/ 135
96. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

Oui, c’est un grand ressort pour émouvoir les âmes, Et qui fut, j’en conviens, mis en jeu par les femmes, Toujours avec succès.

97. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

Je me sens tout ému, j’en ai déjà la fièvre, Et mon âme s’apprête à passer sur ma lèvre.

98. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Fions-nous à toutes les impressions du beau et du laid, du sublime, du comique, du tragique, etc. sur notre esprit cl sur notre âme, en priant notre bon ange de nous garder des théories et des définitions, qui ôtent au sens littéraire sa candeur naïve, et de la logique, qui lue la liberté.

99. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Il a pris pour sujet la jalousie, déplorable maladie de l’âme qui fait à la fois le tourment de celui qui l’éprouve et de ceux qui la causent. Si vous la peignez dans ses accès les plus furieux et dans ses effets les plus terribles, le personnage, quel qu’il soit, fera naître dans l’âme du spectateur ces mouvements de commisération ou d’effroi qui sont exclusivement du ressort de la tragédie.

100. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Ainsi il se fit remarquer à la Cour pour un homme civil et honnête, ne se prévalant point de son mérite et de son crédit, s’accommodant à l’humeur de ceux avec qui il était obligé de vivre, ayant l’âme belle, libérale ; en un mot, possédant, et exerçant toutes les qualités d’un parfaitement honnête homme.

101. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Par l’amour que je porte à ma pauvre âme, je vous dis en vérité que j’ai cherché dans toute la ville, et n’ai trouvé personne qui pût vous convenir.

102. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Qu’on dise, si l’on veut, que le genre comique, par sa définition même, ne comporte pas de délicatesse ; que Marivaux a profité de toutes les fines « études » de femmes qu’a faites Racine dans ses tragédies ; il n’en est pas moins vrai que Molière n’a usé d’aucune subtilité pour comprendre ni pour décrire l’âme féminine, et que les devoirs dont il semble conseiller la pratique aux femmes sont très dépourvus de nuances. […] Non, non, il n’est point d’âme un peu bien située Qui veuille d’une estime ainsi prostituée, Et la plus glorieuse a des régals peu chers Dès qu’on voit qu’on nous mêle avec tout l’univers. […] S’il n’est pas douteux que « la plus glorieuse » se rapporte, selon le sens, à « estime », c’est à « âme » que la grammaire le rejoindrait naturellement. Une « âme un peu bien située » n’a jamais été synonyme d’un « cœur bien placé ».

103. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

C’est une surprise de l’âme enlevée à elle-même ; c’est comme une secousse involontaire qui fait tomber pour un moment de nos épaules le poids de la vie. […] Quelle charmante image ne nous donne pas le Dépit amoureux de la facilité avec laquelle on se brouille et on se réconcilie entre amants ; de ces jalousies passagères, pour le plaisir d’en être guéris ; de la puissance de l’illusion sur un âme éprise ! […] Cette émotion qui anime toutes les scènes du Tartufe était passée de l’âme de Molière dans celle de ses personnages.

104.

Louis Kroneck, le directeur artistique, l’âme de cet ensemble merveilleux, qui dispose tous les tableaux en peintre de premier ordre et qui sait grouper des masses de cent personnes comme reproduire un salon du temps de Molière. […] Adieu, chère comète, arc-en-ciel de mon âme. […] Qui pourrait souffrir, dans la bouche de ces gens, les phrases suivantes : “mon astre ; beau tison de ma flamme ; chère comète, arc-en-ciel de mon âme” ?  […] J’avoue que le dépit et la colère s’élevèrent dans mon âme avec quelque sorte d’impétuosité. […] Toujours est-il qu’Arnolphe nous dit : « J’en ignore l’auteur ; mais c’est quelque bonne âme. » Ce que sont ces maximes, ce qu’est leur moralité brutalement audacieuse, on s’en souvient ; mais il n’est tel que ces « bonnes âmes » naïves pour casser lourdement les vitres.

105. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Madame de La Sablière s’attacha de toute son âme au marquis de La Fare, qui ne devint pas moins amoureux d’elle.

106. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

Ce penchant eut plus d’une fois prise sur l’âme de Molière, les biographes nous l’attestent ; mais nous ne parlerons que de la passion qui domina toute sa vie, qui lui causa tant de souffrances, qui nous valut les plus beaux traits d’Alceste et la création de Célimène.

107. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

« Il y a dans le même acte une scène entre deux femmes que l’on trouve d’autant plus belle que leurs caractères sont tout à fait opposés, et se font ainsi paraître l’une l’autre ; l’une est la jeune veuve, aussi coquette que médisante ; et l’autre, une femme qui veut passer pour prude, et qui dans l’âme n’est pas moins du monde que la coquette ; elle donne à cette dernière des avis charitables sur sa conduite ; la coquette les reçoit fort bien en apparence, et lui dit à son tour, pour la payer de cette obligation, qu’elle veut l’avertir de ce que l’on dit d’elle, et lui fait un tableau de la vie des feintes prudes, dont les couleurs sont aussi fortes que celles que la prude avait employées pour lui représenter la vie des coquettes ; et ce qui doit faire trouver cette scène fort agréable est que celle qui a parlé la première se fâche, quand l’autre la paie en même monnaie. […] Ainsi, il se fit remarquer à la Cour pour un homme civil et honnête, ne se prévalant point de son mérite et de son crédit, s’accommodant à l’humeur de ceux avec qui il était obligé de vivre, ayant l’âme belle, libérale ; en un mot, possédant et exerçant toutes les belles qualités, d’un parfaitement honnête homme. […] « Ces deux bergers se retirent l’âme pleine de douleur et de désespoir, et ensuite de cette musique commence le premier acte de la comédie en prose. […] Ces jours-ci, Monsieur et Madame, Si bien pourvus de corps et d’âme, Pour être l’un de l’autre épris, Ont fait leur demeure à Paris, Où leur présence est assez rare ; Et le divertissant Avare, Aussi vrai que je vous le di, Dimanche1 fut très applaudi. […] Ils n’ont eu garde de s’attaquer par le côté qui les a blessés, ils sont trop politiques pour cela, et savent trop bien vivre pour découvrir le fond de leur âme.

108. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Le mépris calme du monde est l’âme de son sérieux génie.

109. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Laujon, y est venu prendre séance le jeudi 7 novembre 1811, et a prononcé le discours qui suit :   Messieurs, Cette imposante solennité porte dans mon âme un trouble dont je cherche en vain à me défendre ; glorieux de vos suffrages, étonné de mon bonheur, j’éprouve l’embarras d’un disciple qui s’assied pour la première fois parmi ses maîtres.

110. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Cette appréhension qui conduit ou plutôt retient sa plume, toutes les fois qu’elle parle d’un bienfait du roi, est une des causes qui ont fait penser à un grand nombre de personnes que c’était une âme sèche et uniquement capable d’ambition.

111. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

Molière put être mélancolique dans sa vie privée, nais il n’eut certainement pas cette mélancolie pleine de langueur et d’abattement des âmes maladives.

112. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

As-tu vu Dulcinée, Par qui mon âme est, fut, et sera calcinée ? […] Comme les abbés de la sorte1, Aux plaisirs n’ont pas l’âme morte, Il fut le jour du lendemain (2) 2, Au grand château de Saint-Germain, À la comédie espagnole, Fort grave, dessus ma parole, Où la reine avait invité, Obligeamment, Sa Majesté.

113. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Molière, tu riais bien, je crois, au fond de ton âme, d’être obligé de faire une bonne farce pour faire passer un chef-d’œuvre. […] Guillaume pour son apothicaire, il lui dit : «Ne me donnez plus de ces vilaines pilules, elles ont failli me faire rendre l’âme» et que M. […] La lettre qu’elle écrit à Horace est admirable : ce n’est autre chose que le premier instinct, le premier aperçu d’une âme neuve et sensible, et la manière dont elle parle de son ignorance fait voir que cette ignorance n’est chez elle qu’un défaut d’éducation, et nullement un défaut d’esprit, et que, si on ne lui a rien appris, on n’a pas dû du moins en faire une sotte. […] Molière pensait que la comédie doit peindre l’homme; il a cru que si jamais elle pouvait nous présenter un tableau instructif, c’était en nous montrant combien le sage même peut avoir de faiblesse dans l’âme, de défauts dans l’humeur et de travers dans l’esprit; enfin, pour me servir des expressions mêmes du Misanthrope.

114. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Le rapprochement encore nouveau des esprits divisés pendant quarante années par les guerres civiles, semblait solliciter l’épanchement d’affections longtemps contenues ; le progrès des richesses que les discordes intestines n’avaient point empêché10, le progrès des lumières, les changements des esprits, des imaginations, des âmes tout entières, changements inséparables de toute révolution, donnaient une vive curiosité de se considérer sous de nouveaux aspects, inspiraient le pressentiment d’un nouveau genre de communications, de nouveaux points de contact, d’un développement inconnu de cet instinct social qui semble appartenir au Français plus qu’à toute autre nation.

115. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Il fallait plus que du génie pour accomplir cette grande entreprise ; il fallait un courage qui n’appartient qu’à ces âmes fortes que la calomnie n’effraie point, que les persécutions même ne sauraient ébranler. […] Après avoir répandu dans les âmes ces poisons funestes qui étouffent la pudeur et la honte, après avoir pris soin de former des coquettes et de donner aux filles des instructions dangereuses ; après des écoles fameuses d’impureté, il en a tenu d’autres pour le libertinage ; et voyant qu’il choquait toute la religion et que tous les gens de bien lui seraient contraires, il a composé son Tartuffe, et a voulu rendre les dévots des ridicules ou des hypocrites. […] — Ma chère enfant, répond l’hypocrite, ne soyez point surprise ; ceci n’empêche pas que ma sainteté ne soit toujours parfaite ; elle réside dans l’âme, et ce que je vous demande n’est qu’un péché du corps.

116. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Ajoutons ce qui est plus important à constater pour les rapprochements que nous aurons à faire, c’est que, dans de telles pièces, l’action est presque tout ; on compte peu sur les discours pour dessiner les caractères, pour traduire les mouvements de l’âme.

/ 135