Les Italiens représentent très souvent une piece dans laquelle Arlequin éprouve vingt-six infortunes, & c’est au hasard qu’il les doit toutes : il demande l’aumône à un cabaretier qui se trouve un frippon ; le hasard ne produit rien là de fort merveilleux : il traverse un bois, il rencontre, par hasard, des voleurs qui le déshabillent & lui volent sa bourse : il se couche dans une écurie, il se place par hasard auprès d’un cheval qui rue : il s’enveloppe dans une botte de paille au milieu du chemin, des voleurs y mettent le feu pour se chauffer : il veut entrer dans une maison par la fenêtre, le hasard veut que le balcon tombe précisément dans ce moment, &c.
J’aurois dû réserver cette derniere réflexion pour le Chapitre suivant, elle y seroit plus à sa place ; mais les limites disparoissent presque lorsqu’elles ne séparent que des choses faites naturellement pour se suivre.
Un soir, après avoir assigné à chaque Auteur mort sa véritable place sur le Parnasse, & distribué aux vivants les premiers fauteuils vacants à l’Académie, on parla des drames en général, de toutes leurs parties en particulier, & sur-tout du juste embonpoint d’une piece.
Monsieur, mettez-vous à ma place : Supposez un moment que je sois votre fils, Que feriez-vous ?
Une statue au milieu d’une place publique n’est qu’une louange froide et muette ; elle attire à peine les regards d’une multitude inattentive ; mais un ouvrage de théâtre captive un public qui se renouvelle de jour en jour ; il excite au même moment sur vingt scènes diverses les transports de l’élite d’une nation ; il échauffe, il électrise tous les cœurs : c’est une vivante apothéose. […] Ce ne fut pas seulement en détestables vers que la cabale exhala sa fureur ; on vit éclore une multitude d’ouvrages, ou plutôt de libelles en vile prose contre le beau génie qui répandait un si vif éclat sur son siècle, et qui prenait une place si élevée sur le Parnasse français. […] Remettez-vous, monsieur, d’une alarme si chaude Ils sont passés ces jours d’injustice et de fraude, Où, doublement perfide, un calomniateur Ravissait à la fois et la vie et l’honneur ; Celui-ci, ne pouvant, au gré de son envie, Prouver que votre ami trahissait la patrie, Et vous traiter vous-même en criminel d’état, S’est fait connaître à fond pour un franc scélérat : Le monstre veut vous perdre ; et sa coupable audace Sous le glaive des lois l’enchaîne à votre place.
Il se plaît au beau langage, à la période savante, à la recherche, à l’ornement, et il n’est jamais plus heureux et plus fier que s’il rencontre un grand orateur, à la place même où il ne cherchait qu’un journaliste. […] À quoi peuvent servir les Belles-Lettres et comment voulez-vous que nous fassions une œuvre littéraire à l’heure où nous cherchons encore, les uns et les autres, le nouveau souverain qu’il nous faudra aimer pendant quatre années ; au bout de ces quatre années : — Vous avez été un bon et sage prince, dira la France reconnaissante, et c’est pourquoi nous vous prions de céder la place à un autre ! […] Cet Amour médecin tient donc peu de place dans la gloire et la popularité de Molière ; écoutez le poète, il vous dira lui-même « que ces sortes d’ouvrages se devraient montrer toujours avec les ornements qui les accompagnent chez le roi » ! […] Enfin au quatrième acte, il y avait encore entre Lauzun et madame de Montespan, la plus incroyable scène qui se puisse imaginer. — « Athénaïs, disait Lauzun à madame de Montespan : Maîtresse du roi, avez-vous demandé au roi la place que vous aviez désiré de me faire obtenir ? […] J’avoue très volontiers que cette suite de raisonnements, de proverbes, de choses vraies, de choses fausses, d’inductions naïves que Molière place dans la bouche de ce digne Sganarelle me conviennent moins que le monologue d’Hamlet, ce rêve d’un esprit éveillé, cette suite de conséquences logiques, ce grand : peut-être 29 !
. : la comédie ne tient là que sa modeste place, elle ne montre même pas son nom.
Il est vrai qu’il en donne d’assez bonnes raisons ; mais je crois qu’elles sont plutôt de la façon de l’Auteur, que de celle de Molière, qui alors ne connaissait point assez la Cour pour parler aussi sensément qu’il le fait à ses amis ; et l’honneur et l’agrément d’une telle place devaient au contraire l’éblouir, et il devait tout quitter pour la prendre, et tout employer pour s’en rendre digne.
Marquis, m’a-t-il dit, prenant près de moi place, Comment te portes-tu ?
