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123. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Corneille lisait toutes ses pièces à l’hôtel de Rambouillet, avant de les mettre au théâtre. […] Il attribue le succès de la pièce aux rôles admirables de Sévère et de Pauline.

124. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

Est-il vrai que le misantrope ne soutienne pas, dans toute la pièce, le caractère qu’il a montré dès la première scène ? […] De plus, la vraisemblance dramatique a ses exigences ; si le misantrope s’expliquait avec tous les personnages, comme il le fait avec Philinte dans la première scène ; si sa rigueur inflexible n’admettait aucun biais, il serait impossible qu’il séjournât à la courf je ne dis pas un jour, une heure, mais même un seul instant; et dès lors la pièce n’existe plus. […] Il l’est, en effet, à certains égards, et ce qui démontre que l’intention du poète est bien de le rendre tel, c’est celui de l’ami Philinte qu’il met en opposition avec le sien : ce Philinte est le sage de la pièce…»Sans doute l’auteur a rendu Alceste ridicule, et il le devait sous peine de n’en faire qu’une doublure de Philinte.

125. (1871) Molière

L’Étourdi, dans tout ce voyage, fut la pièce de résistance. […] L’École des maris, dédiée au duc d’Orléans, est la première de ses pièces que Molière avait imprimée. Il avait pensé d’abord à mettre à chaque pièce une préface, à l’exemple de Corneille, et dans cette préface, il eût expliqué sa poétique. […] Il nous montrait Chrysalde à côté d’Arnolphe, et le voilà rentré, armé de toutes pièces, dans les démonstrations de L’École des maris. […] Encore une pièce que nous aurions supprimée, et qu’il fallait laisser faire à Benserade.

126. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Nos acteurs français représentaient alors les pièces informes d’Antoine de Monchrétien, de Nicolas de Montreux (Olenix de Mont-Sacré) et d’Alexandre Hardy qui était au début de sa longue et féconde carrière. […] C’est en 1607, deux ans et demi après le départ des Gelosi, que fut jouée la petite pièce dont l’Estoile rend compte dans les termes suivants : « Le vendredi 26 de ce mois (de janvier), fut jouée à l’Hôtel de Bourgogne une plaisante farce, à laquelle assistèrent le roi, la reine et la plupart des princes, seigneurs et dames de la cour.

127. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Molière a tracé, dans la même pièce, trois portraits différents de ce ridicule, qui prouvent une fois de plus la fécondité de son génie et la finesse de son observation. […] Si elle jouait un rôle plus important dans la pièce, ou si nous connaissions la suite de son histoire, peut-être aurions-nous en elle la femme qu’il nous faut. […] Ponsard, pièce honnête, s’il en fut. […] Il y a dans cette pièce deux jeunes filles, Laure et Lucile, l’une timide et soumise, l’autre pétulante et espiègle. […] je le demande à tous ceux qui ont vu ou qui ont lu cette pièce : laquelle des deux jeunes filles a notre sympathie ?

128. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

Dans cette même pièce du Malade imaginaire, qu’estime le plus Diafoirus en son fils Thomas Diafoirus ? […] Je serai cependant moins sévère que Rousseau, et je ne dirai pas, comme lui, qu’après avoir joué tant d’autres ridicules, Molière a voulu jouer dans cette pièce celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu. […] De là un caractère de Molière en opposition avec le spiritualisme cartésien de la plupart des grands écrivains du siècle de Louis XI v, de là l’origine et l’explication d’un certain nombre de traits comiques répandus dans quelques-unes de ses pièces, de là quelques maximes de sagesse plus en harmonie avec la morale de l’intérêt bien entendu qu’avec celle ’ du devoir.

129. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

« C’est la marquise de Rambouillet, dit Segrais, qui a introduit les appartements à plusieurs pièces de plain-pied, de sorte que l’on endroit chez et elle par une enfilade de salles, d’antichambres, de chambres et de cabinets. » Le grand cabinet ou salon était tapissé de velours bleu, encadré dans des bordures brochées en or. […] Il peignit dans une pièce de théâtre et sa passion et l’indifférence de celle qui en était l’objet ; mais il supprima ensuite les deux premiers actes, pour ne pas donner, dit-il, à la marquise le plaisir de voir ses malheureux amours décrits par lui-même. […] Et qui ne sait par cœur ces autres vers de la même pièce, La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles, ………………………………………………… Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre                Est sujet à ses lois, Et la garde qui veille aux barrières du Louvre                N’en défend pas nos rois ?

130. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Même ces pièces diverses portaient les noms des villes et des bourgs où elles avaient été représentées pour la première fois : Atellanæ fabulæ, les atellanes, du nom d’une ville élégante : Atella, située entre Naples et Capoue, au beau milieu des délices romaines. — Poésies fescéniennes, du nom d’une ville de la Toscane savante. On appelait des mimes, certaines pièces déshonnêtes dans lesquelles les comédiens, sans vergogne et sans honte, imitaient certaines poses indécentes. […] Le roi avait dans cette pièce la comédie de la coulisse, cette comédie qui se passe derrière le rideau, et que Molière a découverte, comme il les a toutes découvertes. […] À quoi sa femme lui répond comme une femme frivole et qui n’y voit pas plus loin : — Mais vous, vous savez la pièce, puisque vous l’avez faite. […] Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but, n’a pas suivi un bon chemin ?

131. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

  Et qu’on ne dise pas que Molière s’est laissé aller à cette indulgence dans les débuts de sa carrière, aveuglé par l’exemple de ses prédécesseurs et de ses contemporains, entraîné par la nécessité de nourrir sa troupe et de faire rire à tout prix : c’est en 1669, quand il a donné le Misanthrope, le Tartuffe, l’Avare, après Amphitryon, que l’imitation antique peut excuser un peu ; c’est enfin quand il est maître et roi de la scène, qu’il joue devant le roi la désopilante farce de M. de Pourceaugnac, chef-d’œuvre comique où, par malheur, les deux personnages intéressants, spirituels, actifs, les deux chevilles ouvrières de la pièce, sont la Nérine et le Sbrigani, qui se font réciproquement sur la scène cette apologie digne des cours d’assises : NÉRINE Voilà un illustre. […] Dans toute la suite de la pièce, le ridicule excellent dont est couvert M. de Pourceaugnac fait qu’aux yeux du spectateur Sbrigani a raison, toujours raison, dans toutes les entreprises de son infâme industrie ; et, à la fin, on est si bien pris au charme de cette joyeuse corruption, qu’on entend sans indignation chanter par toute la troupe : Ne songeons qu’à nous réjouir : La grande affaire est le plaisir257 ! C’est en 1671, dans toute la force de son génie, quand il ne manque plus à ses chefs-d’œuvre que les Femmes savantes et le Malade imaginaire, que Molière donne les Fourberies de Scapin, et qu’il exalte un héros de la même volée que Mascarille et Sbrigani, roi de la pièce d’un bout à l’autre, qui dresse les fils de famille à courir les filles258 et à insulter leurs pères259, qui vole plus effrontément que tous ses prédécesseurs260, avec un entrain si victorieusement comique qu’il est impossible à l’âme la plus ferme de résister au fou rire causé par le mulet et la galère 261, et de n’être pas, malgré tous les principes, enchantée de voir réussir ces admirables fourberies.

132. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Enfin parlant toujours d’Astres, et de Merveilles De Chef-d’œuvres des Cieux, de Beautés sans pareilles, Avec tous ces beaux mots souvent mis aux hasard, Je pourrais aisément, sans génie, et sans art, Et transposant cent fois et le Nom et le Verbe, Dans mes vers recousus mettre en pièce Malherbe. […] L’Ignorance et l’Erreur à ses naissantes pièces En habit de Marquis, en robes de Comtesses Venaient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau, Et secouaient la tête à l’endroit le plus beau.

133. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

En 1661, au château de Vaux, Molière venait de donner les Fâcheux, lorsque, entre un impromptu et une pièce de circonstance, l’idée lui vint d’écrire l’Ecole des Femmes. […] Si vous voulez le résumé de mon opinion en trois mots, le voici : Comme idée philosophique, je m’abstiens de juger; peut-être que je ne m’y connais pas; comme comédie, c’est douloureux et c’est amer; comme pièce enfin, comme drame, puisque c’est le mot générique, je trouve que c’est très dangereux parce que c’est très beau. […] La semaine dernière, on m’expliquait pourquoi une pièce, d’ailleurs très remarquable, n’avait pas obtenu au Théâtre-Français, cet hiver, tout le succès espéré. […] « Or vous avez, à l’heure qu’il est (c’est toujours Sancho qui parle), dix, vingt, trente, pièces —sur trente !

134. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Lui, l’homme du rire et du plaisir, il a su, dans quelques scènes étonnantes d’une pièce pleine de farces comme le Festin de Pierre, peindre la croyance en Dieu, l’amour de Dieu, la dignité, la nécessité de cette croyance et de cet amour. […] Voilà la charité chrétienne, bien différente de cette philanthropie ou de cette humanité au nom de laquelle don Juan fait l’aumône d’une pièce d’or, mais qui est entachée d’un vice irrémédiable, l’orgueil756. […] « À propos de ce mot humanité, qui n’était point d‘un usage populaire du temps où fut jouée cette pièce, Aimé Martin remarque justement que Molière, en l’employant, semble pressentir et critiquer à l’avance l’abus qu’en feront au commencement du siècle suivant les esprits forts, et à la fin de ce même siècle les scélérats qui ont fait de la guillotine l’instrument de leur politique. » Œuvres complètes de Molière, édition variorum de Ch. […] — Voir aussi comme défense et justification de celle pièce, la lettre sur la comédie de l’Imposteur, publiée le 20 août 1667, et dont Molière peut être regardé comme l’auteur.

135. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Il fit parler à M. de Montausier par quelques personnes... » Mais coupons court à ces détails, qui prêtent à Molière un rôle inconciliable avec la noblesse de son caractère, et arrivons au dénouement Montausier vit la pièce; sa colère se changea en reconnaissance; il trouva dans le Misanthrope « le caractère du plus parfaitement honnête homme qui pût être ; » il fut même d’avis que Molière lui avait fait trop d’honneur, et ils se séparèrent les meilleurs amis du monde3 L’authenticité de cette anecdote, plus piquante que vraisemblable, est contestée de la manière la plus formelle par M. […] La curiosité s’est aussi exercée sur les deux marquis de la pièce. […] On donnait la pièce en 1661. […] Bien qu’il faille un peu rabattre de ce jugement, pour la représentation de cette pièce, il est vrai de dire qu’en général on se montre un peu trop dédaigneux à l’endroit des interprètes modernes de l’ancien répertoire.

136. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Pourquoi, comme on l’a dit spirituellement, a-t-il engagé contre elle cette longue lutte aux nombreux épisodes, lutte qui va de sa première pièce, le Médecin volant, jusqu’à sa dernière, le Malade imaginaire, sinon par haine de l’école, de cette école qui semblait avoir caché tout son amour de l’autorité, et toute la susceptibilité du moyen âge, sous la robe de Gui Patin et de ses confrères ? […] Que les pièces de notre auteur aient exercé sur leur siècle une bonne ou une mauvaise influence, peu importe pour notre nouvelle recherche. […] « Je doute (dit Molière lui-même à propos des exigences excessives de quelques dévots), je doute qu’une si grande perfection soit dans les forces de la nature humaine, et je ne sais s’il n’est pas mieux de travailler à rectifier et adoucir les passions des hommes que de vouloir les retrancher entièrement (52). » Voilà le texte : le commentaire est dans ses pièces. […] Prenez ses pièces, en effet ; voulez-vous avoir son idée propre sur la manière dont il faut se conduire avec les femmes ; cherchez un juste milieu entre Sganarelle et Ariste, entre la sévérité par trop farouche de l’un, et la facilité par trop complaisante de l’autre. — Voulez-vous avoir sa théorie propre sur l’éducation ? […] Peut-être même est-ce en vain que vous parcourrez ses pièces.

137. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [33, p. 62] »

Le duc de Montausier* alla voir la pièce, et dit en sortant, qu’il voudrait bien ressembler au Misanthrope de Molière.

138. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [68, p. 104] »

À la fin de la pièce, ses transports de joie augmentant encore, ses voisins lui en demandèrent les motifs : Ah !

139. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [71, p. 105-106] »

Molière fut vengé de ce jugement du public, lorsqu’il donna cette pièce pour la seconde fois, le 9 septembre 1668.

140. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [64, p. 100-101] »

La pièce ayant eu l’approbation de tout Paris, on l’envoya à la cour, qui était alors au voyage des Pyrénées, où elle fut très-bien reçue.

141. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [16, p. 46-47] »

Un jour Molière, pour éprouver le goût de cette servante, lui lut quelques scènes d’une comédie de Brécour*, comédie qu’il disait être de lui : la servante ne prit point le change ; et après avoir entendu quelques pages, elle soutint que son maître n’avait pas fait cette pièce.

142. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [20, p. 49-50] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome II, p. 208 Huit jours après que le Tartuffe eut été défendu, on représenta à la cour une pièce intitulée Scaramouche hermite 164.

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