle et du XVIe n’ont fait que traduire en marbre ou sur la toile les saisissantes représentations des mystères.
Il n’en va pas de même de son cadet ; et quoique ce soit une divinité parmi les comédiens, les encens qu’on lui donne ne sont pas si généraux que ceux de son frère : ne croyez pourtant pas que j’en veuille dire du mal ; au contraire, je tiens que c’est celui de tous les auteurs qui pense plus profondément : et sans doute l’envie avouera elle-même que son Stilicon est tout à fait beau. […] Selon lui, Molière pensait toujours juste, mais il n’écrivait pas toujours juste, parce qu’il suivait trop l’essor de son premier feu, et qu’il lui était impossible de revenir sur ses ouvrages. » a.
Je pensais qu’il ne fit que des gants » M.Thibaudier « Ce n’est pas ce Martial-là, Madame ; c’est un Auteur qui vivait il y a trente ou quarante ans »30. […] Selon lui, Molière pensait toujours juste, mais il n’écrivait pas toujours juste, parce qu’il suivait trop l’essor de son premier feu, et qu’il lui était impossible de revenir sur ses ouvrages. […] 1801, Moliérana, 11, p. 42 Tome I, p. 284-285 Despréaux disait que, lisant à Molière sa satire qui commence par : D’où vient, cher le Vayer46, que l’homme le moins sage Pense lui seul avoir la raison en partage, Et qu’il n’est point de fou qui, par belles raisons, Ne loge son voisin aux Petites-Maisons, etc. […] Rousseau de Genève dit très sérieusement la même chose, et qu’il veut que son Gentilhomme Menuisier, quand il a reçu un démenti ou un soufflet, au lieu de les rendre ou de se battre, assassine prudemment son homme. » L’impression de ces derniers mots en lettre italique, pourrait faire penser qu’ils se trouvent dans l’Emile de M. […] Il ne pense point à profiter de toute la succession de son ami, ni à s’attirer une donation générale de tous ses biens.
Et pensez-vous d’ailleurs, ajoûta-t-il, qu’un Misanthrope comme moi, capricieux si vous voulez, soit propre auprès d’un Grand ? […] Colbert & non point Mr. de Montausier à qui le Roi confia le soin des pensions, & Mr. […] Je n’ai pas pensé que j’étois trop austere pour une societé domestique. […] Il vous est aisé de vous faire ce systême de vivre ; vous êtes isolé de tout ; & vous pouvez penser quinze jours durant à un bon mot, sans que personne vous trouble, & aller après, toûjours chaud de vin, le débiter par tout aux dépens de vos amis ; vous n’avez que cela à faire. […] Au contraire, l’âge, le travail, & le caractere de ces Messieurs étoient si differens, que je ne crois pas qu’ils dussent se chercher ; & je ne pense pas même que Moliere estimât R....
Colbert s’employèrent en tous ces divertissements, malgré ses importantes affaires ; où le duc de Saint-Aignan joignit l’action à l’invention du dessein, où les beaux vers du président de Périgny à la louange des reines furent si justement pensés, si agréablement tournés et récités avec tant d’art ; et ceux que M. […] Enfin où chacun a marqué si avantageusement son dessein de plaire au roi, dans le temps où Sa Majesté ne pensait elle-même qu’à plaire, et où ce qu’on a vu ne saurait jamais se perdre dans la mémoire des spectateurs, quand on n’aurait pas pris le soin de conserver par écrit le souvenir de toutes ces merveilles. » Après avoir parlé des fêtes qui précédèrent, et qui suivirent la représentation de La Princesse d’Élide, il est nécessaire de revenir à cette même pièce, dont M. […] Sur cela, le père la presse de terminer le mariage, mais la princesse, pour s’épargner la confusion où la jette l’aveu qu’elle vient de faire, lui demande du temps d’y penser, et la pièce finit. […] « [*]On peut penser que le sieur de Rochemont est un nom supposé, puisque celui qui lui répond en parle ainsi : Mais lorsque je vois le livre de cet inconnu, qui, sans se soucier du tort qu’il fait à son prochain, ne songe qu’à usurper la réputation d’homme de bien, je vous avoue que je ne saurais m’empêcher d’éclater, et quoique je n’ignore pas que l’innocence se défend assez d’elle-même, je ne puis que je ne blâme une insulte si condamnable et si mal fondée.
Cette réflexion une fois faite, bien des gens penseront qu’il est très aisé de la mettre en pratique ; mais la chose doit avoir ses difficultés, puisque des Auteurs d’un vrai mérite, & qui ont uni des caracteres accessoires à des caracteres principaux, n’ont jamais eu l’adresse de leur assortir ceux qui leur étoient propres.
Molière, lui, exprime la France toute entière et il pense comme elle.
Je pense que l’on ne me reprochera pas d’avoir interverti l’ordre des chefs d’œuvres de Molière, en plaçant l’Avare avant le Misanthrope et le Tartuffe qui l’ont précédé.