Malheureusement on ne trouve presque rien sur Don Juan dans les recueils et les correspondances qui tenaient alors la place de nos journaux.
Loret, dans La Muse historique, raconte ou invente, sous la date du 14 février 1654, l’anecdote suivante dont le docteur Lolli et le Pantalon Turi sont les héros : Baloardo, comédien, Lequel encor qu’Italien N’est qu’un auteur mélancolique, L’autre jour, en place publique, Vivement attaquer osa Le Pantalon Bisognoza, Qui pour repousser l’incartade, Mit soudain la main à l’espade, Et se chatouillèrent longtemps Devant quantité d’assistants ; Qui, croyant leur combat tragique N’être que fiction comique, Laissèrent leurs grands coups tirer Sans nullement les séparer.
S’il marche dans les places, il se sent tout d’un coup rudement frapper à l’estomac ou au visage ; il ne soupçonne point ce que ce peut être, jusqu’à ce qu’ouvrant les yeux & se réveillant, il se trouve ou devant un timon de charrette, ou derriere un long ais de menuiserie que porte un ouvrier sur les épaules. […] Il enleve le défunt, le transporte dans un autre lit, se met à sa place, attend le Garde-note, avec les rideaux bien fermés, &, d’une voix mourante, dicte un testament, par lequel il laisse unique légataire sa chere épouse.
Cela ne rendait pas la place très enviable. […] « Je ne comprends pas, disait-il un jour à ses camarades, en Languedoc, comment des personnes d’esprit prennent du plaisir à ce que je leur donne; mais je sais bien qu’à leur place je n’y trouverais aucun goût. » Il sentait combien son art était encore au-dessous de son cœur. […] On s’étouffait aux premières représentations : il fallut doubler, tripler le prix des places pendant quatre mois. […] On disait la place de Délos, pour l’île Notre-Dame ; le quartier des Scholies, pour le Marais.
Avec quelle verdeur de mépris elle remet le drôle à sa place par cette réplique un peu bien crue, mais si bien appliquée : Vous êtes donc bien tendre à la tentation Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte Mais, à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte Et je vous verrais nud du haut jusques en bas, Que toute votre peau ne me tenterait pas.
enfin, Sganarelle & Ariste ne disent-ils pas ce que tout homme de leur humeur diroit, s’il se trouvoit à leur place ?
Le Notaire paroît : Mowbrai lui dit d’effacer le nom d’Arabelle, de mettre celui de Belti à la place : il lui donne cinquante mille écus de dot.
Ajoutez que, pour assurer le succès, l’auteur étale les travers les plus saillants de l’humanité, ceux qui occupent le plus de place dans le monde et dans la personne de chacun ; en sorte que le type mis sur le théâtre, paraissant toujours tenir quelque chose de nous-mêmes ou de notre société25, ne peut nous laisser froids, ni par conséquent maîtres de notre jugement.
Il fallait que le lieu de la scène fût une place publique, puisque les nombreux entretiens d’Horace avec Arnolphe ne pouvaient se passer dans la maison habitée par Agnès ; et cependant c’est dans cette maison même que se passeraient plus convenablement tous les entretiens d’Arnolphe avec la jeune fille qu’il veut cacher à tous les yeux. Il fallait, par suite de cette première nécessité, qu’Horace, qui a jusqu’à cinq entretiens avec Arnolphe, le rencontrât autant de fois par hasard dans la rue : défaut si sensible, que Molière, désespérant d’échapper au reproche qu’il devait lui attirer, a pris, en quelque sorte, le parti de se le faire à lui-même dans ce vers : La place m’est heureuse à vous y rencontrer.
Mais un jour l’une d’elles le reconnaît, l’injurie et le malmène, en place publique. […] Faites-moi le but de vos injures, de vos pierres… Tirez sur moi vos épées. »N’est-ce pas le coup de théâtre dont s’avise Tartuffe, lorsque, dénoncé par Damis, il s’accuse lui-même, retourne l’esprit d’Orgon, et finit par rester maître de la place. […] Nous reconnaîtrons volontiers qu’ici le rire fait souvent place à l’indignation ; mais nous n’en persistons pas moins à louer Molière d’avoir su concilier l’un et l’autre ton avec une telle dextérité qu’en dépit des rencontres où l’accent s’élève, l’ensemble reste comique par les situations, les épisodes et les personnages. […] Loin d’atténuer le vice par des ménagements pusillanimes, il le place en des situations violentes où il le force à lâcher son dernier mot. […] Dans ses utopies, la femme a toujours tenu peu de place.
Le Lecteur peut décider dans laquelle des deux pieces cette petite saillie de gaieté est mieux à sa place.