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77. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

— Mais les comédiens eux-mêmes, les comédiens du Théâtre-Français. […] Voyez pourtant ce que c’est que le prestige d’un comédien. […] Je m’informai près des comédiens. […] les comédiens ordinaires de la République exécutent la scène comme s’ils officiaient à la messe. […] Les comédiens cédèrent enfin, et l’événement fit voir qu’ils avaient eu raison de se montrer bons princes.

78. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

A son retour à Paris, sa passion pour la comédie qui l’avoit déterminé à faire ses études, se réveilla, & il résolut de la satisfaire en devenant en même temps comédien & auteur. […] Plusieurs comédiens ont essuyé le même malheur, & sont morts de maladies qu’ils avoient gagnées dans la représentation du même personnage : on nomme entr’autres, Brécourt & Rosimont.

79. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Ce volume commence par l’établissement d’une nouvelle troupe française, qui prit le titre de Comédiens de Mademoiselle *. […] Tandis que ces nouveaux comédiens exerçaient leurs talents, on vit paraître Camma, de Corneille de L’Isle, à l’Hôtel de Bourgogne ; La Toison d’or, de Pierre Corneille, sur le théâtre du Marais ; L’École des maris et Les Fâcheux, de Molière, sur celui du Palais-Royal. […] Cette troupe prit le titre de Comédiens de Monseigneur le Dauphin, et elle se donna en spectacle avec succès pendant du temps. » [*]. […] Voyez aussi Le Festin de Pierre de Dorimon, comédien de la Troupe de Mademoiselle, en 1661. […] Rosimont, comédien du Marais, traita en vers la comédie du Festin de Pierre sous le titre de L’Athée foudroyé, qui fut représentée à la fin de 1669, ou au commencement de 1670.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Si les prologues peuvent être utiles, je consens que les comédiens ne nous donnent point autre chose : peut-être par cette nouveauté l’emporteroient-ils sur l’Opéra Comique. […] Il lui communiqua plusieurs sujets de comédies presque finies, entre autres, ceux du Joueur & d’Attendez-moi sous l’orme, dans le dessein de les achever ensemble ; mais Regnard, qui sentoit la valeur de cette premiere piece surtout, amusa son ami, y fit quelques changements, la mit en vers, & la donna aux comédiens sous son nom : ce fait est connu. […] Il tient si bien à la piece que je défie de pouvoir donner l’une sans l’autre : aussi les comédiens ont-ils pris le parti de tout abandonner. […] Je m’en vais trouver les Comédiens, & leur dire qu’il faut absolument qu’ils suppriment ce prologue ; il gâteroit tout......

81. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

On peut dire qu’il n’y a pour les comédiens de ce monde, qu’une seule et même façon de retenir dans leur mémoire, la prose ou le vers. […] Les Comédiens voulaient mettre un char de feu et des diables a dans la pièce, mais Molière a déclaré qu’on ne la jouerait plutôt pas. […] Le prince de Danemark s’entoure de comédiens et de comédiennes à qui il enseigne les premiers éléments de leur art, qu’ils ignorent ; il est à lui-même son propre bouffon ; il rit aux éclats de cette parodie qu’il joue tout bas et qui sera sanglante. […] À représenter cette œuvre, et à l’entendre, les spectateurs se trouvaient aussi désappointés que les comédiens eux-mêmes. […] Malheureux comédiens !

82. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

On se base généralement, pour affirmer qu’il en souffrait au plus haut point, sur une conversation avec Chapelle que nous a rapportée tout au long quelqu’un qui n’y était pas présent, l’auteur inconnu d’un pamphlet odieux, la Fameuse comédienne. […] Ce libelle, écrit probablement sous l’inspiration de quelque comédienne, camarade et rivale d’Armande, noircit le plus qu’il peut celle qui fut la Guérin après avoir été la Molière, et appuie tout naturellement sur les chagrins qu’elle put causer à son premier mari. […] On sait qu’elle le remplaça après sa mort par un comédien quelconque, auquel il paraît qu’elle fut fidèle ; ce qui fit dire : Elle avait un mari d’esprit qu’elle aimait peu ; Elle en prend un de chair qu’elle aime davantage. […] Ce ne fut point là, certes, une jeunesse mélancolique, et ni le comédien, ni le philosophe ne purent concevoir alors, ou je me trompe beaucoup, cette haine de l’humanité qu’Alceste devait professer un jour. […] Qu’on me permette de citer cette charmante page ; ce n’est pas une mince bonne fortune, pour un humble comédien comme moi, que de rencontrer son opinion si spirituellement habillée, dans cette auguste salle de conférence qui s’appelle l’Académie ; lieu où les paradoxes n’ont guère de chance d’être admis, comme on sait ; les vérités même n’y entrant guère qu’après un stage quelquefois un peu long : « Il y a aussi de la vraie critique dans le Misanthrope et l’Auvergnat.

83. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Menant de front les travaux littéraires et la profession de comédien, obligé de songer aux intérêts de ses camarades, dont il était le chef, il n’avait pas toujours le temps de chercher en lui-même ou autour de lui des sujets nouveaux. […] Quoi que Destouches m’inspire une médiocre sympathie, la reprise du Philosophe marié ne me semble pas inopportune, car c’est un ouvrage composé avec soin, et qui peut servir à développer le talent des comédiens.

84. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Pendant treize ans, Molière mena la vie de comédien nomade. […] Qu’est-ce que le talent du comédien ? […] Qu’est-ce que la profession du comédien ? […] Il n’est pas hors de propos de remarquer que, même en littérature, le salon de la grande dame l’a emporté sur le tréteau du comédien. […] Presque dans le même moment, Molière s’engageait comédien malgré son père, à la suite des Béjart.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Grimaret, Auteur d’une vie de Moliere, dit que Pourceaugnac fut fait à l’occasion d’un Gentilhomme Limousin, qui, un jour de spectacle, & dans une querelle qu’il eut sur le théâtre avec les Comédiens, étala une partie du ridicule dont il étoit chargé. […] Enfin, les lavements seuls dont on régale Pourceaugnac, & ce qui les amene, ne sont point dans l’italien : Moliere les a pris dans une farce42 en un acte, & en vers de 8 syllabes, par Chevalier comédien du Marais, & représentée sur son théâtre en 1661, huit ans avant Pourceaugnac.

86. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Le 7 janvier 1674, la troupe de Molière obtint une lettre de cachet, portant défense à tous autres comédiens de la jouer, tant qu’elle ne serait pas imprimée. […] À l’exemple de tous les éditeurs qui m’ont précédé, je donne le texte de 1682, celui que les comédiens suivent, et j’imprime, en variantes, celui de 1674, d’après l’édition de Paris, 1675, purgée de toutes les fautes typographiques qui défigurent l’édition de Cologne. […] Les comédiens perdaient tout en lui, un ami, un bienfaiteur, un père. […] Renoncer à cet art, c’était sacrifier à la fois ses intérêts et ses goûts ; c’était surtout laisser sans appui un théâtre qui était son ouvrage, et des comédiens qu’il regardait comme ses enfants. […] Sont-ce les comédiens après sa mort ?

87. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Moliere avec le Comédien Guerin d’Etriché, (en 1677 ou 1678. pour le plus tard.) que l’on fit ces quatre vers, en forme de portrait. […] Moliere récitoit en Comédien sur le Théatre & hors du Théatre : mais il parloit en honnête homme, rioit en honnête homme, avoit tous les sentiments d’une honnête homme ; en un mot, il n’avoit rien contre lui que sa profession, qu’il continuoit plus pour le profit de ses camarades que pour le sien propre. […] Racine, après avoir donné son Alexandre à la troupe de Moliere pour le jouer, le retira pour le donner aux Comédiens de l’Hôtel de Bourgogne.

88. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

non : Molière est un comédien ; Molière veut nous divertir. […] Pour le peintre et le sculpteur, l’art est une belle tête sur la toile, qui nous fasse penser, ou un beau corps de marbre, qui nous émeuve ; pour le comédien, une bonne comédie qui fasse rire. […] La vérité : c’est que l’auteur atteint, dans tous les genres, au sublime du comique, et qu’il est un comédien parfait.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Elles sont abonnées, ou elles ont une loge à l’année ; & parcequ’elles ont vu épuiser deux ou trois fois le répertoire borné que se sont fait les comédiens, elles pensent connoître tous les théâtres possibles. […] Les Comédiens François annoncent l’Important de Cour : il ne le connoît pas, il va le voir, & s’apperçoit avec chagrin que le héros de cette piece est exactement son Petit Seigneur. […] Tel Auteur qui n’osera pas se permettre une raillerie contre un Comédien qui l’aura fait attendre deux heures dans son antichambre, contre un Journaliste dont il craint la critique, contre le plus mince Bureau du bel esprit, croira follement se faire un nom en prenant le vol le plus audacieux. […] Les Comédiens disent ordinairement : Oui, c’étoit au moins un mot qui finissoit en danse, faisant allusion à la résidence.

90. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Toutefois je n’oublierai pas que je parle de Comédie ; je ne cacherai point la simplicité de mon sujet sous l’emphase monotone du Panégyrique, et je n’imiterai pas les Comédiens Français, qui ont fait peindre Molière sous l’habit d’Auguste. […] Il eut des préjugés à vaincre, des représentations à repousser pour embrasser la profession de Comédien ; et cet homme, qui a obtenu une place distinguée parmi les Sages, parut faire une folie de jeunesse en obéissant à l’attrait de son talent. […] Le Peuple redemandait avec transport ces farces monstrueuses, assemblage bizarre de Scènes quelquefois comiques, jamais vraisemblables, dont l’Auteur abandonnait le dialogue au caprice des Comédiens, et qui semblaient n’être destinées qu’à faire valoir la Pantomime Italienne. […] Homme de Lettres, il connut le monde et la Cour ; ornement de son siècle, il fut protégé ; Philosophe, il fut Comédien.