Despréaux ne pensait pas fort avantageusement de la comédie d’Amphitryon de Molière ; mais cette décision ne trouvera pas beaucoup de partisans. […] « [*]Le roi ayant accordé la paix aux instances de ses alliés, et aux vœux de toute l’Europe, et donné des marques d’une modération et d’une bonté sans exemple, même dans le fort de ses conquêtes, ne pensait plus qu’à s’appliquer aux affaires de son royaume, lorsque, pour réparer en quelque sorte ce que la Cour avait perdu dans le Carnaval pendant son absence, il résolut de faire une fête dans les jardins de Versailles, où, parmi les plaisirs que l’on trouve dans un séjour si délicieux, l’esprit fût encore touché de ces beautés surprenantes et extraordinaires dont ce grand prince sait assaisonner tous ses divertissements. […] Jeudi2 Leurs Altesses Royales, Qui nulle part n’ont leurs égales, Furent environ jour failli, Se divertir à Chantilly, Où le Grand Condé leur fit chère Je vous assure, toute entière : Et Molière y montra son nez, C’en est je pense dire assez. […] Le public hésita donc durant quelques jours : il ne savait s’il avait eu tort de croire que Jodelet maître et valet, et Dom Japhet d’Arménie, fussent dans le bon goût, ou s’il avait tort de penser que c’était Le Misanthrope qui était écrit dans le bon goût. […] On a pensé jusqu’ici que dans ces sortes de pièces, chaque acteur de la troupe de Molière, en suivant un plan général, tirait le dialogue de son propre fond, à la manière des comédiens italiens ; mais si l’on en juge par deux pièces du même genre qui sont parvenues manuscrites jusqu’à nous (voyez la note suivante), elles étaient écrites et dialoguées en entier.
Une fois sortis de la ville qui a vu naître leurs talents, qui les a même cultivés, ils pensent n’avoir rien laissé après eux qui soit digne d’être peint aux yeux du peuple brillant qu’ils veulent amuser.
Je suis d’un sentiment bien opposé à celui de nos Modernes, qui pensent avoir fait des merveilles, quand ils ont enfanté quelques tirades bien quarrées, bien compassées, bien toisées.
Turcaret se pique du fol orgueil d’avoir pour maîtresse une femme de condition qui le joue, le hait, le méprise, le pille, & le trompe pour un chevalier ; lorsqu’il envoie un billet au porteur, excellent, & de fort mauvais vers à sa maîtresse ; lorsqu’il veut faire jetter sa maison trente fois à bas pour la faire construire de façon qu’il n’y manque pas un Iota, & qu’il ne soit pas sifflé de ses confreres ; lorsqu’il prétend être connoisseur en musique parcequ’il est abonné à l’Opéra ; lorsqu’il admet à sa table un Poëte qui ne dit rien, mais qui mange & pense beaucoup ; lorsqu’il vend des emplois ; lorsqu’il en donne aux rivaux qui l’embarrassent ; lorsqu’à la priere de sa maîtresse il fait un commis de ce laquais naïf qui prie la dame de se servir toujours du même rouge, afin de plaire à son protecteur, & ne pas le mettre dans le cas d’être révoqué ; lorsqu’il refuse de payer à sa femme une modique pension & qu’il se ruine pour une fripponne à laquelle il donne pour dix mille francs de porcelaines, un carrosse, une maison de campagne, &c.
Par quelle illusion penses-tu m’éblouir ?
Loin de penser comme MM.
Depuis ce temps je ne pensai, je ne rêvai qu’elle.
Ses amis le blâmerent de n’avoir pas accepté un Emploi aussi avantageux : Hé, Messieurs, leur dit-il, ne nous deplaçons jamais, je suis un passable Auteur, si j’en crois la voix publique ; je puis être un fort mauvais Secretaire ; je divertis le Prince par les Spectacles que je lui donne, je le rebuterois par un travail serieux & mal conduit : & pensez-vous d’ailleurs, ajouta-t’il, qu’un Misantrope comme moi, capricieux si vous voulez, soit propre près d’un Grand ; je n’ai pas les sentimens assez flexibles pour la domesticité : mais plus que tout cela, que deviendront ces pauvres gens que j’ai amenez de si loin ?
Nous dirons ce que nous pensons de ces hypothèses, lorsque nous parlerons de la pièce des Fourberies de Scapin. […] Vitu pense que cette troisième station n’a point existé, et M. […] Vachier se plaignit qu’on lui eût fait cette injure, et il pensait qu’il y avait là préméditation. […] Il n’est pas possible, en lisant cette page, de ne point penser aux Précieuses ridicules que Molière va nous donner bientôt. […] — Vous avez raison, répond un autre, et cette aventure fait voir que ce prince, qui blâma d’abord L’École des femmes, avait plus de lumières que les autres. » Le roi fit inscrire Molière pour mille livres sur la liste des pensions accordées aux littérateurs, à titre d’« excellent poète comique » ; il l’invita en outre à exercer de nouvelles représailles, et lui offrit pour cela le théâtre même de la cour.
Voici ce que dit M. de Beaumarchais : « L’action théâtrale ne reposant jamais, j’ai pensé qu’on pourroit essayer de lier un acte à celui qui le tient, par une action pantomime qui soutiendroit, sans la fatiguer, l’attention des spectateurs, & indiqueroit ce qui se passe derriere la scene pendant l’entr’acte.
O toi, qui te connois aux cas de conscience, Juge si j’ai raison de penser être absous.