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

On a pu voir un peu de pantomime dans un entr’acte de la Dame invisible ou l’Esprit follet, comédie en vers, en cinq actes, de Hauteroche : mais l’on ne doit pas lui reprocher cette faute ; c’est aux comédiens, ou plutôt à leurs machinistes. […] Florent Carton d’Ancourt, Auteur Comique & Comédien François. […] On raconte qu’il avoit été chargé d’aller porter aux Administrateurs de l’Hôtel-Dieu la rétribution que la Comédie est obligée de donner à cet Hôpital, & qu’en s’acquittant de cette commission, il fit un beau & long discours pour prouver que les Comédiens méritoient, par le secours qu’ils procuroient aux pauvres, d’être a l’abri de l’excommunication ; mais son éloquence ne fut pas assez persuasive.

92. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Lorsque Jean-Baptiste Poquelin se fit comédien, on sait que ce fut près de la porte de Nesles, dans la vieille salle du Jeu de Paume des Mestayers, que la dizaine d’« enfans de famille » dont il était le chef s’installa en 1644. […] Le comédien traqué, et pour ainsi dire proscrit de la capitale par un terrible prêtre, plus puissant que les amis que Molière pouvait avoir déjà, par son père, à la Cour, n’a-t-il pas dû, dès lors, se documenter sur son persécuteur ? […] « Il y a ici, écrit-il de Lyon à l’abbé de Ciron, des comédiens qui portent mon nom; je leur ai fait dire de le quitter, et vous croyez bien que je n’ai eu garde de les aller voir. » L’abbé de Ciron était membre de la Compagnie du Saint-Sacrement à Toulouse; le prince de Conti le devint à Bordeaux : Molière a bien pu l’apprendre, s’il a voulu se rendre compte de la volte-face de son protecteur. […] Cet original, c’est précisément Conti, l’ancien patron, changé en irréconciliable ennemi des comédiens; Conti de qui, assurément, la personne contrefaite n’avait nul rapport avec le fier et élégant cavalier dont le charme affole les Madelons comme les Elvires, mais dont le passé moral n’avait rien à envier à celui de Don Juan. […] Car elle n’était pas seulement faite, cette indignation, des griefs et des rancunes du comédien traqué et de l’auteur combattu.

93. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [84, p. 128-129] »

Les libertins, ou plutôt les jeunes gens qui aimaient à rire et à plaisanter, comparaient les talents de Joly avec ceux de Molière ; mais ils disaient que Molière était meilleur prédicateur, et que Joly était plus grand comédien.

94. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [88, p. 132] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome II, p. 93-94 Molière eut, comme les premiers farceurs, l’objet d’amuser et de faire rire ; mais par des moyens moins libres, et moins éloignés de la vraie comédie. « Je suis comédien aussi bien qu’auteur, disait-il, il faut réjouir la cour et attirer le peuple, et je suis quelquefois réduit à consulter l’intérêt de mes acteurs aussi bien que ma propre gloire. »

95. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [2, p. 34-35] »

Si ce fait est vrai, il fait également honneur au prince et au comédien.

96. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Elle eut un succès extraordinaire ; dès la seconde représentation, les comédiens furent obligés de doubler le prix des places, pour diminuer l’affluence des spectateurs qui était excessive, et cette vogue se soutint pendant quatre mois de suite. […] On l’accusa d’avoir copié Les Précieuses de l’abbé de Pure, jouées quelque temps auparavant par les comédiens italiens, quoiqu’il y eût presque autant de différence entre les deux ouvrages, que de distance entre les deux auteurs. […] Charmé du mérite de cette pièce, ainsi que du jeu de Molière dans le rôle de Sganarelle, il avait placé, en tête de chaque scène, des arguments destinés à faire valoir le talent du poète et celui du comédien. […] Comme Molière avait rempli le principal rôle dans ses deux derniers ouvrages, et que la verve comique de son jeu y avait été fort goûtée, ils affectèrent de louer le comédien aux dépens de l’auteur ; ils convinrent que Molière était un fort bon mime qui, par ses gestes et ses grimaces vraiment risibles, faisait beaucoup valoir des scènes grossières et insipides ; mais forcés de reconnaître son talent pour la farce, ils voulurent l’y renfermer ; ils lui firent, pour ainsi dire, défense d’en sortir, le menaçant des choses les plus humiliantes, s’il osait franchir ce cercle étroit où ils l’emprisonnaient ; en un mot, ils le déclarèrent incapable de jamais réussir dans le genre noble et sérieux.

97. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [92, p. 135-136] »

Ce fait est confirmé par le comédien Subligny*, auteur de la Gazette rimée, sous le nom de Muse Dauphine.

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